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Darsheenee Ramnauth : humaniste jusqu’au bout des ongles
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Darsheenee Ramnauth : humaniste jusqu’au bout des ongles
Démocratie, gouvernance, droits humains, élections… Nouvelle observatrice du département des affaires politiques de l’Union africaine (UA), Darsheenee Ramnauth se doit d’avoir l’œil. Et d’être attentive à la moindre évolution de la carte géopolitique africaine et aux potentielles atteintes aux droits de l’homme sur le continent…
Elle travaille au sein d’une des trois divisions du département des affaires politiques de l’institution africaine, basée en Éthiopie. Les deux autres sont dédiées à la démocratie et à l’assistance électorale, ainsi qu'à l’unité des affaires humanitaires et des personnes réfugiées.
«Je suis très enthousiaste par rapport à ma nouvelle profession. J’ai toujours voulu exercer dans le domaine de la diplomatie. Cela répond également à ma passion pour les droits humains, qui sont, à mon avis, à chaque carrefour de nos vies », confie Darsheenee Ramnauth. Le rôle de la Mauricienne, maintenant basée dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, est de participer à des missions dans divers pays africains.«Celles-ci sont notamment focalisées sur les élections, sur des ateliers de travail, des rapports et des conférences liés à la situation au niveau des droits humains et la gouvernance dans ces pays», précise-t-elle.
Âgée de 25 ans, Darsheenee Ramnauth a grandi dans le village de Roches-Noires, aux côtés de son père Ramkrit, spécialisé dans le fret, sa mère qui gère un petit restaurant, et ses deux sœurs, Nivedita et Mokshada, étudiantes. Ancienne Head Girl du collège Dr Maurice Curé, la Mauricienne se classe treizième dans la section artistique aux examens du HSC et décroche une bourse d’études en 2007. Après avoir entamé son cursus universitaire en Inde où elle décroche une maîtrise en psychologie de l’Université de Delhi, la jeune femme entame une maîtrise de droit à l’Université de Pretoria, qu'elle obtient en 2014.
Choc climatique
En Inde, Darsheenee Ramnauth essaie de s’adapter à un nouveau climat, qui constitue pour elle un véritable choc. Dans la grouillante ville de Delhi, la température oscille entre 1 et 48 degrés, en hiver comme en été. «De plus, comme j’habitais dans une région côtière à Maurice, cette connexion avec la nature me manquait beaucoup», confie la jeune femme. Les différences culturelles étaient également perceptibles : «Par exemple, dans les lieux publics, les regards des hommes seraient braqués sur vous si vous portiez une robe au-dessus des genoux.»
Le troisième obstacle qu’elle devait braver était la rude compétition à l’université. «Tout ce qui me trottait en tête, c’est que je ne pouvais pas faire marche arrière. Si je le faisais, cela montrerait que je ne peux m’adapter ni relever des défis.»
Parallèlement, Darsheenee Ramnauth a effectué un stage à INDIAFRICA, un projet conjoint de la division de la diplomatie publique du ministère des Affaires étrangères et de l’entreprise de design et de communication Ideaworks. L’objectif de ce projet est de rapprocher les jeunes des deux nations à travers une diversité d’activités comme des échanges culturels, entre autres. Un autre stage au sein du département de santé mentale du Fortis Escorts Heart Institute s’avérera très productif pour la Mauricienne, dont l’engouement pour la psychologie et la diplomatie internationale ne cesse alors de croître.
De 2008 à 2013, Darsheenee Ramnauth s’attelle à son programme d’études spécialisées dans ces domaines. Puis, elle rentre à Maurice et devient assistante de recherche au Mauritius Institute of Education (MIE). Elle occupe ce poste jusqu’en décembre 2013, puis obtient une nouvelle bourse du German Academic Exchange Service. Cette institution lui permet d'entamer une maîtrise en droit en Afrique du Sud.
«Dans ce pays, la question sécuritaire est bien sûre primordiale, mais il fallait simplement prendre des dispositions pour être en sûreté et ne pas s’aventurer seul dehors», indique notre interlocutrice.
Projets humanitaires
Pendant ses études, la jeune femme accomplit des travaux de traduction et enseigne dans une école primaire après ses heures de cours, ce qui lui permet de maintenir le contact linguistique avec le français. Elle s’investit parallèlement dans les projets humanitaires, dont le Global No Poor, une recherche sur la pauvreté en Inde. Celle-ci était chapeautée par l’Université d’Oxford et le Centre for Development Studies, qui fait partie de la Delhi School of Economics.
«J’ai fait des recherches sur les conditions des habitants des bidonvilles en Inde. Les conclusions démontraient que les habitants vivaient dans des conditions inimaginables ! De plus, très peu d’enfants étaient scolarisés et, en dépit de l’existence de structures visant à l’allègement de la pauvreté, il n’y avait pas les résultats escomptés. En fait, les gens ignoraient leurs droits et ne savaient pas vers quelle instance se tourner pour toute assistance.»
En Afrique du Sud et en Ouganda, où elle a séjourné pendant six mois, Darsheenee Ramnauth travaille aussi comme assistante de recherche. Elle a notamment effectué une analyse sur le mariage infantile en Afrique. «Il était observé que cette pratique était fréquente au sein des communautés en Gambie, au Mali et en Somalie. Ce phénomène découle des barrières culturelles, des systèmes de croyance et de l’analphabétisation, entre autres», précise la jeune femme. Dans la même veine, Darsheenee Ramnauth vient de compléter un projet sur le genre et le droit pour l’United Nations Women Uganda.
Son passage en Ouganda a également été marqué par des stages qui lui ont permis de travailler auprès de réfugiés au Congo, au Soudan, en Éthiopie et en Érythrée. «J’assistais Sheila Keetharuth, rapporteur spécial des Nations unies, à la clinique des droits humains en Érythrée. Ceci dans le cadre de ses observations au Comité des droits humains des Nations unies et du Comité sur les droits des enfants.»
Elle a également suivi des formations avancées sur la recherche sur le genre ou encore le droit. En mai 2014, elle a représenté le continent africain lors de la Human Rights Global Classroom, à Venise, en Italie. Un rapport a été rédigé suite à l’évènement et envoyé au United Nations Human Rights Council.
Autant d’initiatives qui lui ont permis de cultiver sa passion pour les droits des hommes. «Venant d’un pays non conflictuel, mes études et mes travaux sur le terrain ont changé ma perception des choses. L’exposition à la pauvreté extrême et aux violations des droits humains peut être dure au quotidien. Cela dit, je voue une véritable passion pour le droit et un engagement envers la cause humanitaire.» Les prochaines étapes pour la spécialiste en droits humains : parfaire ses connaissances dans sa nouvelle carrière et entamer un doctorat.
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