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Samioullah Lauthan cultive le don de soi
19 juillet 2015, 06:48
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Samioullah Lauthan cultive le don de soi
Ce travailleur social et assesseur de la commission d’enquête sur le trafic de drogue est fort occupé par ses activités professionnelles et bénévoles. Le jardinage, c’est sa façon à lui de se détendre. Petite escapade dans son jardin secret…
Vu la circulation des drogues notamment synthétiques, pouvons-nous dire que nous sommes retournés 28 ans en arrière ?
Non. Nous avons fait des progrès mais les fabricants de drogues en ont fait autant et peut-être même davantage. De par le monde, ils devancent les législateurs. Ils ont des spécialistes qui épluchent les lois existantes pour trouver et exploiter des failles à leur avantage. D’où la nécessité de revoir la loi de temps à autre.
Des amendements à la loi suffiront-ils?
Non, la loi à elle seule sera insuffisante. Elle pourrait permettre de contrôler l’offre mais pas la demande. Les drogues synthétiques sont manipulées avec des produits chimiques mais procurent les mêmes effets que le cannabis ou la cocaïne.
Vous êtes donc contre la dépénalisation du cannabis ?
Certainement. C’est un produit très mal connu. Un de ses principes actifs est fat soluble et se loge dans le cerveau qui contient le plus de cellules graisseuses. Autant un whisky consommé s’élimine de l’organisme en deux heures, autant les substances contenues dans un joint mettent 21 jours pour être éliminés. Dans le gandia à l’état sec, il y a entre 200 et 400 produits chimiques dont les effets sont multipliés par 10 à la combustion.
Vous n’avez jamais fumé un joint ?
Non, mais j’ai vu ses effets et comment le gandia déforme les perceptions et ralentit le temps de réactivité. C’est un produit dangereux. Je suis content que le mandat de la commission s’étende aux designed drugs, dont les quantités sont désormais réduites mais dont les effets sont 1000 fois plus puissants que les drogues d’origine.
Que faites-vous durant votre temps libre ?
Je n’en ai pas beaucoup. Deux jours et demi par semaine, j’agis comme membre à la Human Rights Commission. Je suis aussi président du centre culturel islamique où il faut mettre bon ordre. Je continue à faire du counselling chez moi et dans un centre. Je suis aussi très sollicité par des mosquées et des écoles pour parler des dangers qui guettent les jeunes comme les drogues, les sectes et les pratiques occultes, sur lesquels je me suis beaucoup documenté ces dernières années. La commission d’enquête est venue se greffer à tout cela et c’est un gros morceau. Ma femme Rehan vient de me demander comment j’allais m’en sortir (rires).
Autrefois je leur disais, fais de ton mieux sans rien attendre en retour. J’ai évolué et je dis aujourd’hui : fais de ton mieux et attends-toi à des coups de pied en retour.
Que faites-vous durant le week-end ?
La grasse matinée, même si ce n’est pas tout le temps possible ! Je lis. J’ai une grande bibliothèque car quand je voyage, je dépense pratiquement tout mon argent de poche en livres.
Cuisinez-vous ?
Non, à part frire un oeuf, je ne sais rien faire d’autre ! Quand mon épouse est absente du pays, c’est la bonne qui cuisine ou j’ai recours au fast-food !
Gourmand ou gourmet ?
Ni l’un, ni l’autre. Je mange de tout.
Un péché mignon ?
Je craque pour un riz frit que j’apprécie plus qu’un briyani parfois (rires). Une ou deux fois par semaine, Rehan et moi sortons dîner. J’aime le restaurant Rosi Darbarr et elle Nando’s. Mais nous fréquentons aussi le Taste of Asia à Bagatelle.
Pratiquez-vous du sport ?
Autrefois, je pratiquais souvent de la culture physique. Ar enn ansyen Mr Port-Louis ki ou pé kozé la ! J’habite Sorèze, endroit idéal pour la marche, mais je n’ai pas le temps pour cela. Je fais de la natation deux fois la semaine à Pereybère et je trouve reposant de jardiner un peu.
Quels livres lisez-vous ?
Le Coran pour trouver des réponses. Ce livre sacré nous parle de l’importance de contrôler ses instincts ou sa colère. Je regarde ce qui est prescrit à propos de la non-violence et cela m’aide dans mes causeries face aux jeunes. Je m’intéresse aussi beaucoup à la sociologie et à la psychologie, afin de mieux appréhender la société dans laquelle nous vivons.
Écoutez-vous la radio ?
Seulement en voiture et là, je cherche les informations.
Votre émission de télévision préférée ?
Je regarde surtout les informations télévisées et de temps à autre un documentaire sur National Geographics.
Quelle musique écoutez-vous ?
Autrefois, j’écoutais des ghazals, qui sont des poèmes chantés et qui ont pour thème l’amour. Aujourd’hui, j’écoute des anasheed, chants religieux que mon fils télécharge pour moi sur le Net.
Votre idée du bonheur ?
De pouvoir me rendre utile vis-à-vis d’autrui. Cela n’a rien à voir avec le sacrifice, qui implique un choix entre une chose et une autre. C’est une satisfaction qui dépasse le sens du sacrifice.
Qu’auriez-vous souhaité réaliser avant de quitter ce monde ?
Un de mes grands rêves est de réussir à terminer l’écriture d’un manuel de formation destiné aux futurs travailleurs sociaux, pour les aider à se blinder avant qu’ils ne descendent sur le terrain. Ils doivent savoir ce qui les attend. Autrefois je leur disais, fais de ton mieux sans rien attendre en retour. J’ai évolué et je dis aujourd’hui : fais de ton mieux et attends-toi à des coups de pied en retour. Du moment qu’ils y sont préparés, ils ne se laissent pas décourager.
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