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Yan Mayer, directeur de Proxifresh: Pour une agriculture respectueuse des hommes et des sols

18 août 2015, 09:22

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Yan Mayer, directeur de Proxifresh: Pour une agriculture respectueuse des hommes et des sols

Depuis peu, toutes les barquettes de tomates cerise et champignons prêts à l’emploi au label «VegMe» portent un autocollant de la MauritianWildlife Foundation. C’est une initiative conjointe avec Yan Mayer, directeur de Proxifresh, l’homme derrière «VegMe». S’il participe à cette campagne, c’est parce qu’elle cadre avec sa conviction que l’avenir passe par la protection de la nature et par une agriculture raisonnée.

 

Yan Mayer a beau être un homme d’affaires qui monte mais il reste préoccupé par l’état de nos sols et milite pour une agriculture durable. Par ailleurs, une grande partie des fruits et légumes de la marque «VegMe» sont importés d’Afrique du Sud où il est possible de sélectionner les fournisseurs en fonction de leurs méthodes de culture. «Nos fournisseurs sud-africains appliquent les bonnes pratiques agricoles et sont certifiés Global GAP a minima».

 

Concernant les différentes laitues et roquettes issues du sol mauricien, une combinaison d’intrants naturels et chimiques est utilisée afin de diminuer l’impact sur les sols. «Par contre, pour les autres produits locaux, c’est plus compliqué car nos clients ont l’obsession du prix et les planteurs n’ont pas forcément la fibre écologique.»

 

Ce Mauricien de 38 ans détenteur d’un Brevet technique supérieur en vente et marketing obtenu à l’université de Toulouse en France, qu’il a fait suivre d’une maîtrise en science de gestion et d’un mastère en logistique à l’université d’Aix en Provence, a une solide expérience en organisation.

 

À l’issue de ses études supérieures, un de ses intervenants universitaires lui ouvre les portes d’un stage à Carrefour Paris, deuxième plus grand distributeur mondial. Le stage se transforme en contrat ferme. Yan Mayer a alors la responsabilité de traiter de logistique avec le Top 30 des fournisseurs de Carrefour. Cela signifie beaucoup de déplacements et de négociations. Lorsque celui qui lui a mis le pied à l’étrier à Carrefour quitte la boîte pour ouvrir la sienne, il le débauche. C’est ainsi que Yan Mayer intègre CPV Associés, petite entité de conseil où la polyvalence est de mise.

 

Après dix ans en France, sa partenaire Cécile, enseignante de formation, et lui, font une pause et mettent le cap sur l’Amérique du Sud où ils voyagent pendant sept mois. C’est une proposition d’emploi reçue par sa femme qui les ramène à Maurice.

 

Yan Mayer met alors son savoir-faire en logistique au service d’Ireland Blyth Ltd au sein de Logidis avant de décider après trois ans de fonder son entreprise Proxifresh. C’est chose faite au Mount en 2010. S’il choisit les légumes et les fruits, c’est parce qu’il réalise qu’hormis quelques grosses boîtes bien établies, les autres fournisseurs sont mal organisés.

 

Son premier contrat important est avec Pick N Pay à qui il fournit des légumes et fruits en vrac jusqu’à ce que ce géant de la distribution sud-africaine lui propose de présenter des produits prêts à l’emploi et l’emmène visiter ses salles de conditionnement à Johannesburg et Durban. Il démarre ses opérations. Mais comme Pick N Pay a du mal à garder la tête hors de l’eau et finit par mettre la clé sous le paillasson, il décide de faire cavalier seul et de créer la marque «VegMe».

 

«Je voulais casser l’image traditionnelle des fruits et légumes et leur donner une image plus jeune, dynamique et décalée». C’est ainsi qu’il se lancedans la grande distributionauprès d’Intermart, SuperU, Winners mais aussi dansl’hôtellerie où il propose desfruits et légumes en vrac et des petits légumes fins importésd’Afrique du Sud.

 

Proxifresh emploie aujourd’hui une quarantaine d’employés et a réalisé un chiffre d’affaires d’environ Rs 50 millions en 2014. Il est estimé que pour 2015, le montant sera d’environ Rs 70 millions.

 

S’il s’est lancé depuis cinq ans dans l’exportation de fruits vers l’Europe, il va maintenant plus loin. À la suite d’une rencontre avec  Nick Patel, consul honoraire de Maurice au Rwanda, il a visité le pays des Grands Lacs et en est sorti séduit.

 

Résultat : il a obtenu une concession de 110 hectares où plus de 400 Rwandais cultivent du haricot vert extra-fin, du pois mange-tout et des fruits de la passion que la filiale Proxifresh Rwanda exporte vers l’Europe. Elle est devenue l’alternative au Kenya dont les solsont été épuisés par un trop plein d’intrants chimiques et dont les seuils autorisés ne sont pas toujours conformes aux normes de l’Union européenne.

 

En sus de consolider ses activités, Yan Mayer mise sur un projet d’agriculture raisonnée et intégrée à grande échelle en partenariat avec une importante société française avec laquelle il est en négociations. «C’est privilégier l’usage d’intrants naturels avec une dose minimale d’intrants chimiques pour préserver les sols. J’y crois beaucoup. Si ce projet aboutit, cela me permettra de fournir le marché local en fruits et légumes sains à des prix abordables. J’espère concrétiser ce projet d’ici fin 2016.»