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Le verger de collection du Château de Labourdonnais
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Le verger de collection du Château de Labourdonnais
S’étendant sur un peu plus d’un hectare, le vieux verger du Château de Labourdonnais, à Mapou, a plus de 150 ans. Lumière sur son développement et quelques-uns de ses trésors.
«Le verger nous semblait immense et l’on trouvait toujours quelque chose à grignoter». C’est par ces mots cités de Marguerite Le Juge de Segrais, petite-fille de Christian Wiehe que s’ouvre la visite du verger de collection du Château de Labourdonnais, sis à Mapou, dans le nord de l’île. À l’initiative de Christian Wiehe, ce «passionné d’agriculture», le verger et les jardins de Labourdonnais connaîtront, entre 1850 et 1860, des transformations majeures, nous explique Bernard Maurice, conservateur du château.
Alors que Christian Wiehe fait construire sur ses terres, de 1856 à 1859, la somptueuse demeure aujourd’hui convertie en musée, il confie le développement des jardins à Jean-Baptiste Crumpy, un jardinier qu’il fait venir spécialement de Nantes, en 1857, souligne Bernard Maurice. Crumpy, poursuit le conservateur, commandera des semences des meilleures maisons françaises dont Vilmorin et Andrieux. Notre interlocuteur nous montre d’ailleurs une facture de cette entreprise datée de 1857 où nous pouvons lire, parmi les fleurs listées : «belle de jour liseron tricolore», «benoîte du Chili» et les plantes potagères : «coloquinte orange» – une cucurbitacée – et «aubergine blanche», entre autres.
Pour ce qui est des greffes, Christian Wiehe a recours à une sommité de l’île de La Réunion, l’horticulteur Ortaire Payet. Venu à Maurice dès 1847 sous les auspices de la Société Royale des Arts et des Sciences afin de réaliser des greffes d’arbres fruitiers sur plusieurs propriétés de l’île, Payet sera invité à Labourdonnais, où il greffera plus de cinquante variétés de manguiers, «dont une quarantaine provenant de La Réunion et de l’Inde». Il meurt sur le domaine en 1867.
Selon un document de la Société Royale des Arts et des Sciences, Ortaire Payet introduisit les variétés Auguste et José de l’île soeur. Cette dernière variété est encore cultivée aujourd’hui dans les vergers de production du domaine. Grâce aux travauxde l’horticulteur réunionnais, le verger de Labourdonnais fut déclaré «plus beau verger de l’île» et en 1866, Christian Wiehe écrit à l’un de ses fils : «Les manguiers sont en rapport comme ils ne l’ont jamais été. Payet est enchanté de voir ces fruits».
De nos jours, outre le verger de collection du Domaine de Labourdonnais, des vergers commerciaux couvrent une superficie de quelque 50 hectares. L’on y cultive non seulement des manguiers mais aussi des agrumes, ananas, goyaviers, papayers, avocatiers et letchis, arbres dont on peut retracer les origines, pour certains, dans le vieux verger. Ces fruits servent à alimenter une usine de transformation qui produit jus et pâtes de fruits, sorbets et confitures sous la marque «Les Vergers de Labourdonnais», destinés aux marchés local et international. Enfin, depuis 2012, la Distillerie de Labourdonnais met en valeur les fruits, plantes aromatiques et épices du domaine à travers ses rhums aux saveurs innovantes : «citronnelle», «orange-café», «calamondin»…
En images
Depuis son ouverture en 2010, le Château de Labourdonnais, rénové dans les règles de l’art,propose au public de découvrir un joyau de l’architecture locale ainsi que ses jardins et son verger ombragés d’arbres centenaires. Le vieux verger est balisé de totems où figurent de belles illustrations et une riche documentation. Il compte des arbres fruitiers et d’ornement, des arbres à épices, des plantes grimpantes et des palmiers, représentant plus de 30 familles botaniques. Les «vedettes» sont évidemment les vieux manguiers, dont certains sont issus des travaux de greffe d’Ortaire Payet, au XIXe siècle. Clin d’oeil :
Le «Rain Tree» (Samanea saman).
Infos pratiques
Le Château de Labourdonnais est ouvert du lundi au dimanche, de 9 à 17 heures. La visite s’agrémente d’une escale au bar de dégustation où les papilles se réjouiront des pâtes de fruits, jus de fruits frais et rhums arrangés de la gamme «Fusion» ; des produits du domaine également disponibles à la boutique attenante. À quelques pas du bar, le restaurant La Table du Château complète l’expérience gustative par sa carte «aux saveurs locales».
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