Publicité
La mer, prochaine industrie phare de Maurice?
Par
Partager cet article
La mer, prochaine industrie phare de Maurice?
D’aucuns l’ont surnommée l’économie océanique, d’autres encore l’économie bleue ou maritime. Toujours est-il qu’on en parle depuis des années. Sans pour autant apercevoir la crête de la vague. Mais il semblerait que le nouveau gouvernement soit bien décidé à remonter ce potentiel casier à revenus du fond des océans. À tel point qu’un ministre de l’Économie océanique a même été nommé, en la personne de Prem Koonjoo. Qu’est-ce qui explique cette démarche? Est-ce vraiment une bonne idée de s’appuyer sur la mer? Quid des impacts sur l’environnement marin? Tour d’horizon.
Il faut savoir que l’économie océanique englobe toutes les activités liées, de près ou de loin, à la mer, justement. Parmi elles, celles qui contribuent déjà au produit intérieur brut (PIB), et qui ont trait au port, au tourisme côtier et à l’industrie de la pêche. Mais d’autres doivent encore voir le jour ou se faire une plus grande place au soleil. Dans ces catégories, l’on retrouve l’aquaculture, la production d’eau potable, la thalassothérapie, la biotechnologie et la pharmaceutique, entre autres.
D’autant plus que l’idée de surfer sur la vague de l’économie océanique est née, il y a dix ans. Lorsqu’une taskforce, dirigée par le Dr Arjoon Suddhoo, directeur du Mauritius Research Council (MRC), a été mise sur pied. Ce dernier explique que «le fait qu’il y ait un nouveau ministère pour s’occuper de ce pilier spécifique envoie un message fort quant à la volonté que les choses progressent à ce niveau».
Pour lui, l’économie bleue représente le futur du développement, ce qui rend son avancement indispensable. Il souligne que le MRC est principalement concerné par la recherche dans le domaine océanique, qui s’effectue à travers un Ocean Technology Incubator. Ainsi, la recherche se focalise surtout sur les énergies maritimes renouvelables telles que les vents marins et les vagues.
Par ailleurs, des documents obtenus auprès du Board of Investment (BOI), datant de 2013, stipulent que l’économie océanique devrait contribuer au PIB à hauteur de 14% en 2015 et à hauteur de 17% d’ici 2020. Il était également prévu que l’industrie de l’océan génère 3 000 nouveaux emplois cette année.
L’eau de la mer comme réfrigérant pour climatiser bâtiments et immeubles
Mais force est de constater que jusqu’ici, un seul projet s’inscrit dans la lignée des activités liées à l’ocean economy. Il s’agit de l’installation future d’un système de Sea Water Air Conditioning (SWAC), procédé d’échange thermique où l’eau de la mer, puisée à 1 000 mètres, est utilisée comme réfrigérant pour climatiser les bâtiments et immeubles installés à proximité de l’océan.
Ce projet, qui coûtera Rs 4 milliards, vise 51 sites sis dans la capitale, notamment les immeubles et autres espaces d’activités, à partir d’un réseau de distribution de froid installé sur un parcours de 5,5 km. Le système permettra d’économiser environ 25 MW d’électricité, et, dans la foulée, Rs 200 millions par an, relativement à l’importation d’énergie fossile.
L’initiative est à mettre à l’actif de Sotravic. «En juillet 2014, la compagnie a obtenu l’autorisation de principe des autorités pour sa réalisation et les études bathymétriques fines (NdlR, visant à sonder les profondeurs marines), en vue de la mise en place de ce système en mer, débuteront bientôt en offshore», souligne Pierre Ah Fue, président et fondateur de la compagnie. En attendant, l’étude sur l’impact environnemental, initiée en octobre 2014, est en cours.
De plus, la compagnie est en relation avec les futurs utilisateurs du système et évalue les systèmes de climatisation actuels des bâtiments qui devraient être connectés au SWAC. «Notre objectif est de pouvoir démarrer les travaux pour l’installation de ce système SWAC au début de 2016 et commencer à fournir l’air conditionné marin aux bâtiments avant la fin de 2017», ajoute Pierre Ah Fue.
2,3 millions de km2 de surface maritime exploitable
Pour encourager d’autres compagnies mais également des investisseurs étrangers à miser sur la mer, des discussions autour de l’ocean economy ont été relancées cette semaine, avec l’arrivée d’une délégation chinoise à Maurice. Le ministre de tutelle, Prem Koonjoo, préfère cependant ne pas commenter ces discussions pour l’instant. Il ne souhaite pas se mouiller non plus quant aux chances qui existent pour que ce secteur décolle.
N’empêche que Xavier-Luc Duval, Premier ministre adjoint et ministre duTourisme, est pour sa part persuadé que l’économie bleue sera un secteur porteur. «L’île Maurice est redevenue la clé et l’étoile de l’océan Indien», lance-t-il avec enthousiasme. Plusieurs facteurs viennent étayer selon lui cette vision optimiste. Dont la reprise du trafic maritime dans la région, le trafic étant trop dense du côté du Canal de Suez. «Avec 35 000 bateaux en circulation, on se rend compte que celui-ci est trop congestionné», fait ressortir le ministre du Tourisme. De plus, les économies de l’Inde et de la Chine sont en pleine effervescence, ce qui fait que la route vers la Grande péninsule, en passant par le Cap de Bonne Espérance, a connu un regain de popularité. Tout cela augure de belles choses pour Maurice, précise-t-il.
En ce qui concerne l’exploitation des eaux territoriales, Anil Gayan, en sa capacité d’avocat spécialisé en droit maritime, souligne que le territoire mauricien s’étend sur 12 milles marins. Puis, il y a la zone économique exclusive qui s’étend sur 200 milles marins, soit 1,9 million de km2. Au total, notre île dispose de 2,3 millions de km2 de surface maritime exploitable. Au-delà de 350 milles marins, c’est l’International Seabed Authority qui a juridiction. Les droits économiques sur le sol marin permettent le forage, la prospection, l’exploitation et la commercialisation de pétrole ou autre carburant.
Publicité
Les plus récents