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Rani Purbhoosing: Elle se faufile entre les obstacles de la vie

13 décembre 2015, 12:42

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Rani Purbhoosing: Elle se faufile entre les obstacles de la vie

 

Depuis quelques mois, Rani Purbhoosing ne va plus se coucher le cœur gros en se demandant de quoi ses lendemains et ceux des siens seront faits. Car elle sait que très bientôt, et grâce à la machine à coudre industrielle offerte par le groupe Rogers dans le cadre du programme social OLEA, elle pourra coudre des rideaux et les vendre…

Rani Purbhoosing, 35 ans, vit avec son mari Sawan, de cinq ans son aîné et leurs deux petites filles de dix et cinq ans respectivement, dans la maison de feu ses beaux-parents, dans l’ancien village théier de Vuillemin, à Alma. Depuis que son mari, qui travaillait dans une teinturerie d’une grosse usine textile, a eu un accident de travail et qu’il a pratiquement perdu l’usage d’une de ses mains, il tente de louer ses bras comme saisonnier. Des jours, ça fonctionne, d’autres pas.

Et elle qui, avant son mariage, travaillait comme clerc dans une usine textile puis pour un fabricant de détergents avant que les produits ne lui donnent la nausée, a dû chercher un autre travail. Assistante de chauffeur dans un van scolaire, laboureur dans un champ de cannes, plongeuse dans les mariages ou encore bonne sont autant d’occupations qu’elle a exercées depuis qu’elle est venue vivre à Vuillemin. «Se-t-enn lavi stress», reconnaît-elle.

Des rideaux qu’elle écoule à… Rs 10

Disposant d’une machine à coudre manuelle, cadeau reçu de la grand-mère de son mari, Rani, qui s’y entend un peu, coud des rideaux qu’elle écoule à… Rs 10. «Dan lé zanviron, personn napa pou pay rido pli ser ki sa. Lané passé, Rs 25 monn gagné pou enn rido. Mé sé maximum ki mo kapav gagné.»

Les temps peuvent être tellement durs que Rani et Sawan ont adopté la culture de «nou débrouyé», vivant au jour le jour et «seki éna nou manzé samem». Le «samem» se résumant souvent à un curry de gros pois avec des faratas. Pas très nourrissant tout cela pour eux et les petites mais comment faire autrement ? Et lorsque les fonds de tiroirs sont vides, la famille de Rani, qui habite à Rivière-du-Poste, et ses belles-sœurs, qui ne sont pourtant pas fortunées, «trasé ek zot donn nou». À ces soucis s’ajoute le fait que la toiture de leur maison se transforme en passoire à chaque grosse averse.

Rani et les siens ne se doutent pas que leur vie va changer lorsqu’ils reçoivent la visite de quatre femmes, dont la travailleuse sociale Dominique Legris. C’était il y a 16 mois. Ces femmes ont été recrutées dans le cadre du projet OLEA du groupe Rogers et ont la responsabilité de sonder leurs besoins. Après leur avoir parlé du programme social OLEA, Dominique Legris et les accompagnatrices évoquent la possibilité de rendre leur toit étanche et de leur faire obtenir un buffet pour ranger leurs courses. Mais ce qu’il manque cruellement à cette famille, c’est une activité génératrice de revenus.

Des travailleuses sociales lui proposent des cours dans un centre de coupe

Réalisant que Rani sait coudre, elles lui proposent trois mois et demi de cours dans un centre de coupe à Belle-Rose. Cours qui coûtent Rs 12 000 et que le programme social OLEA prend en charge. Elles se gardent bien de lui dire qu’elle se verra offrir une machine à coudre industrielle qui dans le commerce se vend à Rs 14 000.

Rani se rend régulièrement aux cours de coupe et de couture. Lorsque l’argent de transport lui fait défaut, elle est aidée par sa belle-famille ou encore par ses voisins. Comme il lui faut du matériel pour la pratique, elle n’hésite pas à sacrifier certains de ses saris. Outre la confection de rideaux, elle apprend aussi à fabriquer des embrasses et autres décorations en tissu. Son examen final est prévu le 15 décembre. Rani s’applique car elle veut avoir son petit business.

Le don de la machine industrielle représente pour elle une grosse surprise. «Kouma dir enn loteri ki monn gagné», répète-t-elle, encore incrédule. Elle ne peut toutefois pas commencer à l’utiliser car l’installation électrique de la maison doit être revue sous peine de causer un court-circuit. «Nou pé atann larzan pou sanz difil.»

«Rogers finn ouver mo lespri»

Elle comptait sur l’argent que Sawan aurait ramené à la maison mais celui-ci n’a pas eu de travail pendant deux jours. «Pa kapav servi li pou linstan.» Elle l’a donc recouvert d’un tissu provenant d’un sari et la couve de temps à autre des yeux, comme un trésor. Rani ne connaît pas très bien son maniement mais elle compte apprendre de sa belle-soeur et même de son mari. «Bannla (NdlR : le groupe Rogers) inn fer mwa bouz divan. Zot finn ouver mo lespri.»

Dès qu’elle sera en mesure d’utiliser la machine à coudre industrielle, elle compte fabriquer des «prototypes» de rideaux et demander à Sawan aller faire du porte-à-porte chez des particuliers et des magasins et même se rendre à la foire. Et si les affaires marchent, Rani pense déjà à la possibilité de transformer son petit salon en atelier de couture. «Pou mwa, se enn trézor ki mo finn gagné. O mwin nou finn trouv enn simé pou nou kapav ariv divan…»

Le programme social OLEA tire 42 familles de la pauvreté

Belle initiative que celle du groupe Rogers et du «Decentralised Cooperation Programme» (DCP) de l’Union européenne que d’avoir mis en place un programme psychosocial pour extraire de la pauvreté une quarantaine de familles vivant dans le district de Moka, soit à Dagotière, Alma, Vuillemin et Bonne-Veine. Ces familles, sélectionnées à partir du registre social, ont été encadrées par 10 travailleurs sociaux qui ont travaillé en binôme, à savoir un mentor et son protégé, ce dernier ayant une bonne expérience de la région.

Chaque binôme a ainsi encadré les familles. Huit d’entre elles ont abandonné le programme, quatre en raison d’un déménagement et quatre autres par manque d’intérêt. Sur 16 mois, les 42 familles restantes ont été aidées et soutenues grâce à des cours de formation, d’alphabétisation fonctionnelle et financière, ou grâce à un suivi psychosocial. Une famille a d’ailleurs réussi à obtenir une maison de la NHDC tandis que huit autres attendent leur tour. Et 18 maisons ont été rénovées. Le groupe Rogers a injecté Rs 2 136 400 dans ce programme tandis que la DCP y a mis Rs 3 287 848.