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Inscriptions en baisse: «La qualité de certains cours à l’UoM laisse à désirer»

20 août 2015, 20:40

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Inscriptions en baisse: «La qualité de certains cours à l’UoM laisse à désirer»

Les établissements d’enseignement supérieur connaissent-ils une crise de confiance? Force est de constater qu’entre 2013 et 2014, ils sont 2 734 étudiants en moins à s’y être inscrits. D’où une question: est-ce le niveau d’éducation dans les institutions locales qui pousseraient les jeunes à s’envoler vers d’autres cieux?

 

L’université de Maurice, établissement qui recrute le plus d’étudiants, a vu son taux d’inscriptions chuter. Et selon l’universitaire Sheila Bunwaree, il est vrai que la qualité laisse à désirer pour certains cours. «Je ne suis pas en train de généraliser, je dis bien pour certains cours.»

 

«Le critical thinking pas vraiment encouragé»

 

L’universitaire soutient qu’il n’y a pas suffisamment de rigueur ni de débats, notamment. «J’ai eu l’occasion de le constater en voyant ce que les étudiants écrivent.» Clairement, concède-t-elle, la qualité laisse à désirer. «La reading list, par exemple, est incomparable à celles qui sont proposées par des universités étrangères. Ici, c’est très limité. Le critical thinking n’est pas vraiment encouragé», fait-elle ressortir.

 

Une «détérioration» qui remonterait à quelques années, laisse entendre une source bien renseignée à l’UoM. Celle-ci explique que pendant le mandat de Rajesh Jeetah, le gouvernement de Navin Ramgoolam promettait «un gradué par famille». C’est alors que l’université a commencé à recruter «de façon importante», en revoyant notamment certains critères à la baisse pour les inscriptions.

 

«Les étudiants sont habitués au spoon feeding»

 

Or, fait remarquer notre interlocuteur, l’apprentissage est différent à Maurice, comparé à ce qui se fait à l’étranger. «Ici, dans bien des cas, les étudiants sont habitués au spoon feeding. La culture même est différente, et ce, dès le primaire et le secondaire», déplore-t-il. Pas étonnant, ajoute-t-il, que «les universités locales fonctionnent différemment des universités étrangères».

 

Comment alors inverser la tendance? Le recrutement d’enseignants qualifiés est-il une solution? Suresh Munbodh, consultant dans le domaine de l’éducation pour l’UNESCO, se veut nuancé dans ses propos. Une éducation de qualité ne veut pas simplement dire recruter des enseignants qualifiés, explique-t-il.

 

«Aujourd’hui, un face à face enseignant-élève ne veut rien dire», constate-t-il. Ce quilui fait dire qu’il y a d’autres moyens d’enseigner. D’autant plus, poursuit-il, que plus de 70% des étudiants apprennent à l’extérieur de l’université.

 

Et qu’en est-il des programmes d’études ? Pour Suresh Munbodh, ceux-ci ne devraient pas être préparés par les enseignants eux-mêmes, comme c’est le cas dans plusieurs universités locales. Le consultant à l’UNESCO estime qu’il serait mieux que ce soit des professionnels des secteurs concernés qui le fassent, afin que les cours soient plus adaptés au marché du travail.

 

«L’UoM a reçu des accréditations d’universités étrangères»

 

Interrogée par l’express, la direction de l’UoM dément tout nivellement par le bas des cours proposés. «La qualité de l’éducation à l’UoM n’est pas un issue», martèle-t-on.

 

Au contraire, soutient-on, «le niveau d’éducation dispensée à l’UoM s’est beaucoup amélioré. L’UoM a reçu des accréditations d’universités étrangères». Qui plus est, insiste-t-on, un suivi rigoureux se fait par des External Examiners régulièrement.

 

On ajoute que les critères pour s’inscrire à certains cours comme le droit, l’ingénierie ou la science médicale n’ont pas changé. L’étudiant doit avoir obtenu 3 A dans les matières principales au niveau du Higher School Certificate pour être admis.

 

Pour la direction de l’UoM, ce serait parce que certains programmes d’études ne sont pas offerts que beaucoup d’étudiants choisissent d’aller à l’étranger. «Et puis, beaucoup de parents ont les moyens de financer les études de leurs enfants à l’étranger.»