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Questions à Jean-Maurice Mamet, chronométreur. «L’informatique est là pour nous faciliter la tâche»

9 juillet 2015, 12:57

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Questions à Jean-Maurice Mamet, chronométreur. «L’informatique est là pour nous faciliter la tâche»
Sa silhouette est familière et hante les aires d’arrivée de plusieurs événements sportifs. C’est dans ce théâtre que Jean-Maurice Mamet s’applique à faire le trait d’union entre effort des participants et sa traduction sur la trame du temps : les résultats. Passionné autant d’informatique que de sport, cet ancien sprinter sait l’importance de ce verdict final pour les différents acteurs d’une compétition et fait tout son possible pour les afficher dans les plus brefs délais.
 
Vous êtes un ancien athlète, spécialiste de sprint. Votre fils Matthieu s’est fait un nom dans le triathlon. Est-ce cette proximité avec les résultats sportifs qui vous a fait franchir le pas qui sépare le passionné de l’essentiel, le chrono, ce verdict final ?
– J’ai initié Matthieu très tôt au sport et il s’est illustré en triathlon, duathlon, cross, trail et cyclisme. J’ai toujours été très proche des chiffres et j’aimais bien collecter ses résultats, les analyser et les comparer. J’avais aidé au chronométrage de quelques trails. Mais le réel élément déclencheur a été le Championnat d’Afrique de VTT qui s’est tenu à Maurice en mai 2012. La Fédération mauricienne de cyclisme (FMC) avait fait venir une équipe sud-africaine pour le chronométrage et, les voyant à l’œuvre, nous – mon ami et collègue Jean-Paul Le Blanc et moi –, nous sommes dit : «Pourquoi pas nous ?» Nous avons travaillé de concert pour développer un petit logiciel qui est maintenant utilisé dans pas mal de compétitions : trail, triathlon, marathon, cross, VTT, cyclisme (CLM) et, depuis peu, pour la natation en eau libre. Mais je reste un sportif avant tout et à chaque départ de trail, mes jambes me titillent.
 
Être chronométreur aujourd’hui ne se limite plus à tenir un chronomètre en main…
– Comme précisé plus haut, c’est un logiciel et il requiert donc l’utilisation d’un ordinateur (NdlR : laptop). Le chrono, la plume et la feuille de papier sont toujours là comme moyen de contrôle en cas de pépin. Une caméra filme l’arrivée en permanence pour régler les cas de litige. Nous arrivons à gérer ainsi plus de mille concurrents lors de certaines grosses courses – Royal Raid, Dodo Trail, Moka Trail. Parallèlement, les résultats sont affichés sur écran TV et accessibles aux sportifs à peine la ligne d’arrivée passée et/ou imprimés et affichés quelques minutes plus tard.
 
Comment est-ce que l’informatique a révolutionné la chronométrie ?
– L’informatique est là pour nous faciliter la tâche. Encore faut-il savoir l’utiliser à bon escient. Prendre le temps de 1 000 coureurs sur trois ou quatre courses qui arrivent en même temps avec dans chaque course quatre, cinq ou six catégories… Je n’ose imaginer le faire manuellement. Avec le nombre croissant de participants, les organisateurs ainsi que les sportifs veulent les résultats rapidement. On n’a pas vraiment le choix.

«Nos courses s’internationalisent et nous nous devons d’être à la hauteur de l’événement.»

L’informatique et la géolocalisation répondent-elles de façon adéquate aux besoins des organisateurs, aux exigences des compétiteurs, aux contraintes des médias et au confort des animateurs-speakers et spectateurs ?
– À Maurice, dans ce domaine, nous ne sommes pas encore à la géolocalisation, qui permet de suive des courses live à distance sur Internet ou à la télé, à l’instar des deux récentes courses qui se sont déroulées en Afrique du Sud, le Cape Epic et le Iron Man à Port-Elizabeth ou encore comme chaque année sur le Tour de France. C’est un plus indéniable pour suivre un ou plusieurs athlètes durant une longue course sans pour autant devoir bouger de chez soi. Spectateurs et animateurs y trouvent leur compte. Cela représente cependant un gros coût pour les organisateurs…
 
Même si la gestion des résultats est au cœur de l’événementiel, la finalité reste le captage des données et le calcul des résultats, la possibilité de communiquer rapidement le temps officiel et le temps réel donnés à chaque concurrent et d’établir le classement scratch et par catégorie au fur et à mesure des arrivées…
– C’est exactement cela. Je pense que nous arrivons à le faire correctement et dans un délai fort appréciable, au grand plaisir des sportifs qui, dans la grosse majorité, sont satisfaits. Ils ont leur temps, leur rang, le classement général à peine la ligne d’arrivée franchie. Les animateurs, lors de grands événements, en ont aussi pour leur compte et voient leur travail facilité par ces infos «en direct».
 
Pour vous chronométreur, qu’est-ce qu’une gestion réussie des résultats ?
– La satisfaction des coureurs, des animateurs, des organisateurs et des journalistes avant tout. Mais plus concrètement pouvoir finaliser les résultats à peine le dernier coureur passé et les poster sur Internet/facebook, diminuer au minimum l’attente des résultats.
 
Est-elle la même pour tous les sports ou varie-t-elle en fonction des disciplines ?
– En ce qui me concerne, oui. Le but est toujours de fournir les résultats dans les plus brefs délais quelle que soit la course. Le sportif a des attentes et notre équipe essaye d’en combler une. Comme je parle d’équipe, je tiens ici à remercier ma femme Valérie ainsi que Caroline Le Blanc qui sont toujours présentes pour m’épauler lors de ces événements.
 
Est-ce que la chronométrie informatisée est en train de faire son petit bonhomme de chemin à Maurice ?
– Certainement. Les organisateurs se voient avec une grosse épine retirée de leur pied en nous confiant la gestion de l’arrivée et des résultats. Certaines grandes courses utilisent même des puces électroniques pour chronométrer leur coureurs – Ferney Trail, 100 km anou pédaler – et ce depuis plusieurs années déjà.
 
Révolutionne-t-elle le paysage sportif ?
– Cela apporte un plus évident. Nos courses s’internationalisent et nous nous devons d’être à la hauteur de l’événement. À Maurice, nous en sommes au tout début, cela va encore évoluer. Espérons-le.
 

 
PORTRAIT
 
Entre sport et informatique
 
La cinquantaine bien sonnée, Jean-Maurice Mamet compte trente-deux ans de bons et loyaux services à la Mauritius Commercial Bank (MCB) dont la majeure partie passée dans le secteur informatique. Il est marié à Valérie et père de Matthieu, 21 ans bientôt. Ancien sprinter dans les années 80, reconverti au VTT dans les années 2000 puis au trail depuis 2003, Jean-Maurice Mamet a eu le privilège de participer au premier Royal Raid (90 km) en 2006. Il avait pris la 22e place au général et terminé sixième Mauricien en 13h15.