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Natation - Questions à Olivia de Maroussem : «La natation c’est une manière de m’exprimer»

15 juillet 2015, 12:47

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Natation - Questions à Olivia de Maroussem : «La natation c’est une manière de m’exprimer»
Sélectionnée pour la deuxième fois consécutive pour les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), Olivia de Maroussem évoque les difficultés qu’elle a rencontrées après l’édition seychelloise en 2011. Et revient sur son retour en forme après ses retrouvailles avec Benoît Gratteplanche, qui avait été son coach au CNQB avant qu’elle ne quitte Maurice pour ses études en Europe. Heureuse de voir que des jeunes s’imposent en natation à Maurice, la double médaillée d’or aux Seychelles affirme que cette discipline est aussi pour elle un moyen de s’exprimer.
 
Vous nagez depuis quelques années en Europe. Comment cela s’est-il passé ?
– J’ai quitté Maurice en 2012, juste après mon bac, pour aller étudier à Nice et pour nager. Cela ne s’est pas très bien passé et, du coup, après ça, j’ai arrêté de nager après six mois. Pour blessures et autres raison de santé. J’ai recommencé en suite petit à petit à nager, en Suisse. Et là je nage un peu comme je peux depuis cette année à Bordeaux, où je fais mes études de Droit (NdlR : elle détient depuis peu un DEUG en Droit).
 
Vous qui avez été médaillée d’or aux derniers JIOI, pensez-vous qu’il est facile de s’entraîner en Europe ?
– Je trouve que quand on sort de Maurice, évoluer en Europe, c’est très, très difficile. On sort de Maurice, on est un petit groupe de nageurs. On est très choyé. Quelque part on est les meilleurs nageurs ici et on arrive dans un bassin – en l’occurrence français pour moi – où il y a une densité énorme. Et sortir la tête de l’eau parmi tous ces autres athlètes, c’est très difficile. Donc, moi cela ne m’a pas aidé du tout. Cela ne m’a pas aidé à évoluer. Ce n’est qu’à partir de cette année que j’ai pu améliorer mes temps d’il y a quatre ans quand je nageais encore à Maurice. Donc c’est quelque chose de très difficile. Au 100m nage libre j’ai gagné 30 centièmes. Ce n’est rien en quatre ans. Et au 50m nage libre, c’est un peu mieux, j’ai amélioré de 40 centièmes.
 
Etes-vous quand même optimiste pour les JIOI ?
– Je pense qu’aux JIOI, je ferai mieux que ce que j’ai fait cette année. J’ai amélioré mon temps au 100m nage libre. J’ai fait des performances intéressantes sur 50m nage libre, pas mes meilleurs temps mais des performances intéressantes. Je n’ai pas eu l’occasion de faire un 200m nage libre parce que je manquais d’entraînement et je n’avais pas envie de faire quelque chose de mauvais. Mais définitivement je pense qu’aux JIOI, j’irai plus vite. Mais de là à dire que je vais gagner ou faire un podium, ce n’est pas dit. Faire mieux, oui. J’ai fait mieux tout au long de l’année ; à chaque compétition, j’ai réussi à m’améliorer. Il n’y a pas de raison que cela change aux Jeux des îles.
 
Qu’est-ce qui explique votre retour en forme ces derniers mois ?
– Quand j’étais à Nice, j’ai revu Benoît Gratteplanche, mon coach qui m’avait entraîné pendant cinq ans à Maurice (NdlR : au CNQB). C’est un peu mon sauveur en natation, quelque part. Parce que, quand il a vu à Nice que j’étais devenue un déchet, que je ne pouvais plus nager et que j’étais blessée, il m’a dit d’arrêter de nager pendant six mois. On a ensuite repris sur une préparation physique. Benoît Gratteplanche a recommencé à m’entraîner une année après avoir cessé de le faire. Depuis qu’il m’a reprise, je recommence à faire des temps corrects. J’ai refait mes meilleurs temps. En tout – en ne comptant pas les arrêts – cela fait sept ans qu’il m’entraîne. Cette année, j’ai nagé à raison de quatre ou cinq fois la semaine. J’ai réussi à faire quelques performances, notamment en petit bassin. Et plus tard après en grand bassin. Mais cela ne fait que 10 semaines environ que je m’entraîne après les examens.
 
Olivia de Maroussem espère remplir son rôle de capitaine et assurer au niveau sportif. 
 
Est-ce que vous vous attendiez à être sélectionnée ?
– Ma sélection pour les JIOI n’a pas été une surprise. J’avais cessé six mois mais je m’entretenais. Cela me fait plaisir d’être sélectionnée. Et c’est un honneur d’être capitaine chez les filles éventuellement. Mais ce n’est pas encore confirmé. Je suis très heureuse d’être présente aux JIOI. J’espère pouvoir bien remplir mon rôle de capitaine et de pouvoir assurer au niveau sportif également.
 
Gardez-vous contact avec les nageurs ici ?
– J’ai la chance de venir à Maurice une ou deux fois par an. J’essaie de revoir certains des athlètes qui étaient avec moi aux JIOI des Seychelles. Parfois à des compétitions, comme en 2014 à Glasgow, aux Jeux du Commonwealth où j’ai revu Emily Chan Chee par exemple.
 
Quel regard portez-vous sur les nageurs mauriciens aujourd’hui ?
– Je suis contente de voir qu’il y a des jeunes qui arrivent et qui montent. J’espère que malgré leur programme scolaire, ils pourront continuer la natation et prendre la relève dans quatre ans. Ce serait intéressant de voir comment ils évoluent. Parce que c’est facile de nager vite quand on est jeune et de progresser. Surtout en natation. Le plus dur c’est que plus on avance en âge, plus cela devient difficile de progresser. Et c’est quelque chose que beaucoup n’intègrent pas. On a l’impression qu’à chaque compétition on va progresser. Quand on est jeune, oui. A l’âge adulte, on a une masse musculaire plus importante qui nous permet de nager plus rapidement à certaines compétitions mais qui nous empêche aussi de répéter des performances à chaque compétition.
 
Qu’est-ce que la natation représente pour vous ?
– Quand j’étais plus jeune c’était toute ma vie. La natation maintenant c’est une manière de m’exprimer. Je m’exprime à travers mon sport. C’est bien important pour ma vie future. Cela va me permettre – de par les moments difficiles que j’ai connus en natation – de me relever après chaque coup dur. Cela m’a forgée. Cela va m’aider plus tard après mes études quand je chercherai du travail. Car ce n’est pas évident d’en trouver. La natation m’a permis de forger mon caractère. Je dois aussi dire que je suis passée à une autre étape de ma carrière en natation où ce sont mes études qui ont la priorité.
 
Dans l’eau, vous arrive-t-il de vouloir abandonner ?
– A travers ce que j’ai vécu en natation, que je considère être un gros vécu après ce par quoi je suis passée après les JIOI, je n’ai jamais abandonné. Chaque compétition était difficile et je m’entraînais beaucoup. Pour finalement faire des temps qui ne reflétaient pas du tout ce que je faisais à l’entraînement. C’était très difficile psychologiquement d’accepter. Je suis toujours retournée à l’entraînement et je ne me suis jamais dit – quand c’était dur – que j’allais ‘lâcher’… Quand c’est difficile, je vais toujours me battre pour essayer de faire mieux, même si cela ne se voit pas dans mon style de nage. Parce que j’ai un style de nage très posé, très calé et même si je m’énerve et que je suis à bout de souffle, je ne vais pas lâcher.
 
Avec les progrès des uns et des autres, sommes-nous comparables aux Réunionnais ?
– Les Réunionnais et nous, on n’a pas les mêmes moyens. La Réunion, déjà, paie ses nageurs… cher ! Alizée Morel, par exemple, grande compétitrice, gagne beaucoup d’argent à travers le comité de la Réunion. Ils ont des moyens, des piscines dans tous les coins de l’île. Et surtout cette faculté de se préparer à l’avance par comparaison à nous. Est-ce que c’est bien ou mauvais ? Ils ont tous les bons côtés de Maurice sans les mauvais côtés.