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Hadj: «Je n’ai jamais vu une telle scène», raconte un Mauricien

9 octobre 2015, 09:33

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Hadj: «Je n’ai jamais vu une telle scène», raconte un Mauricien

«Des personnes en chaises roulantes étaient tombées, d’autres saignaient. Il était impossible de savoir qui était vivant ou pas, et les gens continuaient de marcher. Je n’ai jamais vu une telle scène», confie Iqbal Peeraye, qui accompagne les pèlerins à La Mecque. Comment une telle bousculade meurtrière a pu se produire à La Mecque? Des organisateurs à Maurice montrent du doigt le non-respect des mesures de sécurité. Mais ce n’est pas là l’unique raison, selon Iqbal Peeraye.

 

Jusqu’ici les corps de quatre Mauriciens ont été identifiés parmi les centaines de morts, un autre Mauricien est, lui, toujours porté disparu. Après la bousculade survenue à Mina, le 24 septembre, le premier à tirer à boulets rouges sur les organisateurs du hadj a été le ministre Showkutally Soodhun.

 

Showkutally Soodhun et le ministre du hadj, jeudi 8 octobre. Il a aussi assisté aux funérailles des Janoo à Mina.

 

Selon des organisateurs, c’est surtout le non-respect des horaires du pèlerinage qui a provoqué cet incident majeur, indiquent-ils. Un des organisateurs, Junaid Emambux, explique que des horaires ont été attribués à chaque pays pour aller faire des rites. «Il y a toutefois des pèlerins qui s’aventurent de leur propre chef», confie-t-il.

 

Les organisateurs sont responsables des pèlerins. Ces derniers sont équipés de téléphones, de badges et aussi de laissez-passer. Ils ont le devoir d’appeler leur chef de groupe lorsqu’ils sont perdus. Les organisateurs leur donnent des directives et leur prodiguent des conseils dès la descente d’avion.

 

Est-ce à dire que ce sont les organisateurs eux-mêmes qui sont responsables de cette bousculade? Fareed Jaunbauccus, membre du board de l’Islamic Cultural Centre (ICC), a une lecture plus tempérée des faits. Selon lui, le problème vient des pèlerins qui ont déjà accompli le hadj auparavant. Etant au courant des rites, ils se sentent souvent assez courageux pour affronter la foule seuls.

 

Suivant cet incident, un organisateur mauricien en particulier est montré du doigt. «Ce n’est pas le seul organisateur dont les pèlerins n’ont pas respecté les horaires», souligne Fareed Jaunbauccus. Mais il poursuit en ajoutant qu’un organisateur devrait avoir assez d’autorité sur ceux dont il a pris la responsabilité.

 

Est-ce que l’ICC a prévu des règles plus strictes pour les organisateurs l’année prochaine ? «Définitivement. Les préparatifs seront plus stricts», indique Fareed Jaunbauccus.

 

«La faute est ailleurs»

 

Iqbal Peeraye, qui était également à La Mecque en 2013, dit, lui, constater que les mesures de sécurité ont été relevées à La Mecque. Il en veut pour preuve le fait qu’il y a eu, par exemple, la construction d’une plateforme au-dessus de la «Kaa’ba» pour mieux canaliser la foule. Et, pour les rites de la lapidation, des chemins distincts ont été construits pour les pèlerins qui y vont et ceux qui sont sur le retour. C’est précisément là où le drame a eu lieu.

 

Les Mauriciens qui s’y trouvaient à ce moment-là ne devaient pas y être, concède Iqbal Peeraye. «Mais la faute est ailleurs.» Il explique que la police a bloqué le chemin du retour à un certain moment. «Il semblerait que des personnalités devaient accomplir les rites aussi.» Les pèlerins qui avaient déjà complété la lapidation symbolique n’ont eu d’autre choix que de revenir par la seule route ouverte.

 

Et le clash entre les deux courants a provoqué la bousculade. Réfugié dans une tente, il a vu des gens qui essayaient d’y grimper avant de tomber dans la foule…