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Création d’emplois: l’«inaction» du privé irrite le gouvernement

2 décembre 2015, 20:50

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Création d’emplois: l’«inaction» du privé irrite le gouvernement

50 300 chômeurs dans le pays. Ce chiffre fait tiquer le gouvernement, qui s’attend à plus d’efforts du secteur privé afin de renverser cette situation, voire tendance, inquiétante. Et ce, eu égard à la création d’emplois dans le cadre de la Vision 2030. En effet, récemment, une réunion s’est tenue à très haut niveau à l’hôtel du gouvernement. Il nous revient que l’État n’est pas du tout satisfait du «response» du secteur privé en termes de recrutement, surtout après le momentum créé par le discours du Premier ministre (PM), l’Economic Vision Statement, prononcé en août à Ébène.

«À la mi-décembre, une rencontre présidée par le PM sera organisée avec les principaux acteurs du secteur privé. Nous espérons que cette réunion leur permettra de mieux cerner les attentes du gouvernement et que des emplois seront créés», fait-on valoir dans les milieux concernés. Et d’ajouter que la réussite de la Vision 2030 repose massivement – mais pas exclusivement – sur la collaboration du secteur privé.

À l’hôtel du gouvernement, on avance ne pas être «du tout satisfait» des efforts déployés par  le privé par rapport à l’objectif prioritaire : la création d’emplois. «L’État a créé des conditions favorables au secteur privé. Par exemple, malgré le nombre de plaintes reçues par rapport à la gestion des fonds CSR, l’État a donné carte blanche au privé. Les opérateurs peuvent financer les projets qu’ils souhaitent», souligne une source autorisée. Et de citer un autre exemple: le Fast Track Committee du Board of Investment (BOI) pour faciliter la mise en oeuvre de projets ou encore le feu vert pour de nouveaux projets hôteliers.

 

«La performance du secteur privé sera observée pendant quelque temps. Si aucune amélioration n’est notée, il est fort probable que l’État vienne de l’avant avec de nouvelles mesures»

 

«Le gouvernement a montré sa bonne foi mais jusqu’à présent, la création d’emplois dans le privé reste timorée. Où sont les jobs dans les secteurs manufacturier, informatique ou encore touristique ?» s’interroge-t-on à l’hôtel du gouvernement. De faire ressortir que le Youth Employment Programme (YEP) ne serait pas exploité par le secteur privé, bien que l’État finance 50 % des salaires. « Au final, c’est l’État qui recrutera 1 000 fonctionnaires sous le YEP. Ils seront placés dans divers ministères. Ce sera un petit soulagement pour les diplômés chômeurs», avance-t-on.

Dans les milieux concernés, l’on déclare que l’issue de la réunion de ce mois-ci avec les partenaires du privé s’annonce cruciale. «La performance du secteur privé sera observée pendant quelque temps. Si aucune amélioration n’est notée, il est fort probable que l’État vienne de l’avant avec de nouvelles mesures», fait-on valoir. Quid de ces mesures? Pour l’heure, on ne souhaite pas en dire plus du côté de l’État mais tout laisserait croire que ces «mesures» ne seraient pas que du positif pour le privé…

Interrogé par l’express, Gregory de Clerck, Chief Executive Officer de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice, affirme qu’avec la croissance touristique et l’occupation dans les hôtels en ce moment, les hôteliers ont recruté du personnel. «Les hôteliers continuent à recruter. Plus de clients équivalent à plus d’emplois», fait-il remarquer.

Autre son de cloche du côté d’Amar Deerpalsing, président de la Fédération des petites et moyennes entreprises (PME). Il soutient que parmi les mesures annoncées par l’État pour ce secteur en début d’année (création d’une banque pour les PME, création d’une One Stop Shop, entre autres), aucune n’a été concrétisée. «Jusqu’à présent, rien de concret n’a été fait. Sans oublier que le taux de croissance économique annoncé par le gouvernement, soit de 5,5%, a été revu à la baisse et souvent remis en question», constate-t-il. Et d’ajouter que les coûts d’opération, tels que celui de l’électricité, n’ont pas changé malgré le fait que les prix du pétrole et du charbon aient chuté. «Le niveau de confiance parmi les investisseurs du privé est au plus bas et il y a aussi pas mal de pertes d’emplois.»