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Questions au… Dr Reuben Veerapen, chef de service de chirurgie thoracique et vasculaire à la Réunion

29 octobre 2015, 13:02

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 Questions au… Dr Reuben Veerapen, chef de service de chirurgie thoracique et vasculaire à la Réunion

Un congrès de chirurgie thoracique et vasculaire se tiendra entre le 30 et le 1er novembre à l’hôtel Hilton. Selon le Dr Reuben Veerapen, chef de service de chirurgie thoracique et vasculaire à la Réunion, celui-ci a pour but de faire connaître les techniques nouvelles et qui seront amenées à se pérenniser aux médecins.

 

Vous organisez un congrès de chirurgie thoracique et vasculaire pour l’océan Indien entre le 30 octobre et le 1er novembre à l’hôtel Hilton. Quel en est le but ?

Nous en sommes à notre septième congrès. Les deux premiers ont eu lieu à la Réunion et les cinq autres à Maurice. Le but est de faire connaître les techniques nouvelles et qui seront amenées à se pérenniser, lesquelles existent à un maximum de médecins possibles. Mais aussi de vulgariser les recommandations internationales médicales de 2015 ayant trait au diabète, à l’hypertension et aux pathologies vasculaires, émises par les sociétés savantes.

 

Ces congrès permettent à tout le monde de se remettre à niveau, les spécialistes comme les généralistes. C’est également l’occasion pour les praticiens des îles de l’océan Indien de se rencontrer et d’échanger sur leurs pratiques quotidiennes en accord avec les réalités de chaque pays.

 

En quoi les généralistes sont concernés par la chirurgie thoracique et vasculaire ?

 

Ils sont en première ligne et assurent le dépistage. Ce sont eux qui font le plus gros du boulot. Pour moi, opérer doit être le dernier recours. Si l’on peut traiter par des médicaments et avec les techniques les moins invasives possibles, c’est mieux. Le plus important, c’est ce qui est fait en amont.

 

Combien de spécialistes et de généralistes assisteront à ce septième congrès ?

 

Sur les 180 qui viennent au Hilton, il y a 100 spécialistes et 80 généralistes. Les présentations-interventions dureront 10-12 minutes et doivent être dynamiques. Parmi ces médecins, il y a des sommités au niveau mondial en cardiologie, en chirurgie vasculaire, en néphrologie et en endocrinologie.

 

Vous évoquiez les nouvelles techniques dans votre discipline. Lesquelles ?

Il faut faire un tri. Chaque année, il y a quatre à cinq médicaments ou dispositifs médicaux qui sortent sur le marché mais peut-être un seul sera pérenne. Une des nouveautés est l’utilisation d’endoprothèses fenêtrées pour le traitement des anévrismes complexes de l’aorte. Ce qu’il faut savoir, c’est que jusque dans les années 90, on ouvrait au niveau du ventre et du thorax pour traiter un anévrisme, qui est une dilatation anormale de l’aorte avec des risques de rupture, d’hémorragie et de décès.

 

L’endoprothèse existe depuis 1992. On l’a fait monter à travers l’artère fémorale pour la déployer dans l’aorte. Cette prothèse s’est grandement améliorée de nos jours. Elle est plus adaptée à la morphologie du patient. Elle est calibrée au millimètre près, notamment pour les endoprothèses fenêtrées. Il faut alors une commande spécifique de six à huit semaines avant qu’elle ne soit livrée. En France, 200 endoprothèses fenêtrées aortiques sont subventionnées et remboursées et si la limite est atteinte, soit le patient attend, soit il demande une dérogation pour en obtenir une. L’endoprothèse fenêtrée est très coûteuse, soit 20 000 euros alors que le tube conventionnel coûte entre 5 000 et 10 000 euros.

 

Quelle est l’incidence des ruptures d’anévrisme de l’aorte en France et à la Réunion où vous vivez et travaillez ?

Il faut savoir que 80 % des personnes qui font une rupture d’anévrisme de l’aorte décèdent quand elles sont prises en charge. Un patient sur deux n’arrive pas vivant à l’hôpital, un patient sur deux arrive à l’hôpital mais ne sort pas vivant de la salle d’opération, un patient sur deux ne se réveille pas en salle de réanimation et un sur deux ne quitte pas l’hôpital vivant. Tout cela totalise 80 % de décès. En France, la rupture d’anévrisme est la 17e pathologie de toutes les causes de mortalité et à la Réunion, elle est plus fréquente car il y a un déficit de dépistage.

 

Comment se fait ce dépistage ?

Par une simple échographie abdominale. Il arrive aussi que la découverte soit fortuite sur des personnes de plus de 55 ans qui vont faire un scanner pour une autre raison (douleur abdominale, problème prostatique). Le dépistage doit se faire sur les hommes de plus de 60 ans, fumeur et/ou ayant un antécédent familial d’anévrisme.

 

Qu’ont permis ces congrès jusqu’ici ?

Ces congrès ont permis aux différents médecins de mieux dépister la maladie et de prendre en charge les patients et dans certains cas, de les référer aux spécialistes au bon moment. Nous le voyons d’année en année. L’an dernier, nous avons lancé un projet de télémédecine qui a fait que les malades ont été référés plus tôt, qu’ils ont été mieux pris en charge et que des amputations diabétiques ont été évitées.

Ces congrès servent de formation continue. Ils permettent de vulgariser les traitements et de les mettre à la disposition des médecins pour qu’ils puissent les mettre en pratique. Le mot d’ordre de cette rencontre est que les médecins aient un take home message facile.

 

Vous venez consulter régulièrement à Maurice ?

 

Je viens à Maurice deux à trois jours par mois pour consulter et opérer quand il le faut à Fortis Darné. J’ai établi une collaboration avec le Dr Guy Adam, chirurgien très connu à Fortis Darné qui fait preuve d’une honnêteté intellectuelle et chirurgicale rare de nos jours.