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Anup Kumar Mudgal, haut-commissaire de l’Inde : «Le traité de non double imposition sera bénéfique aux deux parties»

15 août 2015, 11:23

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Anup Kumar Mudgal, haut-commissaire de l’Inde : «Le traité de non double imposition sera bénéfique aux deux parties»

Le traité de non double imposition est considéré comme l’un des outils pour améliorer les liens diplomatiques entre l’Inde et Maurice. Toutefois, il y a des craintes que l’amendement de l’article 13, qui concerne l’application en Inde des taxes sur les plus-values (Capital Gains Tax), nuise considérablement aux intérêts de Maurice. Le nouveau traité portera-t-il un coup aux relations entre les deux pays ?

Ce traité n’est que l’un des éléments des relations bilatérales entre les deux pays. Nos liens sont ancrés dans un héritage culturel commun, dans l’histoire de nos luttes pour l’indépendance, dans des valeurs communes que sont la démocratie et le pluralisme. Notre partenariat a des aspects politiques, socio-économiques, commerciaux, stratégiques qui sont tout aussi importants. Ces relations couvrent tous les aspects de la gouvernance et du développement. Cela peut paraître cliché, mais le fait est que, nous nous soucions l’un de l’autre. 

 

Le traité de non double imposition est en vigueur depuis des décennies. Au fil du temps, il faut réactualiser de tels arrangements. Il ne serait pas approprié de commenter ces négociations avant l’annonce du résultat final. Néanmoins, le principe sous-jacent a toujours été et reste que le résultat soit bénéfique aux deux parties, tout en protégeant les intérêts de part et d’autre.

 

Quels sont ces intérêts de l’Inde qu’il faut sauvegarder ?

La récente réunion du Joint Working Group sur le traité de non double imposition, à New Delhi, est un important pas en avant. Je suis sûr que le résultat sera bénéfique aux deux parties. 

 

Le vent du changement a soufflé sur nos deux pays récemment. Pensez-vous qu’il y a des facteurs communs à ces événements ?

C’est la vivacité de la démocratie et le pouvoir des urnes qui sont les facteurs communs. Les deux pays ont abordé des tournants électoraux en 2014, où les électeurs ont choisi un leadership dynamique, la bonne gouvernance et le développement socio-économique. Il règne une atmosphère d’enthousiasme et d’énergie renouvelée dans les deux pays. 

Certains spéculent sur un éventuel accord de libre-échange entre l’Inde et Maurice. Mais étant
donné le déséquilibre de la balance commerciale entre les deux pays, est-ce que pareil accord
serait équitable ?

Il y a toujours de la place pour renforcer nos relations économiques, et cela à l’avantage des deux parties. Durant sa visite à Maurice, en mars dernier, le Premier ministre Narendra Modi a parlé de la reprise des discussions sur un Comprehensive Economic Partnership Agreement (CEPA). Cela améliorera considérablement le commerce et l’investissement dans les deux sens. Le CEPA ne se limite pas au commerce, c’est un concept élargi de partenariat économique. 

 

Des secteurs émergents, tels que l’économie bleue qui a fait l’objet d’un récent accord de principe, ont un immense potentiel dans les deux pays. Il existe aussi la possibilité que des institutions indiennes de renom deviennent des partenaires du projet de faire de Maurice un hub en matière d’enseignement supérieur et de soins médicaux spécialisés. Le secteur des services, surtout le BPO, est une autre filière où nous pouvons travailler ensemble de manière innovante étant donné la quantité de jeunes professionnels bilingues dans le secteur des TIC. 

 

Nous avons tendance à croire que Maurice et ses îles éparses peuvent jouer un rôle crucial dans la stratégie géopolitique de l’Inde. Qu’en pensez-vous ?

L’Inde, Maurice et d’autres États riverains partagent le même engagement en faveur de la paix et de la sécurité dans l’océan Indien. L’Inde s’est engagée à collaborer avec Maurice pour assurer la stabilité et la sécurité dans la zone océan Indien, afin que cela nous amène vers les rives de la prospérité. Nous apprécions grandement le rôle de premier plan que joue Maurice dans l’Indian Ocean Rim Association, qui est basée ici. 

 

En sus du patrouilleur «Barracuda», qui a été remis à Maurice en mars dernier, il est entendu que d’autres bateaux et équipements ont été commandés. Pouvez-vous nous en dire plus ?

L’OPV Barracuda est le symbole le plus récent du partenariat de longue date que nous avons avec Maurice en matière de défense et de sécurité. Cela couvre tous les aspects, allant de la fourniture et la maintenance d’équipements à la formation en passant par le déploiement de la marine indienne pour des patrouilles conjointes dans la zone économique maritime. Sans oublier l’aide en matière hydrographique. Nous sommes prêts à répondre à toutes les demandes de Maurice en termes de sécurité maritime.

 

Un tout nouveau protocole a aussi été signé concernant l’importation de mangues. L’Inde est le plus grand producteur mondial de mangues. Des développements sont-ils intervenus dans cette filière depuis mars ?

Oui, tout à fait. Mais comme la saison de mangues en Inde est déjà passée, il faudra attendre l’année prochaine pour en goûter ici. Nous avons déjà organisé une première séance de dégustation de mangues indiennes. C’était en marge des célébrations de la première Journée internationale du yoga le 21 juin. Depuis, les autorités indiennes et le National Plant Protection Office de Maurice collaborent en vue de l’application du protocole d’accord. Il inclut la finalisation des diverses procédures d’import-export. 

 

Passons à la médecine ayurvédique. Un accord en ce sens a été signé durant la visite de Modi. Un département de médecine ayurvédique existe déjà à Pamplemousses, grâce à la coopération indienne. Ce nouvel accord apportera quoi de nouveau ?

La médecine traditionnelle AYUSH (Ayurveda, Yoga et Naturopathie) est un secteur où il existe un potentiel de coopération énorme. Nous en avons eu un aperçu lors des célébrations de la Journée internationale du yoga. Nous nous sommes rendu compte à quel point les techniques AYUSH sont populaires ici. La signature de l’accord va certainement donner une nouvelle impulsion à ce secteur. Le Centre Indira Gandhi pour la culture indienne va bientôt abriter un centre d’information concernant la médecine AYUSH. Le centre travaille avec plusieurs institutions, dont le Mahatma Gandhi Ayurveda Hospital que vous avez mentionné, pour mieux faire connaître les services proposés. Nous envisageons de réunir des praticiens et des universitaires pour une conférence internationale sur l’AYUSH très bientôt à Maurice.

 

Passons au volet culturel. Le début des travaux de construction du World Hindi Secretariat a été l’un des temps forts de la récente visite de Modi. Quand est-ce que ces travaux vont effectivement commencer ?

Très bientôt. Nous travaillons activement sur ce dossier avec le gouvernement mauricien et le World Hindi Secretariat. D’autant plus que cette année verra la 10e conférence mondiale du hindi à Bhopal, en Inde, du 10 au 12 septembre. Nous y attendons, comme d’habitude, une forte délégation de Maurice.

 

Qu’est-ce qui est inscrit à l’agenda des échanges culturels entre Maurice et l’Inde ?

La relation de peuple à peuple est l’un des piliers de la relation Inde-Maurice. C’est ce qui va garantir que l’héritage du partenariat entre les deux pays soit transmis aux générations futures. Nous menons cet engagement sur plusieurs fronts. Le Centre Indira Gandhi pour la culture indienne en est le point névralgique. Il accueille toute l’année diverses collaborations entre les artistes indiens et locaux. Des organisations socioculturelles y tiennent aussi des manifestations.

 

En début d’année, nous avons annoncé que près de 100 bourses de l’Indian Council for Cultural Relations ont été accordées à des étudiants mauriciens. La moitié d’entre eux a déjà obtenu une place dans une institution de renom et a déjà commencé les cours en Inde. 

 

Nous organisons aussi le Know India Programme. C’est un séjour de trois semaines réservé aux jeunes ayant des origines indiennes. Je peux vous annoncer qu’aujourd’hui 15 août, jour de célébration de l’Indépendance, cinq jeunes mauriciens vont mettre le cap sur l’Inde pour la 34e édition de ce programme. 

 

Cette année sera particulièrement mémorable pour les relations culturelles entre l’Inde et Maurice, avec le lancement, le vendredi 21 août, du Festival of India. Cette manifestation organisée en collaboration avec le ministère des Arts et de la Culture comprendra une série de représentations données par des artistes de renom, que ce soit en musique et danse classique et folklorique, en théâtre et un spectacle de marionnettes. Il y aura aussi diverses expositions, la projection de documentaires et de films, des conférences littéraires et bien plus encore. Le Festival of India durera jusqu’au 1er novembre.