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La semaine vue par Gilbert Ahnee

24 janvier 2016, 12:52

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 18 janvier 2016

Question. Purement spéculative… Si Maunthrooa était trouvé coupable dans l’affaire Boskalis, démissionnerait-il du board d’Air Mauritius ?

Trouver les bonnes mesures

Vouloir. Question de volonté politique, non une difficulté technique. De nombreux systèmes proportionnels marchent parfaitement. À Maurice également, nous devrions pouvoir y arriver sans trop de difficultés.  Mais il faut aussi qu’au départ nous ayons les idées claires.

En 1967, nous comptions environ 700 000 habitants. La Constitution d’Abel de Smith nous attribua 70 députés. Aujourd’hui, avec à peu près 1,2 million de Mauriciens, compter 120 députés serait-il démesuré ? Mais ne fournissons pas un motif supplémentaire d’inquiétude à ceux qui craignent toujours que la correction proportionnelle en vienne à enlever la majorité à ceux qui l’auraient obtenue du vote direct des circonscriptions. S’il peut paraître effectivement excessif, et davantage susceptible de fausser le rapport de forces, d’avoir 50 élus au scrutin de liste, il devrait être assez facile  de démontrer qu’une liste proportionnelle avec 30 candidats ne peut mettre en péril la première majorité dégagée. Il y a bien assez d’informaticiens dans les divers ministères pour fournir aux membres du comité ministériel qui se réunit à partir de ce lundi les modélisations obtenues à partir des divers cas de figure considérés.

Autre question importante, très importante même pour le profil démocratique de notre société. Quel seuil pour se qualifier au scrutin de liste ? À 10 %, l’un ou l’autre parti de l’actuelle majorité n’aurait pas de candidat repêché. En décembre 2014, Ashok Subron n’a obtenu que 8,79 %. À quel seuil une voix pareille – ou Roshni Mooneeram à 4,16 % – sera entendue dans l’hémicycle ? Acid test.

Mardi 19 janvier

Pour nous rassurer. Si tant est que cela soit possible. Quelques indications quant à l’impact écologique, ailleurs, de l’aquaculture en mer…

Démocratisons la démocratie…

Citoyenne. La suffisance de certains politiques - pensez au contempt qu’affiche Gayan envers le Equal Opportunities Tribunal - semble provoquer, chez certains citoyens, une sorte de défiance systématique face aux élus. Voir les commentaires d’internautes anonymes sur les sites de journaux, les propos à visage découvert de nos friends sur Facebook. Les canaux du débat démocratique semblent obstrués. Si notre électocratie retient encore l’attention tous les cinq ans, notre démocratie, elle, n’a pas su devenir pleinement participative.

Chez les rouges, l’échec des réformateurs en dit long. Ramgoolam est convaincu que son maintien au poste de leader le protégera contre les procédures judiciaires annoncées, cela au risque d’affaiblir encore plus le parti. Pour s’accrocher au poste, le pauvre vieux lion rabougri doit certes s’esquinter sur divers claviers mais le fait est qu’il semble avoir contenu la contestation. Et plusieurs dizaines de cadres politiques d’expérience se laissent mener à l’abattoir. L’homme a été 14 ans PM, ce qui est énorme, mais cela ne lui suffit pas. À Maurice, Thatcher ne cède jamais la place à Major, Blair enlève même à Brown son micro de porte-parole.

De l’autre côté, comme il n’y a jamais de fumée sans feu, les rumeurs au sujet de Ganoo pourraient bien indiquer que la préoccupation est davantage l’électorat marathi qu’une pratique politique correspondant aux aspirations de ce qui reste d’électorat mauve.

Le PM canadien Justin Trudeau fait un buzz mondial. Dans son pays, des électeurs ont créé le Trudeaumètre, un site web pour évaluer s’il tient ses promesses. Démocratie citoyenne.

Mercredi 20 janvier

Le monde à l’envers… Que faire quand un service public protège mal l’intérêt public ? L’option mauricienne : le privatiser à 100 %. Innovant…

Mais quid des maths…

Moins de quatre sur dix ! On s’alarme – à juste titre – du pourcentage de réussite aux épreuves d’anglais du School Certificate. En 2015, seuls 88,35 % des candidats ont atteint le niveau minimal requis. Mais ce n’est pas mieux en français, loin de là : 83,37 %. Reste que les deux principales langues utilisées dans la vie professionnelle à Maurice devancent de très loin les pauvres mathématiques dont le taux de réussite est à 35,07 %. Dans un pays où l’industrie a besoin d’ingénieurs, où le secteur des TIC pourrait souhaiter plus de développement d’applications, voire des analyses affinées sur du big data.

Si nous souhaitions une preuve que notre dispositif scolaire reste au service des plus talentueux et laisse les autres à la traîne, il nous suffirait de lire en parallèle les taux de réussites, année après année, des mathématiques de base et des Additional Maths. Ces dernières, affichant un taux de réussite de 79,52 % – pas loin de huit candidats sur dix, sont étudiées par une minorité, les plus aptes. Mais quid des autres ? Et si le problème de notre secondaire était son inadéquation au niveau réel de ses élèves. Ils ne sont pas incapables mais ils sont structurés différemment de leurs aînés.

Est-ce Cambridge qui pourra nous proposer des programmes scolaires correspondant aux disponibilités d’apprentissage et aux acquis notionnels d’une majorité de nos collégiens ? Si ce n’était pas notre vieux partenaire britannique, ne pourrions-nous pas, nous-même, nous mettre à ce chantier ?

Jeudi 21 janvier

La SIT achète 10 000 hectares au Mozambique. En 96, PRB en avait obtenu 100 000. Plus grand événement depuis l’indépendance, selon Arvin B.

Culture autre

Nouvelle vision. Le ministre de l’Agroindustrie, Mahen Seeruttun, déclare à l’express qu’il «n’a aucune objection à publier» les tests indiquant l’exposition des produits agricoles aux pesticides. Ce jeudi, son collègue de la Bonne gouvernance et des services financiers, Roshi Bhadain, se prête au jeu des questions sans complaisance, face à des journalistes de La Sentinelle, comme précédemment le ministre des Finances. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que, lorsque la question peut sembler embarrassante, Bhadain n’opte pas forcément pour la langue de bois. Ces hommes sont d’une nouvelle génération, par rapport même à leurs collègues Gayan, Koonjoo ou Roopun. Ils ont connu l’Internet dès le temps de Netscape et d’Alta-Vista, la révolution de l’information fait partie aussi de leur propre ADN culturel.

Qu’en sera-t-il en 2019 ? Quel pourcentage d’hommes et de femmes de l’ère digitale comptera l’Assemblée nationale ? Étant entendu que ce renouvellement serait lié au départ entrevu des plus âgés. Sauf si les partis politiques choisissaient de recruter leurs nouveaux candidats dans le vivier du pire conservatisme, les nouveaux visages, indépendamment de leur appartenance partisane, seront susceptibles d’être spontanément favorables à une télévision à la hauteur de leur propre culture visuelle, à l’étalon de ce qu’ils sélectionnent sur YouTube ou Dailymotion. Susceptibles également decomprendre l’utilité et l’efficacité d’un Freedom of Information Act visant la transparence et la redevabilité. Non pas un monstre juridique comme ceux qu’entend combattre M. Bhadain. Rien qu’une législation, claire, favorable à la divulgation publique, inspirée des meilleures pratiques des démocraties.

Vendredi 22 janvier

Faux chèques en circulation. Le chèque restera nécessaire à certaines transactions. Pour les plus courantes, pourrait-on lui dire adieu ?

Qui n’est pas cible ?

Sans logique. La terreur n’a pas besoin d’agir pour atteindre ses objectifs ; il suffit que ses victimes l’en croient capable. Ce n’est pas forcément à Paris, Djakarta ou Ouagadougou qu’on est le plus menacé aujourd’hui. Les tueurs ont démontré qu’ils peuvent frapper ces capitales, il se pourrait bien que leur stratégie soit désormais de prouver qu’aucune société n’est à l’abri. Comme quoi, même si nous avions été victimes d’un plaisantin – alors, assurément, un triste individu, les responsables de la sécurité n’ont pas eu tort de prendre au sérieux ces risques. Qu’aurait fait la police s’il y avait effectivement eu quatre suicidaires armés et ceinturés d’explosifs, se déplaçant à la recherche d’une cible spectaculaire ? Sans doute aurait-elle tué les assaillants s’ils ne s’étaient déjà, eux-même, oté la vie. Pour ce qui est de prévenir la tuerie, peut-être qu’il nous auraient manqué le renseignement, la formation et l’équipement.

Ce ne sont pas uniquement les sociétés occidentales et les alliés d’Israël qui sont menacés. La radicalisation, le djihadisme ou même l’enrôlement auprès de Daech ne sont que le vocabulaire d’un échec social, d’un malaise psychologique, d’un nihilisme politique et moral. Ces derniers recrutent partout dans le monde et, loin s’en faut, pas uniquement parmi des jeunes musulmans sans repères. On ne combattra pas une dérive désordonnée vers la violence par l’usage légal d’une mécanique létale plus imparable. Il va falloir 1) sécuriser les points d’entrée dans le pays mais aussi, face aux risques internes, 2) auditer rigoureusement nos relais d’intégration.

Samedi 23 janvier

Le Chief Whip semble justifier la notion de retour de manivelle. On aurait espéré un moteur sans heurt, démarrant davantage au quart de tour…

Open governance

Avancée. Le procès-verbal du Conseil des ministres de cette semaine annonce d’emblée : «Cabinet has taken note that the Freedom of Information Bill, as announced in the Government Programme 2015-2019, is being prepared. The main objective of the Bill will be to promote transparency and accountability in public administration». Cela peut être décisif. Moyennant que nous identifiions les Best Practices, dans les démocraties qui ont mis au point les systèmes de transparence les plus utiles à leurs citoyens.

Cela fera bientôt 19 ans que les Attorney Generals du Commonwealth, réunis à Trinidad, ont convenu de la nécessité de faire adopter des Freedom of Information Acts dans leurs pays respectifs. Cela se déclinait à travers les cinq résolutions suivantes : (1) Member countries should be encouraged to regard Freedom of Information as a legal and enforceable right; (2) There should be a presumption in favour of disclosure and governments should promote a culture of openness; (3) The right of access to information may be subject to limited exemptions, but these should be drawn narrowly; (4) Governments should maintain and preserve records; (5) In principle, decisions to refuse access to records and information should be subject to independent review.

Passer d’une vieille culture du Official Secrets Act à celle du Right to know citoyen n’est pas une chose aisée. La loi adoptée, il faudra peut-être recruter de nouveaux agents, pas atteint par le réflexe ancien de retenir et de cacher. Nous acheminer vers un Open Government : pas décisif, quantum leap général peut-être…