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Assurances funéraires: préparer sa mort au-delà du tabou

2 novembre 2014, 13:48

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Assurances funéraires: préparer sa mort au-delà du tabou

La mort n’attend pas, dit-on. Et dans beaucoup de cas, on ne la voit même pas venir. C’est ce qui explique que, jusqu’à tout récemment, une fois le décès survenu, c’était à la famille de s’occuper des obsèques, avec les coûts – et autres complications – que cela engendre. Mais les temps ont changé et ils sont très nombreux, de nos jours, à préparer leurs propres funérailles. Comment les Mauriciens envisagent-ils ce sujet resté longtemps tabou? Et quelles sont les offres qui leur sont proposées?

 

Contracter une «assurance» en vue de bénéficier d’une panoplie de prestations au moment de sa mort fait désormais partie de la norme. C’est ce que l’on confirme dans les entreprises de pompes funèbres locales. Alors qu’autrefois, on hésitait à préparer ses funérailles, voire même à envisager sa propre mort, aujourd’hui, le Mauricien n’hésite pas à franchir le pas d’une entreprise de pompes funèbres pour se renseigner et parer à toute éventualité.

 

Les entreprises de pompes funèbres n’ont pas tardé à s’adapter et à innover, de manière à satisfaire la demande et les exigences grandissantes du client, quant à leur futur «départ» ou celui de leurs proches. Les funeral schemes proposés peuvent se présenter comme un plan d’assurance, voire des packages prépayés. Packages et plans personnalisables à souhait afin de s’offrir les meilleurs services.

 

«On donne vie à la mort.» C’est ainsi que Jérôme Elie, directeur à Elie and Sons et responsable des funeral schemes, décrit le rôle que joue l’entreprise, sise à Beau-Bassin, lors des funérailles. Avec plus de 80 ans d’expérience dans le domaine des pompes funèbres, la compagnie a introduit en 2011 les funeral schemes à Maurice en se basant sur le modèle australien.

Si la première année suivant l’introduction de ces plans d’assurance a plutôt été une année de sensibilisation, très vite, les Mauriciens y ont adhéré. Tant et si bien que la compagnie compte environ 50 000 clients à Maurice. Les plans sont variés et le plus populaire, comme l’explique le directeur, est le plan familial. À Rs 300 par mois pour couvrir sept membres d’une famille (deux parents et cinq enfants, même majeurs), ce plan offre tous les services de base, à savoir le démarchage administratif, le transfert du défunt, l’embaumement, les marquises, le corbillard, des porteurs et des bus, entre autres.

 

«Notre but, c’est d’aider la population», précise Eric Elie, également directeur de la compagnie et responsable des opérations. La crémation, explique-t-il, fait partie des services offerts, et «peut-être qu’Elie and Sons se dotera bientôt de son propre crématorium, selon les normes australiennes. Le projet est actuellement à l’étude», souligne le directeur. 

 

Alors que le bûcher de bois est toujours en option, l’incinérateur est de plus en plus populaire. «On note que les Mauriciens se modernisent», explique Eric Elie. Il ajoute que cette pratique a transcendé la religion, au point où ce sont les clients eux-mêmes qui réclament la crémation. «C’est aussi une question de place: il y a de moins en moins de place dans les cimetières, ce qui fait que nous conseillons aux clients la crémation plutôt», affirme le directeur.

 

Parmi les plans proposés par Elie and Sons, l’un prévoit des rituels chrétiens et un autre propose un service spécialisé pour les hindous, avec pandit et palanquin. Un service que propose aussi Valère Undertakers, puisque, comme l’explique le responsable administratif, Ervin Vencatasamy, la majorité de leurs clients sont hindous.

 

Alors que les plans proposés par Elie and Sons revêtent la forme d’une assurance, ceux de Valère Undertakers s’apparentent plutôt à ce que l’on appelle ici une «société», comme le déclare le directeur de la compagnie incorporée depuis 2006, après être restée pendant longtemps un petit business familial. Celui-ci avait été créé en 1970 par Louis Alexandre Valère. Depuis 2012, Valère Undertakers proposent eux aussi des funeral schemes, ayant constaté que cette pratique était bel et bien entrée dans les mœurs des Mauriciens qui veulent se faciliter la vie en ayant recours à un service professionnel.

 

Ervin Vencatasamy précise que, contrairement au type d’assurance qui existe ailleurs, Valère Undertakers propose plutôt une sorte de package qui peut être personnalisé et dont le prix est fixé à l’avance. Alors qu’Elie and Sons n’offre une adhésion qu’après six mois – toutefois, avec l’actuelle promotion qui dure jusqu’au 15 novembre, l’adhésion est immédiate –, Valère Undertakers propose une adhésion immédiate sans période d’attente.

 

«Le client paie une somme tous les mois en fonction de ses moyens. Il n’y a pas un montant fixe à payer à vie», souligne le responsable administratif. En effet, une fois la somme fixée atteinte, le client cesse les paiements, sauf s’il y a un réajustement du prix en raison de la hausse du coût de la vie. 

 

Les plans proposés varient entre Rs 10000 et Rs 25000 et le client peut contracter le plan pour lui-même et pour six dépendants au maximum. «Nous ne cherchons pas à imposer quoi que ce soit. Nous voulons plutôt faciliter les choses. Par exemple, si un client a besoin d’un pandit, nous avons des contacts que nous lui proposons. Nous le mettons directement en contact avec l’officiant. Nous ne nous faisons pas plus d’argent en proposant un service de pandit additionnel», explique Ervin  Vencatasamy.

 

Les deux compagnies fabriquent elles-mêmes les cercueils. L’usine d’Elie and Sons se trouve à Plaine-Lauzun et peut fabriquer une centaine de cercueils par jour alors que l’atelier de Valère Undertakers, qui se trouve à New-Grove, crée, depuis quelques temps, des cercueils plus personnalisés. Par exemple, si le défunt était un jeune musicien, les ouvriers gravent des notes de musique sur le cercueil de sorte à mieux le différencier. La compagnie emploie une quinzaine de personnes. Du côté d’Elie and Sons, on ne comptait qu’une quinzaine d’employés en 2010, mais ce nombre est aujourd’hui passé à 200.