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La réalisatrice de «Mustang» «court après» le succès de son film jusqu'à Hollywood

11 novembre 2015, 09:07

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La réalisatrice de «Mustang» «court après» le succès de son film jusqu'à Hollywood
La réalisatrice de «Mustang» n'en finit pas de courir après le succès fulgurant de son premier long-métrage, l'épopée de cinq soeurs rebelles dans un village de Turquie: après avoir triomphé à Cannes, la voici à Hollywood à la poursuite d'un Oscar.
 
"Il y a un moment où les films décident pour eux-mêmes. Mustang a tracé son chemin, je suis en train de courir derrière", a raconté Deniz Gamze Erguven à l'AFP, à Los Angeles, où elle est venue présenter son oeuvre au festival AFI Fest.
 
La réalisatrice de 37 ans et son film, qui a fait sensation au dernier festival de Cannes, vont représenter la France aux côtés de 80 autres films et pays dans la course à l'Oscar du meilleur film étranger.
 
C'est la deuxième fois seulement dans l'histoire de cette compétition que la France propose un film non francophone, après "Orfeu Negro" de Marcel Camus, tourné en portugais, qui avait décroché la prestigieuse statuette dorée en 1960.
 
"La France a misé sur nous donc c'est une grosse responsabilité", reconnaît, d'une voix douce, l'éloquente jeune femme brune au visage fin.
 
"C'est d'autant plus touchant que j'ai une relation complexe à la France. C'est un choix très fort et moderne, ça dit beaucoup à quoi ressemblent nos identités" aujourd'hui, poursuit celle qui a grandi entre la France, dont elle vient d'obtenir la nationalité, et la Turquie, où elle est née.
 
La globalisation, le métissage se ressentent sur toute la société et le cinéma en est le reflet, remarque-t-elle. "On arrive maintenant à accepter qu'on a des cultures beaucoup plus complexes", souligne la cinéaste, qui affirme qu'en France "il y a 10 ans, il n'y avait que des films qui se passaient en bas de chez soi".
 
L'Oscar, "c'est la récompense ultime du cinéma américain", alors "il y a pour moi le désir d'être à la hauteur, d'être un bon petit soldat", sourit-elle.
 

'Expérience extrêmement heureuse'

 
Elle aura face à elle notamment "Le fils de Saul", du Hongrois Laszlo Nemes, ou "Le tout nouveau testament", du Belge Jaco Van Dormael.
 
La Turquie, qui aurait pu choisir "Mustang", bijou cinématographique, ne l'a pas fait, lui préférant "Sivas", de Kaan Müjdeci.
 
"En Turquie, les réactions ont été très partagées, très émotionnelles, en bien et en mal. On m'a prêté des intentions que je n'avais pas", souligne-t-elle.
 
Comme le cheval fougueux qui lui prête son nom, symbole du désir de liberté de ses héroïnes, "Mustang" a emmené sa réalisatrice dans une folle aventure: "ça a été une ligne droite entre le premier jour de tournage et aujourd’hui, alors à chaque étape, je fais de mon mieux".
 
Mais "le film a vraiment trouvé son public, et ça c'est une expérience extrêmement heureuse", se réjouit-elle.
 
Elle connaît bien Los Angeles pour y être venue régulièrement pendant trois ans lorsqu'elle travaillait sur un scénario sur les émeutes de 1992.
 
Aujourd'hui, "c'est encore un nouveau chapitre" qui s'écrit entre elle et la Cité des anges. "Je crois qu'on a des histoires d'amour avec les villes", dit-elle: si elle décrit "un truc de vieux couple" avec Paris, elle a pour Istanbul comme Los Angeles des sentiments "passionnels".
 
Tandis que l'odyssée de "Mustang" est encore loin d'être terminée (le film sort aux Etats-Unis le 20 novembre), la cinéaste travaille sur plusieurs projets sans savoir encore lequel va prendre vie en premier: "Il y a un moment où il y en a un qui va passer devant, et il tracera son chemin. Le simple fait que (Mustang) existe me donne beaucoup de force pour le suivant".