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Renga Sanassy: combattre la pauvreté par la pension

2 mars 2015, 14:23

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Renga Sanassy: combattre la pauvreté par la pension

«Le plan de pension est un atout aujourd’hui. C’est un investissement essentiel pour que les gens puissent avoir des ressources nécessaires et continuer à vivre à l’âge de la retraite. Car bien souvent, ils sont contraints de se fier aux pensions gouvernementales et n’arrivent pas à joindre les deux bouts.» Renga Sanassy sait de quoi il parle. Employé au sein de Postes Canada, ce Mauricien de 49 ans est responsable de la supervision du centre de pension de retraite de l’établissement.

 

Le centre en question propose plusieurs types de régime. Renga Sanassy est attaché au département des prestations déterminées. Celles-ci sont fondées sur une formule prédéterminée qui considère les gains et les années de service de l’employé par rapport à son droit de pension.

 

Ces prestations sont financées par les cotisations des employés réguliers et syndiqués (qui ne font pas partie du management) et de l’employeur qui sont investies mondialement. Elles sont administrées par Postes Canada. «Lorsqu’un employé souscrit à un fond de pension, il bénéficie d’une réduction en termes d’impôts sur sa contribution. Cela présente un bon avantage», explique-t-il.

 

Quant aux autres plans de pension, elles incluent des cotisations des employés du management et syndiqués, ainsi que de l’employeur. Par contre, ici, l’administrateur sera une compagnie d’assurances qui se chargera alors des investissements. Au sein de l’unité des prestations déterminées, le Mauricien gère une équipe de neuf employés. «Nous devons définir des communications avec les adhérents, les bénéficiaires et les survivants, c'est-à-dire la famille d’un employé qui serait décédé pendant ses années de service. Dans ce cas, une partie de sa pension est reversée à son épouse et ses enfants», indique Renga Sanassy.

 

Divorce et handicap : de sérieux enjeux professionnels

 

Dans la même veine, le Mauricien offre une assistance aux membres du régime de retraite dans les démarches de souscription, les explications des diverses options, les estimations, ainsi que pour des difficultés spécifiques. «Par exemple, imaginez un divorce après dix ans de vie commune pour deux de nos employés. La période contributive constitue un bien matrimonial. Nous assistons le couple dans la division de leur pension», ajoute-t-il.

 

L’assistance est également de mise dans des situations de handicap d’un membre du personnel, qui peut faire une demande de pension spécifique après application auprès d’une compagnie indépendante. «Des situations de divorce et de handicap pour les membres posent de sérieux enjeux dans ce travail», indique-t-il.

 

Cela fait cinq ans que RengaSanassy occupe ce poste. À ce jour, le Canada Post Pension Centre compte 80 000 membres. «La pension est devenu aujourd’hui un bien familial. C’est un investissement pour l’avenir », soutient le Mauricien, qui vit à Ottawa, région de l’Ontario et capitale fédérale du Canada.

 

Immigré au Canada depuis 2004, Renga Sanassy est originaire de Montagne-Longue. Cette région qui l’a vu grandir lui remémore bien des souvenirs. «Nou ti bien miser. Pa ti ena savat pou mett dans lipye. Kan al lekol primer, nou ti pe fye lor soulye boka, lor bidon dile ek dipin fromaz ki gouvernma ti pe done sa lepok la. Enn sans ki kolez ti gratui, ler la monn reusi gagn enn ledikasyon», raconte-t-il.

 

Après le collège, Renga Sanassy obtient un travail comme graphiste et Layout Artist : «J’ai travaillé dans diverses imprimeries afin de réaliser des affiches, des livrets, des livres et des magazines». Au bout de trois ans, il change de domaine. Nous sommes alors en 1990. Le Mauricien rejoint la force policière, et devient constable au poste de police de Roche-Bois.

 

Après quelques temps, il est également affecté à la Special Mobile Force et à la Police Information and Operations Room. Il prend parallèlement une année sabbatique pour effectuer une formation afin d’obtenir un certificat en imprimerie à l’Industrial Vocational Training Board. En 1998, il se marie à Anna Naidu, qui est actuellement International Parcels Tracer à Postes Canada. Il emménage alors pour Coromandel et Pointe-aux-Sables. De leur union sont nés deux enfants, Saivani, 15 ans et Rajessen, 13 ans.

 

Professionnellement, Renga Sanassy renoue avec le graphisme au sein de la force policière. Ainsi, de 2001 à 2003, il assure la coordination et assiste le graphiste dans la conception du magazine de la police, notamment l’édition consacrée au jubilé d’or.

 

Expérience canadienne exigée

 

Après quatorze années de service, Renga Sanassy et sa famille décident de quitter Maurice pour le Canada dans l’espoir d’y trouver de meilleures perspectives d’emploi. «C’est également un pays multiculturel avec une bonne harmonie des peuples», confie-t-il. Son arrivée est marquée par une rude adaptation. «Je me souviens des débuts. C’était très difficile. Heureusement, ma formation militaire m’a été des plus utiles, notamment pour l’adaptation de ma famille et aussi pour braver les grands froids hivernaux », souligne-t-il.

 

En effet, l’hiver est rude avec des températures allant jusqu'à -40 et des fortes neiges. Néanmoins, le Mauricien et sa famille découvrent Ottawa, une ville des plus calmes et propres, et surtout une population très amicale. Selon lui, il y aurait environ une cinquantaine de familles mauriciennes immigrées à Ottawa.

 

Une fois son installation complétée, Renga Sanassy se met en quête d’un emploi. Dans cette optique, il se tourne vers des organisations de soutien, à l’exemple de la Catholic Immigration Centre. «Ces associations assistent les immigrants, notamment au niveau des documents professionnels et de la préparation des entretiens d’embauche. Ce sont des structures qui vous guident, mais il faut aussi se frayer son propre chemin. Les gens au Canada ne vous connaissent pas, car ce pays est bondé d’immigrants», précise notre interlocuteur.

 

Ses démarches aboutissent après quelques semaines. Renga Sanassy devient agent de sécurité : «J’étais policier à Maurice et là, j’exerçais dans la sécurité. Ce n’était pas une grosse transition. Je ne pouvais me préparer pour un emploi avant de quitter Maurice, ne connaissant personne au Canada. De toute manière, quand on arrive ici, il faut se préparer à commencer par le bas de l’échelle. Et puis, où que vous alliez, l’expérience canadienne était exigée».

 

Renga Sanassy travaille à la sécurité pendant deux ans et demie. Puis, il rejoint Postes Canada. Parallèlement, le Mauricien a repris les études à temps partiel. Il a notamment suivi un programme spécialisé d’Archives and Records Management au collège Algonquin, à Ottawa, et en administration des régimes de retraite au Humber College de Toronto, en 2013 et 2014. Des formations ont été particulièrement utiles dans son métier au quotidien, indique-t-il.

 

«Les législations permettent aujourd’hui à tout un chacun de créer un plan de pension. Ceci est un bénéfice pour les employés, surtout pour la planification du futur, pour sécuriser les gains à venir et aussi pour attirer les meilleurs effectifs», confie le superviseur de Postes Canada. 

 

Ce dernier souhaiterait contribuer à une reforme similaire à Maurice : «Il est primordial que Maurice se dote d’un système permettant aux employés d’accéder à des fonds au terme de leur vie professionnelle. Par exemple, on pourrait créer des espaces contributifs et d’investissements dédiés à cela. Récemment, une institution internationale a assisté le Kenya pour la mise en place d’une telle réforme. En fait, avec une telle application, toute la population mauricienne ainsi que le gouvernement seraient gagnants ».

 

Selon lui, les plans de retraite sont appelés à évoluer très rapidement au plus fort de la mondialisation. Ceci vient du fait que le système actuel ne permet pas aux retraités de vivre aisément ou encore de pouvoir s’installer en maison de repos si besoin est. «Si des structures étaient mises en place, rien qu’en épargnant ne serait-ce que Rs 20 par semaine, cela aiderait nos aïeux dans leur futur, et simultanément, cela contribuerait à éliminer la pauvreté », affirme RengaSanassy. 

 

Lui-même, qui a vécu cette situation, en sait quelque chose : «On peut être pauvre, avoir bien des difficultés, mais il faut avoir la volonté de s’en sortir. En travaillant honnêtement et en faisant les efforts, on peut y arriver ».

 

Outre sa passion pour les pensions, le spécialiste des plans de retraite est parallèlement membre de la Mauritius Ottawa Cultural Association. Cette organisation, qui regroupe une centaine de membres, met en valeur la culture mauricienne à travers des activités sociales et éducatives, et encadre les compatriotes immigrant au Canada dans leur intégration.

 

Féru de cyclisme, une des activités phares au Canada, Renga Sanassy s’intéresse également au domaine des assurances. «À l’avenir, j’aimerai bien explorer cette filière», conclut-il.