Publicité

Sécurité routière : femmes au volant = moins d’accidents au tournant ?

17 janvier 2016, 19:03

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Sécurité routière : femmes au volant = moins d’accidents au tournant ?

Avis aux machos. Ceux dont le passe-temps préféré est de balancer des insultes à la tête des conductrices. Ils vont rire jaune. Les chiffres leur balancent un uppercut, voire un direct du gauche, droit dans les dents. En effet, même si les représentantes de la gent féminine sont bien moins nombreuses à avoir leur permis, elles sont aussi très rarement impliquées dans des accidents fatals. Pourquoi et comment ? Embrayons.

Pour une fois, démarrons sur les chapeaux de roues. Pour Manoj Rajkoomar, secrétaire de l’Association des moniteurs d’auto-écoles, «conduire c’est bien mais savoir se conduire sur la route, c’est autre chose». Et, s’il concède que les conductrices sont moins nombreuses, n’empêche que, «quand on compare le ratio, il est clair qu’elles sont aussi moins nombreuses à être impliquées dans des accidents».

Les atouts des as (au féminin) du volant : la prudence, le calme, la vigilance, une bonne maîtrise du code de la route. Mais aussi et surtout l’absence de testostérone. «Bann madam pa fou dézord lor simé. Zot pa rod lager !» souligne Manoj Rajkoomar, qui conseille aux «mâles dominants» qui aiment rouler des mécaniques de contrôler leur road rage ou leur furieuse envie de se transformer en pilote de Formule I.

D’autre part, il y a de plus en plus de femmes qui passent aujourd’hui leur permis, que ce soit pour pouvoir piloter des deux-roues ou conduire des voitures à bon port. Les mœurs ont passé la quatrième et ces demoiselles et dames «prennent le volant quand le conjoint a décidé de consommer de l’alcool, par exemple. Un permis est devenu une chose pratique et essentielle, leur permettant de se rendre au travail, de faire leurs courses ou d’aller déposer les enfants à l’école». Il y a également celles qui, selon lui, «trouv zot kamarad kondir é ki anvi fer parey !»

LAM DIBWA

 

Changeons de direction. Feu rouge en vue. Barlen Moonsamy, auteur du Guide complet du conducteur, tempère quelque peu l’ardeur qui carbure au féminisme. «Il y a quelque 500 000 détenteurs de permis sur nos routes contre quelque 52 000 chez ces dames…» Raison pour laquelle, avertit-il, il faut relativiser et bien analyser les chiffres qui démontrent que les femmes sont moins souvent impliquées dans des accidents fatals.

Toujours est-il qu’elles sont définitivement, en général, plus prudentes que les hommes au volant. «C’est un trait de caractère de la femme, elle prend moins de risques que l’homme, qui lui, est sujet aux poussées d’adrénaline quand il avale du bitume, soyons francs.» Pour Barlen Moonsamy, qui débraye, les femmes sont aussi plus enclines à obéir aux règles, à respecter le code de la route.

Par ailleurs, ce qu’il faut aussi garder en tête, c’est le nombre d’heures que les hommes passent dans le cockpit, comparativement aux femmes. «Des métiers comme chauffeurs de taxi ou de bus se conjuguent presque exclusivement au masculin. Les hommes passent également beaucoup plus d’heures au volant que les femmes, en temps normal. Ils sont donc plus exposés.»

Empruntons l’échangeur pour aller à la rencontre de Priscilla Gopaunen, trentenaire coquette. Cela fait 12 ans qu’elle sillonne les routes, cheveux au vent et permis en poche. Des insultes ébouriffantes, elle en a entendu pas mal au fil des ans. «Je ne fais pas attention aux imbéciles ou aux malades du klaxon. Je prends tout le temps qu’il faut pour être sûre de ce que je fais.» Contrairement, par exemple, à son mari, conducteur de type agressif, selon elle. «Même les enfants lui font la remarque. Les hommes et la conduite, ce n’est pas la même chose que nous, loin de là !»

Si elle a décidé, elle, de passer son permis, c’est pour des raisons pratiques. Il est bel et bien révolu le temps où la femme devait compter sur l’homme pour la véhiculer. Et, pour elle, le verdict est sans appel. «Ce n’est pas pour rien que prudence et sûreté sont des mots féminins, non ?»

La morale de l’histoire : il vaut mieux parfois avoir lamé dibwa que finir entre quatre planches de bois.