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Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association (MEXA) : «La logistique et la connectivité, moteurs de compétitivité pour le secteur des exportations»

28 octobre 2015, 09:46

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Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association (MEXA) : «La logistique et la connectivité, moteurs de compétitivité pour le secteur des exportations»
La semaine de la logistique débute le 9 novembre. Cet évènement annuel met pleins feux sur un secteur qui ne dort jamais. Et qui est aujourd’hui confronté à de nouveaux défis, dont les questions de logistique et de connectivité.
 
 
La MEXA organise la semaine de la logistique du 9 au 13 novembre. Quel est l’enjeu de cette initiative ?
La logistique est le poumon de tout commerce. Maurice est un «net importer», soit un pays qui importe une bonne partie de ses produits pour la consommation locale. Mais le secteur de l’exportation rapporte énormément de revenus au pays. Étant un pays davantage tourné vers l’exportation, on ne peut rien faire sans une bonne logistique. D’où l’importance du port et de l’aéroport.
 
Cette semaine de la logistique vise donc à parler du secteur, de ses défis, de la position de Maurice. Par ricochet, nous voulons aussi mener une campagne de sensibilisation auprès des décideurs politiques dans l’optique de changer la donne pour le secteur de la logistique.
 
 
Comment se porte ce secteur qui ne dort jamais ?
Ce secteur est soumis à des facteurs internes mais aussi externes. Le délai de mise en oeuvre est primordial. Le client s’attend à ce que le produit fini soit dans son entrepôt en deux semaines. Or, nous exportons 70 % de nos produits par bateau et 30 % par avion. Il faut se rendre à l’évidence : Maurice est un pays excentré, loin de toutes ses destinations. C’est pour cela que la connectivité et la logistique sont fondamentales.
 
Maurice, par exemple, est en compétition directe avec la Turquie dans le secteur de l’habillement. Ce pays arrive à réduire le délai de mise en oeuvre à une semaine par camion vers les pays européens. Maurice, lui, est 30 à 40 jours de l’Europe. Comment faire baisser ce délai ? La donne doit changer en ce qui concerne la connectivité. C’est pour cela que je maintiens que la logistique et la connectivité sont le poumon du secteur de l’exportation.
 
Qui dit connectivité améliorée dit aussi davantage d’avions. Cela implique-t-il que les exportateurs devront utiliser l’avion comme mode de transport principal ?
Qu’on le veuille ou non, le transport maritime est le moyen qui sera plus le utilisé pour le secteur de l’exportation. Aussi, les clients ont changé leurs habitudes. Ils veulent que les produits soient envoyés directement dans leurs magasins sans engager des frais de stockage.
 
D’ailleurs, la création d’une compagnie aérienne régionale va booster nos capacités. Actuellement, il faut attendre 35 jours à 40 jours avant qu’un navire cargo n’atteigne Mombassa (Kenya). Alors qu’un navire qui part de Maurice aurait atteint la destination en 10 jours. Voilà comment la compagnie aérienne régionale, qui a une capacité de fret, peut nous aider à être compétitifs. Une plus grande fréquence aérienne va rendre Maurice plus compétitif en termes d’exportations.
 
Comment cette compagnie aérienne peut-elle être bénéfique au secteur de l’exportation ?
À chaque fois le gouvernement négocie des accords, on réclame aussi la capacité de fret. Tout comme cette compagnie aérienne régionale, il faut avoir la capacité d’exporter vers nos marchés. À titre d’exemple, les Seychelles sont notre troisième plus gros marché régional. Si la compagnie aérienne pouvait desservir les Seychelles en une heure ou une heure et demie, les opérateurs seraient au top. Cela donnerait une avance sur les compétiteurs.
 
Les importateurs des Comores, de Madagascar et d’autres pays de la région viennent acheter à Maurice. Rallier ces pays grâce à cette compagnie sera bénéfique au secteur.
 
Autre segment de ce secteur en plein boom : l’ecommerce. La logistique jusqu’ici se montrait timide ; est-ce pour cela que ce secteur n’a pas décollé à Maurice ?
La Chine et l’Inde sont des acteurs important de l’e-commerce. Pourquoi ? Ils ont une belle logistique derrière leurs sites de vente en ligne. Pour que le secteur à Maurice décolle, il faut un service de logistique performant et un système bancaire sécurisé. Ce sont les deux ingrédients. Les opérateurs ont déjà réfléchi à cela. Les grandes marques ont un magasin et un site d’e-commerce. Les deux sont complémentaires. Pour que l’ecommerce décolle à Maurice, il faut attendre que les moeurs des consommateurs évoluent.
 
L’un des thèmes de cette semaine de la logistique est de faire de Port-Louis un hub. Le concept de smart city entre-t-il aussi en jeu ?
Le port de Port-Louis, est l’un des plus efficaces de cette partie du monde. Les opérateurs sont très excités à l’idée des développements annoncés dans le projet de smart city dans la capitale. Nous souhaitons davantage d’engagement du gouvernement.
 
Mais n’est-ce pas au secteur privé, c’est-à-dire à vous les opérateurs, de prendre les devants pour des investissements dans la logistique et l’infrastructure ?
Le gouvernement doit présenter un plan et un cadre légal au sein duquel les développements devont s’articuler. Le gouvernement doit pouvoir dire ce qu’il va faire dans cette région. Nous avons besoin d’une certaine visibilité. Il faut investir et voir des infrastructures. La MEXA a cru comprendre qu’il y aura un pont entre la smart city de Jinfei et l’actuel port franc. Nous sommes partie prenante de toutes les instances pour le développement du port.
 
La liste des smart cities s’allonge. Quel sera le rôle des opérateurs dans ces développements à venir ?
La logistique fait partie intégrante de toutes les sphères économiques. Les smart cities auront aussi besoin de connectivité. Mais aussi d’un secteur de logistique propre à chaque projet intégré, d’autant plus que ces villes d’un nouveau genre vont sortir de terre durant les trois prochaines années. On est en train de préparer le terrain pour elles.