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Énergie verte: l’éclosion

26 janvier 2016, 15:15

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Énergie verte: l’éclosion

Plusieurs projets ont été annoncés dans le secteur énergétique. Si certains sont arrivés à une étape cruciale, d’autres sont sur le point de démarrer. Toutefois, ils ont tous un point en commun : produire de l’énergie à partir de ressources naturelles. Focus.

 

Le parc éolien en phase test

La persévérance de Cyril Oudin a payé. Huit ans après une tentative infructueuse à l’Escalier sur les terres d’Omnicane, son rêve de lancer une station éolienne s’est matérialisé. Des colonnes hautes de 65 mètres avec des pales de 35 mètres de long dominent le ciel de Plaine-des-Roches. Là où l’État avait pour projet de construire un deuxième aéroport, d’imposantes éoliennes ont pris place.

 

À partir du mois prochain, elles alimenteront le réseau national électrique. Cyril Oudin, qui fait les installations, regarde avec satisfaction le chantier en voie d’achèvement. Il est le partenaire-directeur d’Aérowatt Mauritius, filiale de l’opérateur français Quadran, qui a fait les installations. Le chantier est dans sa dernière ligne droite. «C’est déjàla phase de test, qui est menée par un ingénieurindépendant», explique Cyril Oudin. Onze éoliennes sont alignées sur un parcours d’un kilomètre.

 

Quand elles se mettront à tourner, d’ici fin février, au gré des vents du Nord, ces hélices seront à même de produire de l’électricité pour environ 10 000 foyers. «Nous prévoyons de produire 1,4 gigawatt/heure d’électricité annuellement», précise Cyril Oudin. Ce n’est pas beaucoup pour l’heure, quand on sait qu’ils sont 400 000 abonnés sur le réseau national opéré par le Central Electricity Board (CEB). Mais pour en arriver là, il a fallu une enveloppe de Rs 800 millions pour Aérowatt et son partenaire le Sugar Investment Trust (actionnaire à 49 %). «Pendant longtemps, on disait que lerenouvelable était trop cher. Aujourd’hui, ce n’estplus le cas. Et puis, il ne faut pas opposer le renouvelableaux autres formes d’énergie. Il faudra unpeu de tout pour arriver à un mix énergétiqueintelligent. Maurice pourrait produire 60 % derenouvelable», espère Cyril Oudin.

 

Des déchets qui rapportent

Le CEB a placé la barre à 30 % d’énergie propredans sa production à l’horizon 2025. Mais pour l’heure,seul 1 % du réseau est alimenté en énergie renouvelable.Sotravic a été le premier acteur majeur à se lancer danscette voie. L’opérateur a trouvé la bonne formule pourextraire du gaz à partir des déchets nationaux déversés àMare-Chicose (photo). Il gère le centre d’enfouissementtechnique et produit depuis novembre 2011, grâce à unsystème d’extraction et de transformation,36 000 m3 de gaz quotidiennement. C’est du méthanetransformé en électricité qui alimente le réseau du CEB.«À l’échelle nationale, ce n’est pas grand-chose, mais c’estun gain sur la facture énergétique, en plus d’une réductionde notre émission de CO2», souligne Sanjaye Adjodah,directeur de la station.

 

 

Le solaire, une manne

À Bambous, Sarako a vu plus grand. Sa ferme solaire (photo) de 15 mégawatts s’étend sur 30 hectares. Quelque 62 000 panneaux photovoltaïques produisent 50 % de la capacité électrique de la station de La Chaumière depuis le 1er février 2014. «Non seulement noussommes pionniers à Maurice, mais c’est le plus grand projetsolaire de la région», se félicite Rajeev Bundhoo, directeur exécutif de Sarako. Amortir les investissements de Rs 1,2 milliard ne sera pas une mince affaire mais l’opérateur s’accorde un délai «de 15 ans» pour rentabiliser son entreprise. Il vendra de l’électricité à un prix fixe de Rs 6,06 /kilowattheure sur une période de 20 ans. S’ils pensent que leurs projets sont viables, les opérateurs écologiques ne font pas une obsession sur le profit direct. Plus que la rentabilité, ils tablent sur ces projets pour se positionner comme fournisseurs de services dans la région et sur le continent. Sarako pilote un projet au Burundi alors que Sotravic est dans la course pour présenter un projet waste-to-energy calqué sur son modèle de Mare-Chicose.

 

 

La mer pour nous refroidir

Baptisé Urban Cooling, le quatrième chantier vert est plus sophistiqué. C’est le projet de Deep SeaWater Applicationsque se prépare à mettre en chantier le groupe Sotravic. Il vise à puiser l’eau de mer à une profondeur de 1 000 mètres au large de Port-Louis pour refroidir des bâtiments de la capitale. Après une étude technique sur 65 bâtiments de Port-Louis, le promoteur projette, dans un premier temps, de refroidir à l’eau de mer une partie des bâtiments sur le front de mer du Caudan de même que la MCB, la SBM, la Mauritius Union, la Government House, le bâtiment du Trésor, l’Emmanuel Anquetil Building et la municipalité de Port-Louis. Avec Urban Cooling, la part du renouvelable sur le réseau électrique national fera un nouveau bond. «La grande économie du système c’est que nous allons libérer26 mégawatts d’électricité sur le grid», ambitionne Emmanuel André, le Chief Executive Officer de Sotravic.