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Deux générations, un même combat
Fouler à nouveau leur terre natale. C’est le combat de leur vie, combat qu’ils mèneront jusqu’à la mort au nom de la communauté chagossienne. À la suite d’une rencontre le 4 septembre, le comité Chagos, présidé par le Premier ministre, a maintenu que l’île Maurice a la souveraineté sur l’archipel. Rencontre avec Olivier Bancoult, porte-parole du Groupe Réfugiés Chagos, et Fernand Mandarin, président du Comité social des Chagossiens.
OLIVIER BANCOULT: «MÊME LES CONDAMNÉS PURGENT LEUR PEINE DANS LEUR PROPRE PAYS»
Il a quitté son île natale, Peros Banhos, à l’âge de quatre ans. À l’âge de 18 ans, Olivier Bancoult intègre le mouvement de lutte chagossien. Et des années plus tard, son ardeur n’a pas diminué : «Je suis maintenant âgé de 51 ans et j’irai jusqu’au bout, je ne baisserai pas les bras.»
C’est en 1968, accompagné de ses parents et ses frères et soeurs qu’il vient à Maurice pour l’hospitalisation d’une de ces dernières : «Nous comptions rentrer chez nous après», se souvient-il, mais le destin – ou plutôt la politique – en a voulu autrement, le dépeuplement ayant commencé l’année précédente. «Cette décision a été prise sans consultation avec le peuple chagossien et c’est pour cela que je ferai ce que je peux pour qu’on nous implique davantage dans les négociations», affirme-t-il.
Sa passion pour la cause chagossienne lui vient de sa mère qui l’a incité à se joindre au mouvement : «Il n’y avait pas beaucoup de Chagossiens éduqués et comme moi je l’étais, c’était mon devoir de donner un coup de main, pour éviter les reproches de la communauté plus tard.» Il s’est également inspiré de légendes comme Nelson Mandela.
Olivier Bancoult est clerk au Central Electricity Board. Il a trois enfants nés à Maurice, qui ne sont pas indifférents au combat de leur père. «Ils se sentent concernés et m’ont déjà demandé : ‘Papa, d’où viens-tu ? Montre-nous.’ Mais je ne peux pas…» Connaître ses racines est une chose importante selon lui : «Je souhaite que nous puissions tous rentrer. C’est notre droit acquis. Même les condamnés purgent leur peine dans leur pays mais nous, nous n’avons commis aucun crime et d’autres profitent de notre île.»
Il a entrepris plusieurs actions légales contre le gouvernement britannique : «J’attends un jugement de la Cour suprême britannique le mois prochain.» S’il possède également la citoyenneté britannique, Olivier Bancoult précise que son objectif final est de rentrer chez lui : «Ma position est claire. Pour la souveraineté, c’est une négociation entre deux gouvernements. Pour moi, la priorité, c’est que notre droit fondamental soit respecté.»
FERNAND MANDARIN : «LA SOUVERAINETÉ DES CHAGOS DEVRAIT REVENIR À MAURICE»
Il n’avait que 23 ans et venait de se marier quand il a été brutalement expulsé de son île natale. Aujourd’hui, âgé de 72 ans, Fernand Mandarin se souvient, avec force détails, de cet après-midi où il a été contraint de tout abandonner, à destination de l’île Maurice. Heureusement pour lui et sa famille (ils étaient une quinzaine), une de ses soeurs habitait déjà à Maurice.
Il se souvient du début du combat pour récupérer les Chagos : «Ce sont les politiciens qui ont commencé cette lutte : l’Organisation fraternelle, suivie du Mouvement militant mauricien entre autres, et des syndicats.»
Il se remémore la situation des Chagossiens, qui ont dû affronter des conditions de vie difficiles sans qu’un bon programme de réinsertion à leur intention ne soit mis sur pied. «Ce n’est qu’en 1977 que nous avons pu nous enregistrer pour une compensation et en 1979, une délégation mauricienne a négocié une deuxième compensation à Londres. Et en 1981, une délégation britannique vient à Maurice et chaque Chagossien obtient une compensation de Rs 46 000.» À la même période, ils obtiennent des terres à Baie-du-Tombeau et Pointe-aux-Sables.
En 1994, Fernand Mandarin fonde le Comité social des Chagossiens : «J’ai fait plusieurs actions : des marches, des messes et à l’époque, on nous appelait des îlois. Nous sommes alors intervenus auprès des Nations unies afin d’avoir l’identité de Chagossiens.»
Quant à la récente proposition du gouvernement britannique pour que 1 500 personnes puissent rentrer aux Chagos, notre interlocuteur dit être d’accord pour le droit de retour mais contre les conditions imposées : «Il faut refaire les infrastructures, que nous ayons les mêmes services, comme l’accès à l’éducation et à la santé.» Fernand Mandarin est aussi d’avis que la souveraineté des îles Chagos devrait revenir à Maurice afin que les Mauriciens aussi puissent visiter les Chagos quand ils le veulent : «Je suis confiant que nous aurons gain de cause. Moi, je ne m’arrêterai pas tant que je vivrai.»
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