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Des Rwandais blanchis pour le génocide toujours en "prison"
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Des Rwandais blanchis pour le génocide toujours en "prison"
En février 2013, Justin Mugenzi a été blanchi de tout soupçon de participation au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.
Mais en raison d'un oubli dans le système pénal international, ce Rwandais de 75 ans, ancien ministre du Commerce, est virtuellement prisonnier dans une maison sécurisée d'Arusha, en Tanzanie, comme dix autres personnes.
C'est dans cette ville qu'est installé le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), mis en place par le conseil de sécurité de l'Onu pour juger les principaux responsables de ce génocide qui a fait 800.000 morts en à peine 100 jours.
"Ma femme et mes huit enfants sont tous belges", explique-t-il dans un restaurant de Dar es Salaam, après avoir déposé une troisième demande de visa pour la Belgique, rejetée quelques semaines plus tard. "Je n'ai pas d'autre endroit où aller".
Le sort de Justin Mugenzi, coincé dans un pays qui n'est pas le sien, constitue un problème humanitaire et un défi pour la justice pénale internationale, selon des spécialistes.
Il craint un retour au Rwanda, un pays dominé par l'ex-rébellion qui a mis fin au génocide et où son acquittement a été dénoncé lors de grandes manifestations. Mais aucun autre pays ne veut l'accueillir. Le gouvernement tanzanien tolère sa présence sous responsabilité de l'Onu.
Par certains accords avec des pays tiers, le TPIR a prévu la réinstallation de témoins et le placement en détention de personnes condamnées à l'étranger. Mais quand les tribunaux internationaux ont été créés au début des années 1990, personne n'a imaginé que certains acquittés ne pourraient ou ne voudraient pas rentrer chez eux.
Une faille qui pourrait miner leur crédibilité.
"Comment peut-on prendre le système au sérieux quand un homme peut être acquitté et puis se retrouver coincé dans une maison sécurisée de l'Onu?" demande Kevin Heller, professeur de droit criminel à l'École des études orientales et africaines de l'Université de Londres.
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