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Rodrigues: «L’indépendance n’est pas dans notre vision politique», dit Serge Clair

13 octobre 2015, 11:37

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Rodrigues: «L’indépendance n’est pas dans notre vision politique», dit Serge Clair
Rodrigues vient tout juste de célébrer la fête de l’autonomie. L’occasion pour le chef commissaire Serge Clair de faire le bilan de ces treize dernières années, de parler des projets pour l’île, mais surtout d’aborder la question de l’indépendance.
 
 
13 ans après avoir accédé à l’autonomie, est-ce que Rodrigues a progressé?
Evidemment après 13 ans, Rodrigues a bien avancé, surtout en ce qui concerne l’écologie, l’agriculture et la pêche. Maintenant, on mise sur l’entrepreneuriat. On veut que les jeunes, après avoir complété leurs études supérieures, retournent dans l’île et créent des entreprises. Il faut éliminer cette mentalité de travailler dans un bureau ou comme enseignant.
 
Rodrigues a les capacités, les moyens et la vision. C’est pourquoi j’ai dit au Premier ministre que l’autonomie de Rodrigues est un exemple dans l’océan Indien, dans le monde entier. L’autonomie c’est l’exemple d’une démocratie, et c’est aussi partager le pouvoir. Le Premier ministre a dit qu’il fera tout pour que cette autonomie soit consolidée et un exemple pour le monde entier. Je pense que c’est possible.
 
Après l’autonomie, Rodrigues envisage-t-elle son indépendance?
Non !! Pas avec nous. Quand j’étais à l’ACP (African, Caribbean and Pacific) Group, j’ai vu des îles dans le Pacifique qui après avoir accédé à l’indépendance, ont été tendre la main à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. Déjà avec l’autonomie, il y a une indépendance. Notamment quand Maurice vous dit que vous connaissez vos affaires, vos priorités, que c’est à vous de tout mettre en pratique. Simplement, il vous donne les finances qu’il faut. C’est cela la première indépendance.
 
L’indépendance c’est quoi ? Couper le cordon avec Maurice? Pour aller où? Etre colonisé par un autre pays? Ce n’est pas dans notre vision politique. Nous sommes contre ça.
 
Les gens ne savent pas ce qu’est l’indépendance. Cela signifie que vous avez tous les moyens, que vous pouvez produire votre propre argent. Est-ce que nous pouvons faire cela? Je ne vois pas. Comment arriver au budget de Rodrigues qui est de presque Rs 2 milliards par an, où aurons-nous cela?
 
Ceux qui parlent de l’indépendance ne pensent pas qu’on puisse travailler ensemble. Maurice nous a donné l’autonomie et nous travaillons ensemble avec le pays, nous partageons nos expériences. Les décisions que nous prenons, nous les partageons avec Maurice. Je pense que cette histoire d’indépendance est dépassée. Je dis que c’est dépassé.
 
Maurice aujourd’hui considère Rodrigues comme une richesse dans la République. Autrefois, ce n’était pas ça. Maurice doit avoir une politique des îles, que ce soit pour Agaléga ou Diego Garcia. Le Premier ministre en a parlé à l’assemblée des Nations unies. Moi je dis qu’il faut que Diego Gracia revienne à Maurice. Tout cela constitue une nouvelle aire de développement, de vision. Il s’agit de regarder vers l’avenir.
 
On a eu à Rodrigues des politiciens qui, parce qu’ils n’avaient pas assez d’argent, ont fait le chantage de l’indépendance. Cela ne marche pas. Il y a même un politicien qui, sur les ondes d’une radio privée, a dit que l’autonomie c’est du Panadol. Alors même qu’ils ont joui de l’autonomie pendant des années. Ils se sont enrichis de cette autonomie. C’est incroyable ce genre de politiciens.
 
La fibre optique, l’agrandissement de l’aéroport et du port sont autant de projets attendus à Rodrigues depuis des années. Les choses bougeront-elles avec le nouveau gouvernement selon vous ?
On a la garantie du gouvernement de sir Anerood Jugnauth. Le ministre des Finances en a parlé aussi. Cela fait partie du développement du territoire. L’île Maurice a le devoir de développer son territoire, de ne pas l’abandonner.
 
Il ne faut pas que Maurice donne l’occasion à certains extrémistes de parler de l’indépendance, de faire du chantage. Le gouvernement mauricien doit montrer que Rodrigues fait partie de son territoire, il doit s’occuper de l’île, de son peuple, de son développement.
 
Sir Anerood Jugnauth dit qu’il faut amender la loi, surtout le système de la proportionnelle. Qu’en pensez-vous?
Oui, il faut amender la proportionnelle. Il ne faut pas que la proportionnelle vienne déranger le vote direct. Je suis d’accord avec Rama Sithanen qui a beaucoup parlé dessus. A Tobago, ils n’ont pas la proportionnelle, et c’est très intéressant. Pour avoir un gouvernement stable pour que pouvoir travailler dans la tranquillité.
 
Il faut aussi s’intéresser à ceux qui font de la politique. Y a-t-il une culture politique? Une morale politique? Quand quelqu’un change de parti, est-ce qu’il pense à ceux qui ont voté pour lui. Qui est suprême dans une élection? C’est le peuple.
 
Ce n’est pas tout le monde qui sait faire de la politique. Sir Anerood Jugnauth a déjà dit que la politique c’est pour servir. Il y a quelqu’un qui a dit que «tou bann decision kinn pran fer recule Rodrigues 50 ans en arrier». Est-ce qu’il y aurait eu la route de l’autonomie, les écoles, l’hôpital? Ce ne sont pas des politiciens. Ils se servent de la politique pour s’enrichir.
 
Il faut faire bien attention aujourd’hui, je ne sais pas si c’est comme cela à Maurice aussi. C’est pourquoi Dev Virahsawmy a toujours dit qu’il faut une culture politique. Mais qu’est-ce que la culture politique? Nous avons lancé une école de formation pour nos militants, pour ceux qui veulent faire de la politique. Il faut qu’ils sachent quelle est la vision politique de l’OPR. La politique nous aide à abandonner notre orgueil ; la politique c’est savoir écouter les gens, servir les gens. En politique, il y a quelque chose qu’on appelle l’humilité. 
 
Paul Bérenger a boudé l’invitation pour la fête de l’autonomie, comment réagissez-vous?
Pas de commentaire.