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«La zone du crash semble être située près des îles Kerguelen», dit Vassen Kauppaymuthoo

28 juillet 2015, 22:37

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«La zone du crash semble être située près des îles Kerguelen», dit Vassen Kauppaymuthoo

La découverte de ce qui semble être un morceau d’un volet du vol MH370 ainsi que d’un débris de sac de voyage plus de 16 mois après la date du crash apporte des infor­mations cruciales qui per­mettront fort probablement de retracer le lieu exact où l’avion s’est écrasé dans l’océan Indien.

 

Si les débris sont iden­tifiés comme faisant partie de l’avion qui semble s’être abîmé en mer, cela nous per­mettra d’émettre des hypo­thèses plus fiables sur le lieu exact de la catastrophe en se basant sur des données océanographiques liées à la vitesse et la direction des courants de surface dans l’océan Indien.

 

Notre région est sou­mise aux grands courants marins de profondeur et de surface. Ceux-ci transportent des quantités phénoménales d’eau de mer à travers le globe, à travers ce que nous appelons communément la circulation océanique globale qui fait qu’une goutte d’eau de mer fait le tour de la terre en 3 000 ans…

 

La circulation océanogra­phique dans l’océan Indien est unique. Elle est liée à la position des continents. Il est le seul océan qui soit fermé au Nord. Le courant ouest australien rejoint le courant sud équatorial qui longe à son tour le sud de l’équateur avant de redescendre vers le sud de notre région.

 

Les cartes montrent de façon plus détaillée com­ment les courants marins sont orientés et comment ils charrient les débris de surface dans notre direc­tion. La preuve en est que lors de ma dernière mission océanographique à Agaléga en mars dernier, j’ai retrouvé beaucoup de déchets sur les plages de la côte est de l’île du Nord et de l’île du Sud. En les analysant, je me suis ren­du rapidement compte qu’ils provenaient tous de la Malai­sie et de l’Indonésie, ce qui confirme cette thèse.

 

«INDICE CRUCIAL»

 

Cette circulation océa­nique donne des informations précieuses sur la provenance des débris flottants, y compris ceux retrouvés à l’île de la Réunion. En effet, une vitesse se calcule comme le quotient de la distance par le temps. Or, nous avons ici deux para­mètres connus et on peut en déduire le troisième à partir de ces derniers. La distance est donc égale à la vitesse multi­pliée par le temps.

 

Le temps est ici un pa­ramètre connu. Depuis la disparition du vol MH370 le 8 mars 2014 et la date où on a annoncé la décou­verte du débris suspect, il s’est écoulé exactement 508 jours, en admettant bien sûr que le débris dépo­sé par la mer ait été immé­diatement découvert. En ce qui concerne la vi­tesse du courant sud-équato­rial, en prenant des valeurs de 0.3 m.s-1, cela nous donne une distance approximative parcourue de 13,000 kilo­mètres pour ce laps de temps de 508 jours. Il nous faut main­tenant remonter les courants sur cette distance pour pouvoir retrouver la zone du crash, qui semble être située dans l’ex­trême sud de l’océan Indien, près des îles Kerguelen.

 

Autre point : les coquil­lages sur l’aérofrein décou­vert à l’île soeur sont de la famille des balanes, des anatifes ou pousse-pied, très connus des navigateurs. Ils se fixent sur les coques des bateaux après une pé­riode minimale de 3 à 9 mois, dépendant des conditions et de la température de l’eau de mer. Leur présence sur le débris ainsi que leur taille semblent bien attester que la pièce aurait passé au moins une année dans l’eau, ce qui correspondrait au temps écoulé depuis la disparition du vol MH370.

 

D’AUTRES DÉBRIS À VENIR

 

Il est clair que la récupé­ration de ce qui semble être des débris provenant du vol MH370, sujet à confirma­tion, sera suivie de l’arrivée de nouveaux débris dans les jours et les semaines à venir. Le moment semble donc opportun pour effectuer des recherches afin d’alerter la population ainsi que les avions, les navires et les ba­teaux de pêche de passage dans la région afin qu’ils soient vigilants s’ils repèrent quelque chose de suspect.

 

Les courants marins sont comme de grands fleuves qui transportent en général les débris flottants en groupe, même si ceux-ci ont tendance à se disperser avec le temps. S’il s’avère que le débris récupéré pro­vient bien du vol MH370, il faudrait s’attendre à en retrouver d’autres dans les jours à venir à La Réunion, mais aussi sur la côte est de Maurice, des îles Saint- Brandon et Agaléga.

 

Il nous faudra alors lancer des patrouilles aérienne et navale dans notre région afin de collecter d’autres débris pour pouvoir reconstituer le puzzle et enfin comprendre ce qui s’est passé au le vol MH370 ce 8 mars 2014.