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Ils ont du métier: Sunita au pays des «mervey»

31 octobre 2015, 13:35

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Ils ont du métier: Sunita au pays des «mervey»

Paysages grandioses. Nature, verdure, de quoi inspirer des brochures. Il y a le ciel, le soleil et la mer. Au beau milieu de tout ça, une marchande de mervey. Sa roulotte, Sunita Baichooa, âgée de 40 ans, l’a installée du côté du Mahébourg Waterfront. Et elle a pignon sur rue. Ses galettes de farine et sa «sauce secrète» font sensation. Palais et papilles les réclament. 

 

La pub, elle n’en a pas besoin. Cela fait 18 ans qu’elle est dans le métier. La mécanique est bien rodée. Ce n’est pas pour autant qu’elle a perdu de son authenticité. En témoigne le sourire franc, chaleureux. «Mo ti pé vann letsi avan mé sov souri tro fer déga. Lerla, mo finn koumans vann frwi konfi, coco. Ek sirtou mervey…» 

 

Mais ce n’est pas elle qui les prépare, avoue d’emblée Sunita. Elle ne fait que les revendre. Mais les mervey ne seraient pas aussi merveilleuses sans son fameux satini tamarin. Pour la recette, pas la peine de la cuisiner, il s’agit d’un secret d’État. 

 

La journée de travail de Sunita démarre à 8 heures tapantes. Le matériel est déballé, les mervey installées, des noix de coco empilées. Armé de son sabre, à côté, Amir, l’époux de la quadragénaire, s’attelle d’ailleurs à leur couper la tête. «Bizness-la pou mwa sa, mo bolom vinn donn mwa enn koudmé sirtou dan samdi, dimans. Li sofer taxi li…»  

 

Bon, on l’a compris ; le patron, ici, c’est Madame. Qu’en est-il du chiffre d’affaires? Le compte en banque est-il merveilleusement bien garni? «Non, mé nou fer sakrifis ek lékonomi. Nou rési trasé é nou viv byen.» D’autant plus que Sunita et Amir ont quatre enfants, âgés de 23, 18, 12 et sept ans. Et qu’aucun d’entre eux n’a l’intention de reprendre le business. La raison étant que «bann zanfan péna pasians pou fer sa travay-la».

 

Quant à elle, son travail, elle ne le quitterait pour rien au monde. Même si tout n’est pas rose tout le temps. Il lui arrive, par exemple, de croiser la route de quelques malpolis. «Éna dimounn péna manyer kozé. Mé ki pou fer? Enn sans, la plipar klian korek.» 

 

Autour de la roulotte, un petit groupe de personnes s’est amassé. Ça discute ferme. La politique, les problèmes de voisins, les événements qui auront lieu dans le coin, tout y passe. «C’est ce qui fait aussi le charme de ce métier», renchérit Sunita. Les petites séances de palab, c’est ce qui permet de resserrer les liens, d’avoir des idées ou des feedback sur le business.

 

 Et, si l’on en croit les clients, les potins auraient meilleur goût quand ils sont accompagnés de mervey.