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Compensation salariale: le patronat brandit la menace d’endettement
11 octobre 2014, 13:41
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Compensation salariale: le patronat brandit la menace d’endettement
Chaque année, c’est l’éternelle problématique de la compensation salariale qui a cours. Entre les demandes syndicales pour une compensation indexée sur le taux d’inflation et la prudence affichée par le patronat face à l’endettement de plusieurs secteurs économiques, il revient en dernier lieu au gouvernement d’arbitrer. Pour le moment, face à la conjoncture électorale, le gouvernement sortant serait peu enclin à mécontenter les quelque 430 000 salariés du pays. Quitte à consentir à certaines largesses, qui pourraient demain lui coûter cher.
A l’issue de la réunion du comité technique, durant la semaine, le taux d’inflation pour l’année en cours a été chiffré à 3,7 %. Du coup, les représentants syndicaux vont batailler dur pour que le taux de la compensation soit calculé à partir de ce seuil. Une méthode que conteste le patronat en s’appuyant sur le fait que le taux d’inflation ne peut être le seul critère pour calculer le quantum de la compensation. «On ne peut lier la compensation uniquement au taux d’inflation. Il y a d’autres facteurs à prendre en considération pour mieux comprendre les réalités économiques dans lesquelles les entreprises sont appelées à opérer aujourd’hui», explique Vishal Ragoobur, économiste en chef à la Mauritius Employers' Federation (MEF).
Un point de vue partagé par Nitish Benimadhu, économiste et Head of Investment à Anglo-Mauritius. Il ne faut pas, dit-il, généraliser la performance économique de tous les secteurs du pays. «Il est vrai que tous ne sont pas logés à la même enseigne. Si le secteur financier réalisera une croissance de 5,4 % cette année, celui de la filière manufacturière ne sera que de 1,9 %. Du coup, obliger une entreprise à payer une compensation sur la base d’un taux uniforme n’est pas réaliste», analyse-t-il.
D’où l’idée d’un ciblage pour permettre aux entreprises qui en ont les moyens de payer plus que le taux recommandé. «Pour un magasin qui emploie une dizaine de personnes, le paiement d’un taux uniforme peut être financièrement difficile et entraîner des licenciements», dit Nitish Benimadhu. Et de proposer que les entreprises constituent un fonds pour y transférer 1% de leurs profits qui seront utilisés pour des lendemains difficiles, notamment pour permettre aux employés de bénéficier d’une compensation adéquate quand la compagnie est dans le rouge.
Ce postulat est loin de faire l’unanimité au sein des fédérations syndicales. Celles-ci avancent que les salariés méritent mieux qu’une compensation basée sur un taux d’inflation de 3,7 %. Les entreprises, insistent les syndicalistes, ont bien les moyens de payer plus.
La MEF n’est pas contre le principe d’une compensation salariale. Mais elle exige que celle-ci soit juste et raisonnable afin de ne pas porter atteinte à la vulnérabilité financière des entreprises locales. «La masse salariale dans le privé est de l’ordre de Rs 7,2 MDS par mois et 1 % d’augmentation équivaut à Rs 700 millions pour ce secteur», rappelle Vishal Ragoobur.
Par ailleurs, la MEF observe que la performance des principaux secteurs économiques est restée pour le moins modeste. Hormis l’agriculture, les services financiers et les TIC, qui vont afficher une performance raisonnable en 2014, les autres secteurs, dont celui du service manufacturier et le tourisme, entre autres, connaîtront une reprise difficile. Alors que le secteur de la construction poursuit sa phase de décroissance – moins 6,7 % cette année.
Au-delà de la performance en dents de scie de ces secteurs économiques, il y a l’emploi à préserver. Le nombre d’emplois créés a été insuffisant ces dernières années pour absorber les nouveaux venus sur le marché du travail, même si le taux de chômage a légèrement baissé à 7,8 % au deuxième trimestre, contre 8 % à la même période, l’année dernière.
Un autre facteur qui constitue une source d’inquiétude pour les opérateurs économiques est la faible productivité de l’industrie mauricienne. Alors que la compensation moyenne accordée aux employés de 2007 à 2013 a augmenté de 6,5 % au niveau du pays, de 6,7 % pour le secteur manufacturier et de 8,1 % pour les entreprises tournées vers l’exportation, cela ne s’est pas traduit par une hausse de productivité. Au contraire, explique la MEF, le coût unitaire de production a augmenté respectivement 4,2 %, 3,3 % et 2,2 %.
Reste à savoir si le consensus sera trouvé. Un deadlock pourrait être politiquement explosif dans le présent contexte électoral.
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