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Sunjiv Soyjaudah, nouveau directeur de la Tertiary Education Commission: «La TEC s’assurera que les diplômes sont reconnus»

1 septembre 2015, 08:24

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Sunjiv Soyjaudah, nouveau directeur de la Tertiary Education Commission: «La TEC s’assurera que les diplômes sont reconnus»

Dans l’Economic Statement Mission, le secteur de l’éducation est appelé à jouer un rôle important dans un nouveau miracle économique. Quelle sera la contribution de la Tertiary Education Commission (TEC) dans ce projet ?

Maurice peut envisager de devenir un Knowledge hub pour répondre à la demande sur le marché local et régional. Le coût de l’éducation technique supérieure est nettement plus onéreux dans les universités africaines. Les pays subsahariens sont confrontés à un manque de main-d’oeuvre chronique. Les médecins, enseignants ou ingénieurs informatiques sont en grande demande.

 

Maurice peut donc exploiter pleinement le marché régional tout en apportant son aide au continent africain. Selon les statistiques de la Banque de Maurice, le Foreign Direct Investment dans le secteur de l’éducation s’élevait à Rs 33 millions en 2014, soit une hausse de plus de 80 % sur le chiffre de 2010.

 

La TEC a certainement un rôle important à jouer. Elle envisage de créer un environnement approprié pour que Maurice devienne ce Knowledge hub s’étant déjà forgé une réputation au niveau régional. Tout en facilitant l’implantation d’institutions étrangères de renom, la TEC ne fera pas de compromis sur la qualité et le niveau des pourvoyeurs. Le cadre réglementaire des années 2005-2006 sera revisité.

 

L’accréditation et le système d’évaluation de la qualité devront être remis à jour vu que Maurice devra aussi s’occuper du marché africain en expansion et où la Chine et l’Inde ont déjà un pied dans plusieurs secteurs. La TEC aidera à exploiter ce marché prometteur qui sera bénéfique à l’économie domestique et contribuera aussi au développement de l’Afrique.

 

L’institution va aussi faciliter l’accès des étudiants locaux et internationaux à des programmes éducatifs compétitifs. Elle va promouvoir le transfert de connaissance et générer la connaissance pour dynamiser l’économie durable.

 

Plusieurs institutions étrangères sont disposées à s’implanter à Maurice. Quelles mesures la TEC a-telle prises pour s’assurer que l’enseignement dispensé est de qualité et garantit l’employabilité des étudiants ?

Un problème majeur est que souvent des qualifications ne sont pas reconnues soit par les employeurs potentiels soit par les autorités locales. La reconnaissance des diplômes attribués par les universités étrangères implantées ici ou par leurs antennes est un élément important dans la mise en place d’un Knowledge hub sain et crédible.

 

Ainsi, la TEC s’assurera avant l’enregistrement et l’accréditation de ces institutions que leurs diplômes sont reconnus dans leur pays d’origine. D’autre part, elles devront obtenir les autorisations nécessaires pour dispenser des cours et attribuer des diplômes à Maurice. À titre d’exemple, la TEC va s’assurer que des cours offertsen médecine, en dentisterie ou en ingénierie seront éventuellement reconnus par le Medical et le Dental Councils et par le Conseil des Registered Professional Engineers avant d’accorder une accréditation.

 

La TEC encouragera également les nouvelles institutions à offrir des programmes dans des secteurs en grande demande et dissuadera d’autres à dispenser des cours dans des secteurs déjà largement pourvus.

 

Toutefois, obtenir un emploi grâce à des diplômes reconnus dépend de la demande et de l’offre sur le marché. Le marché africain est très prometteur et ne demande qu’à être exploité. Je pense fermement que le surplus de main-d’oeuvre qualifiée que Maurice produira pourra être canalisé vers le marché régional.

 

Ce qui nous permet d’évoquer un très grand défi : la disparité («mismatch») entre les compétences des étudiants diplômés et les emplois disponibles. Quelles sont les mesures envisagées pour que les programmes éducatifs soient compatibles avec les besoins réels du pays ?

Cette disparité se retrouve dans tous les pays, spécialement aux étapes de leur développement. Selon un rapport de l’Organisation internationale du travail, divers types de disparités sont notés sur les marchés du travail. Mais pareille disparité est dynamique et la corriger cette année créera un autre type de disparité l’année suivante.

 

Il n’est pas bon d’évaluer les besoins techniques du pays sur le court terme seulement. J’estime, avec le second miracle économique à venir, que cette disparité s’estompera à mesure que se développeront plusieurs secteurs économiques et les compétences dans plusieurs domaines seront en grande demande.

 

Il faut savoir que l’université fournit aux étudiants les outils de base pour tous types de travaux. Manifestement, ces licenciés ont besoin de formation industrielle et c’est aux entreprises de la leur fournir. Il faut bien deux années d’internat aux médecins avant de pouvoir pratiquer, de même pour les ingénieurs. Comprend-on qu’une formation pratique prépare les licenciés pour le marché du travail. Les entreprises ont donc un rôle important à jouer à ce propos.

 

La TEC a été perçue comme étant trop indulgente envers des institutions ayant obtenu l’aval d’opérer. Comment comptez-vous redorer son image ?

Mon objectif est de définir une nouvelle approche dans l’accréditation et le contrôle des institutions supérieures. La TEC mettra bientôt en place de nouvelles conditions afin qu’elles continuent à offrir un enseignement de qualité. Les facteurs que l’on prendra en considération sont : 1. le respect des conditions initiales, 2. des logements décents pour les étudiants étrangers, 3. un audit pour s’assurer de la qualité, 4. l’infrastructure, 5. le niveau des cours, 6. des campus de qualité, 7. la réputation, 8. des capacités de recherches, 9. le coût, 10. les résultats d’apprentissage, 11. les travaux dirigés, 12. des visites surprises, 13 des mesures correctives, entre autres. Nous allons appliquer les meilleures normes et pratiques internationales.

 

Selon des informations recueillies, Sunil Jeetah, qui était à la tête de l’Eastern Institute for Integrated Learning Management (EILM), aurait bénéficié de l’autorisation de la TEC pour opérer une nouvelle institution

 Je ne pense pas qu’il soit approprié pour moi de commenter toute décision prise avant mon arrivée à la TEC. Celle-ci étant au sommet de l’éducation supérieure, elle prend des décisions dans l’intérêt des étudiants actuels et à venir. À ma connaissance, il n’y a pas eu de nouvelle demande de la part de M. Sunil Jeetah ou d’EIILM.

 

Avez-vous d’autres projets concernant la région ?

Les opportunités sur le marché régional seront déterminantes pour la politique de la TEC dans

les années à venir. Elle devra faire en sorte que Maurice devienne un Knowledge Hub. On peut s’inspirer du modèle malaisien mais nous devons aussi prendre en considération

d’autres pays qui ont réussi. Nous devrons mieux mettre en avant notre situation socio économique, notre diversité culturelle ainsi que notre bilinguisme pour saisir le maximum d’opportunités dans le secteur tertiaire et le faire émerger comme un nouveau pilier économique pour Maurice.