Publicité

Pourquoi les filles ont mieux réussi le CPE?

2 novembre 2015, 17:45

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Pourquoi les filles ont mieux réussi le CPE?

A l’école, les filles sont plus performantes que les garçons. Eh oui, c’est un fait. Du Certificate of Primary Education (CPE) à l’université, elles raflent tout: meilleur taux de réussite aux examens et meilleures mentions. Pour le CPE, l’écart est même considérable : il était de 13 points l’an dernier.

 

 

«Depuis de nombreuses années, l’écart  est réel et ne se dément pas», confirme-t-on au Mauritius Examinations Syndicate. Mais personne ne se risque à donner une «explication scientifique» à ce phénomène quasi-universel.

 

«C’est une énigme», affirme humblement le président de la Government Hindi Teachers’Union (GHTU), pour qui «on manque d’études poussées sur la question». C’est de moins en moins vrai. 

 

Plusieurs travaux sur le cerveau, notamment, ont démontré que les hommes et les femmes ne l’utilisent pas de la même manière. Ainsi, la capacité spécifique des petites filles, plus précoces dans leur aptitude à parler et moins touchées par les troubles du langage (trois fois plus de dyslexie ou de bégaiement chez les garçons), serait liée à leur aptitude à mieux utiliser leur hémisphère gauche. «Il y a certainement plus de différences de fonctionnement cérébrales qu’on ne le sait encore, on n’en est qu’au début des investigations sur le cerveau. Mais cette explication purement médicale ne peut, à elle seule, justifier la réussite des filles à l’école», note un pédiatre de Floréal. 

 

Plus dociles

 

Autre piste : les parents. Pour la chercheuse française Béatrice Vincent, auteure de Filles = garçons? (Autrement Jeunesse, 2001), la manière dont les filles sont éduquées correspond plus à ce que l’on attend d’elles à l’école. «De manière parfois inconsciente, leurs parents attendent qu’elles soient plus dociles, plus obéissantes que les garçons. Des atouts comportementaux qui vont leur servir en classe.» Ce que confirme Michaël Atchia. Pour ce spécialiste des questions d’éducation – ancien enseignant au Queen Elizabeth College (QEC) notamment –, «l’humilité» est plus souvent du côté des filles. «Elles savent s’accrocher aux conseils du prof pour progresser, alors qu’un garçon de 15 ans aura plus tendance à se braquer, un peu par arrogance. Le résultat, c’est que les filles avancent plus vite.»

 

Un rapport de l’OCDE(1) paru en mars dernier abonde dans le même sens. On peut y lire que «de nombreux garçons s’approprient un modèle masculin véhiculant le non-respect de l’autorité et de la réussite dans le cadre institutionnel». D’où des différences d’engagement vis-à-vis de l’école et des activités privilégiées en dehors du temps scolaire. «Je ne pourrais pas le démontrer, mais les garçons consacrent probablement moins de temps à lire que les filles ; ils passent en revanche plus de temps devant Internet, les ordinateurs et les jeux vidéo», observe la responsable d’une association de parents d’élèves.

 

Des filles plus littéraires et studieuses, des garçons plus indisciplinés et moins scolaires… Pour Beti Peerun, ce ne sont pas là que des poncifs. Pendant plus de trente ans, elle a enseigné la littérature anglaise au collège Lorette de Curepipe. «J’ai connu des jeunes filles peu brillantes au collège qui ont fini par réussir des études universitaires de haut niveau. C’est peut-être une question de maturité, de motivation, de détermination.» Cette anecdote ne dit pas autre chose: «Un jour, une élève de Form VI a écrit sur sa copie : ‘Ma maison idéale sera loin d’ici et remplie de souvenirs mauriciens’.  Vous savez  ce qu’est devenue cette fille ? Elle vit en Australie ou elle termine son PhD…»

 

Une réussite purement scolaire

 

Cruel paradoxe, les filles ne profitent pas de leurs bonnes notes. Après, tout se creuse en leur défaveur: les diplômes les protègent moins du chômage, elles ont moins de postes à responsabilité, moins de bons salaires.

 

 

Une Mauricienne est payée en moyenne 25% de moins qu’un Mauricien, selon Statistics Mauritius. Maigre consolation: cet écart était de 31% en 2012…

 

(1) : « L’égalité des sexes dans l’éducation : Aptitudes, comportement et confiance », PISA, Éditions OCDE.