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Dire non au suicide
La Journée Internationale de la prévention du suicide est célébrée aujourd'hui. Les causes qui poussent une personne à mettre fin à sa vie sont diverses. Mais le suicide peut être prévenu.
Toutes les 40 secondes, une personne se suicide dans le monde. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a publié son premier rapport intitulé Prévention du suicide : l’état d’urgence mondiale l’année dernière, fait ressortir que le suicide «ne figure que rarement au rang des priorités en matière de santé publique».
Le suicide n’épargne aucune région, ni aucune tranche d’âge. «Toutefois, il y a quelques années, c’était surtout ceux de la tranche 20- 40 ans et les personnes âgées qui étaient les plus concernées. Mais maintenant nous assistons à un rajeunissement de la tranche d’âge affectée», explique José Emilien, président de Befrienders, une ONG offrant un service d’écoute aux personnes se sentant vulnérables.
L’OMS abonde dans le même sens. Les plus touchés sont aujourd’hui les jeunes âgés de 15 à 29 ans, «chez qui le suicide constitue la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale», souligne l’organisation dans son rapport. «Depuis le début de l’année, nous recevons principalement des appels de parents ou d’enseignants», indique José Emilien. Un signe à ne pas prendre à la légère.
Pourquoi une personne décide-t-elle de mettre fin à sa vie ? «Elle se suicide lorsqu’elle est confrontée à une situation ou à un événement qui dépasse le seuil de ses capacités. Dans de telles situations, c’est le vide complet et l’espoir n’est plus permis. C’est le désespoir et comme dit l’anglais, la personne fait face à helplessness, hopelessness, emptiness. Personne ne peut l’aider, car la personne perçoit la situation comme sans issue. Souvent, lorsqu’une telle situation se présente, c’est déjà trop tard, car la personne ne voit pas l’utilité d’en parler, pensant pouvoir s’en sortir seule. Lorsque l’entourage remarque qu’il y a quelque chose qui ne va pas, c’est déjà trop tard dans la majorité des cas», explique le Dr Mahendrenath Motah, psychologue et ethnologue.
Si l’OMS assure que le suicide est évitable, notre interlocuteur est plus mitigé : «Si on pouvait prévenir de tels actes, il y a longtemps que le suicide aurait disparu. La prévention réside dans la prise en charge de l’environnement immédiat de la personne concernée – c’est-à-dire la famille», explique-t-il. «Le soutien familial est, dans une large mesure, la meilleure prévention. L’incompréhension, l’intolérance, le rejet, le refus d’écouter, l’absence de valeurs, l’intransigeance, et plusieurs autres facteurs liés à l’harmonie qui caractérise l’existence humaine sont responsables des maux de presque toutes les sociétés de par le monde», précise-t-il.
L’ENTOURAGE EST PRIMORDIAL
Selon Laurent Baucheron de Boissoudy, psychologue, l’entourage de la personne suicidaire est primordial car il s’agit de prévention. «Il est essentiel que l’entourage d’une personne sensible reste attentif à l’individu, à l’évolution de son humeur et de son comportement. Si quelqu’un a l’habitude de parler, de communiquer et que cette personne commence à s’isoler, à rester dans son coin, à ne plus sourire ni plaisanter, il faut considérer que ce sont les premiers signes d’alerte», prévient-il.
Il convient ainsi de prendre en compte plusieurs signes émis par la personne sensible, tels que «l’isolement, le mutisme, l’absence de communication verbale et non verbale - c’est-à-dire quand une personne n’exprime plus rien au niveau de l’expression de son visage ou de son attitude corporelle. Une personne qui reste figée dans sa posture physique est probablement en train de traverser un épisode dépressif», explique Laurent Baucheron de Boissoudy.
Si vous devez faire face à une telle situation il convient de savoir comment agir. Le Dr Mahendrenath Motah soutient qu’il faut «être à l’écoute de l’autre, et entendre ce qu’il ne dit pas. Il faut aider la personne en l’encourageant à partager ses soucis, ce qui n’est pas chose facile. La personne se méfie des autres. Il y a aussi le déni. Se confier à l’autre devient très difficile puisqu’il n’a pas confiance en soi», explique le psychologue.
«Il faut créer, avec l’aide des proches en qui il ou elle semble avoir confiance, un climat où il n’existe aucune menace. Un lieu où règne la confiance et où l’écoute est omniprésente. Il faut éviter de blâmer ou de réprimander la personne. Il ne faut pas la culpabiliser. Évitez de lui dire ce qu’il ou elle aurait dû faire. Il faut l’aider à entreprendre ce qu’il faut avec le soutien indéfectible des autres. Créez autour de la personne un environnement où il ou elle se sent un être humain à part entière», développe-t-il.
Si l’écoute est primordiale, le Dr Mahendrenath Motah met toutefois en garde. «Il existe beaucoup de personnes qui, avec peu de connaissances, croient savoir comment aider les personnes suicidaires. Conseiller des personnes en manque de réconfort, qui ont perdu tout espoir s’apprend. On met des années avant d’arriver à vraiment comprendre l’être humain afin de pouvoir l’aider. Il faut des professionnels formés et qualifiés pour réussir dans de telles entreprises», conclut-il.
Si vous pensez qu’un de vos proches a des tendances suicidaires, n’hésitez pas et consultez un professionnel. Dites non au suicide.
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