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Accord de la COP21: ce qu’ils en pensent
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Accord de la COP21: ce qu’ils en pensent
Quelles conclusions tirer après la signature de cet accord «historique» des 195 États réunis en marge de la COP 21? Jean-Claude de l’Estrac, Khalil Elahee et Ameenah Gurib-Fakim nous livrent leurs impressions...
Khalil Elahee, Associate Professor à l’université de Maurice
«Il faut que cet accord ne soit pas une fin en soi. Pour moi, c’est le début d’un avenir différent, vers une meilleure conscientisation de notre consommation énergétique, du moins si on arrive à mettre en pratique tout ce qui a été promis. Nous avons du pain sur la planche. Tout est à faire.
Concernant le plancher de 100 milliards de dollars que les pays du Nord ont promis à ceux du Sud, c’est un flou total. Je me demande comment on va réunir ce montant et comment on va le distribuer.
L’accord prévoit également de limiter la hausse des températures à 1,5 °C mais à ce jour on en est à environ 3 °C et cela malgré tout ce qui avait été promis avant. Pour y arriver, il y a urgence. Il faudrait que 80% des énergies fossiles restent sous terre, mais comment faire cela d’ici 2025 ?
Beaucoup va dépendre non seulement des gouvernements mais surtout du secteur financier et des multinationales. Je pense qu’on pourrait aller plus rapidement en agissant auprès des collectivités locales. Il y a beaucoup de promesses, mais tout reste à faire. Il faut que les pays mais aussi le secteur privé et les consommateurs assument leurs responsabilités.»
Ameenah Gurib-Fakim, présidente de la République
«Je suis satisfaite de l’accord présenté sur le climat car c’est la première fois qu’on a eu un accord et les politiciens ont écouté les scientifiques. Leurs recommandations ont été prises en compte. Pour les pays comme Maurice, l’idée est maintenant de monter des projets afin de bénéficier du fonds vert. C’est un accord historique et le monde est rassuré. Le changement climatique ne se limite pas aux émissions de carbone mais inclut la dynamique agricole, la santé et la sécurité alimentaire, entre autres. Si cet accord est respecté par tous les pays, je dirai que nous n’avons pas le choix. Une année de retard sur la mise en oeuvre des mesures préconisées peut causer des dégâts et un pays peut générer de la croissance en utilisant de l’énergie propre.»
Jean-Claude de l’Estrac, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI)
«Je reconnais que c’est un accord historique qui a fixé des objectifs extrêmement ambitieux et qui a mis en place un mécanisme afin de s’assurer que ses buts sont atteints dans les temps avec une méthodologie de contrôle des États par rapport aux engagements qu’ils prennent. C’est un accord ambitieux parce que cela ramène au plaidoyer des petits États insulaires en développement qui ne voulaient pas se contenter de l’objectif de 2 °C et qui avaient milité pour chercher à atteindre l’objectif de 1,5 °C qui est absolument vital pour la survie de certains des petits États. C’est une victoire pour ces derniers.
Sur ce chapitre, il faut reconnaître que la communauté internationale accepte l’idée qu’il faille considérer les petits États qui sont les premières victimes du dérèglement climatique alors qu’ils n’ont aucunement contribué à cette situation. Ils bénéficient ainsi d’un traitement spécifique et différencié.
Dans l’accord, il est convenu que les États développés feront un effort particulier pour aider les pays les plus vulnérables, notamment avec l’accès au fonds spécial de 100 milliards de dollars qui a été mis en place. Donc c’est un accord qui s’installe dans la durée.
Maintenant, les pessimistes craignent que les États, après avoir pris des engagements, ne rechignent à les respecter. Soyons plutôt optimistes, je crois que le monde entier : les politiques, la société civile, les ONG, tout le monde reconnaît l’impérieuse nécessité de cet effort.
Nous, au niveau de la COI, sommes très heureux que plusieurs de nos préoccupations soient prises en compte. Dans les jours qui viennent, je me propose de mettre sur pied une unité qui devra éplucher totalement cet accord et trouver comment mettre en place un programme d’aide aux États membres, notamment de leur faciliter l’accès au fonds disponible et respecter les engagements que les États ont pris.
Nous l’avons fait d’ailleurs, j’ai participé personnellement à une table ronde avec les représentants des Caraïbes et du Pacifique. Nous allons travailler ensemble, nous avons des enjeux communs et nous allons partager nos expériences de manière à faire à ce que les choses avancent. C’est maintenant que tout commence.»
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