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Drogues synthétiques: au moins trois ados finissent à Brown-Séquard chaque semaine

19 juin 2015, 20:28

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Drogues synthétiques: au moins trois ados finissent à Brown-Séquard chaque semaine

 

Avec une petite dose, c’est l’extase pendant au moins trois heures, affirme un consommateur de C’est pas bien, une nouvelle drogue de synthèse. Les drogues synthétiques, qui ont inondé le marché mauricien depuis quelque temps, sont extrêmement puissantes, mais aussi beaucoup moins chères que le cannabis, par exemple.

 

Pas difficile à dénicher, ces stupéfiants font fureur à Maurice au point de concurrencer les drogues «traditionnelles». Pourtant, elles sont extrêmement dangereuses. Chaque semaine, au moins trois à quatre consommateurs réguliers de moins de 20 ans sont emmenés dans un centre de santé, confient plusieurs sources dans le milieu médical.

 

Comas, délires, agressivité, hallucinations interminables…

 

«Certains jeunes patients sont transportés d’urgence à l’hôpital, inconscients. D’autres présentent, sur le long terme, un syndrome confusionnel, de l’agressivité ou des hallucinations», témoigne un médecin qui est en contact régulier avec ces patients à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard. «Ils passent par une phase de délire et parlent de connexion mystique», ajoute-t-il.

 

Le plus inquiétant, c’est que certains consommateurs de ces drogues synthétiques «frôlent la mort», indique le médecin. Ils plongent dans le coma après en avoir consommé. «Des patients ont dû être placés sous respiration artificielle», précise-t-il.

 

Composantes inconnues

 

Est-ce toujours le résultat d’une overdose ? «Non», affirment les travailleurs sociaux et les médecins. «Pas besoin d’overdose pour qu’un patient se retrouve dans cet état. Ce sont les effets directs liés à la prise de ces narcotiques, et cela dépend de la résistance de la personne», poursuit notre source.

 

Le plus gros problème pour le personnel soignant, c’est que personne ne sait ce que contiennent les produits consommés par leurs patients. D’où la difficulté de leur administrer un traitement. Les médecins sont alors appelés à traiter uniquement les symptômes de ces «bad trips» ravageurs.

 

«Dans certains cas, je connais des médecins qui ont utilisé de la Naltrexone, un médicament normalement utilisé chez ceux souffrant d’une overdose à l’héroïne. Il renverse les effets. Les médecins ont trouvé que cela marchait chez les patients ayant consommé des drogues de synthèse», affirme une autre source.

 

«C’est pas bien»

 

Le tout dernier-né des drogues de synthèse à Maurice s’appelle, ironiquement, «C’est pas bien». Ce produit, bien moins cher que les drogues dures, court les rues depuis plusieurs mois déjà. Sa cible : des jeunes de moins de 20 ans. Or, ses effets néfastes sont encore plus surprenants. Face à cette situation, les travailleurs sociaux et le personnel soignant des hôpitaux privés et publics s’avouent dépassés.

 

Nono (prénom fictif), un jeune qui a essayé le C’est pas bien plusieurs fois, affirme avoir acheté une dose de cette poudre à Rs 250. En compagnie de deux amis, il mélange le contenu d’une cigarette à une petite dose de C’est pas bien. Le tout, enroulé dans du papier.

 

Extase de trois heures

 

«Nous avons tiré trois taffes chacun et nous sommes restés en extase pendant trois heures», relate Nono. «La sensation que procurent les drogues dures n’est rien à côté du C’est pas bien. Si une seule personne fume toute la cigarette, c’est la mort garantie !»

 

Cette drogue de synthèse, qui ressemble à du poivre noir, a un parfum qui rappelle celui de la fraise, déclare Nono. «Elle attire, mais les bouffées sont dégoûtantes. Selon ce que j’ai appris, cette drogue contient du poison contre les rats et les insecticides», ajoute-t-il.

 

Aucune saisie de «C’est pas bien» jusqu’ici

Contrairement aux Black Mamba, Stavia,  White Widow et  «Champignon», la drogue C’est pas bien n’a pas encore été fichée par les autorités, expliquent les travailleurs sociaux. «Nous savons que cette drogue existe, mais il est impossible de dire ce qu’elle contient. La police ne l’a pas encore saisie pour des examens en laboratoire», avance Imran Dhanoo, travailleur social au centre de désintoxication Idrice Goomany.

 

Ce dernier affirme que les personnes sous l’influence des drogues de synthèse ont, dans la plupart des cas, commencé par consommer de l’alcool ou des cigarettes avant de passer aux drogues dures. Pour se tourner après vers les médicaments comme la Prégabaline ou d’autres qui servent à traiter les malades souffrant d’épilepsie.