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Stanislas Bouchard: «Il faut démontrer l’aspect durable de la culture de la canne»
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Stanislas Bouchard: «Il faut démontrer l’aspect durable de la culture de la canne»
L’un des importateurs de sucre local, Stanislas Bouchard, directeur général de Cristalco, était de passage à Maurice la semaine dernière. Pour lui, ce produit aura toujours sa place en Europe, d’autant plus, ajoute-t-il, qu’une embellie sur les prix en Europe se profile.
Quel est le but de votre visite à Maurice ?
Un an après la signature du contrat avec le Syndicat des sucres le 16 janvier 2015 et sa mise en application le 1er octobre 2015, il était important de faire une revue des actions entreprises pendant la dernière année et les premières livraisons de sucre à nos clients. Cela se poursuit avec les questions de préparation au niveau du commerce, de la chaîne de distribution, de la qualité et de la logistique.
Êtes-vous satisfait du produit mauricien ?
Très satisfait de la coopération avec les équipes du Syndicat, de la qualité du produit que nous recevons, et de la qualité et de la transparence des échanges. Il y a des axes d’efforts dont on peut parler mais il y a aussi énormément de choses faites. Parmi celles-ci, des développements stratégiques pour le futur du secteur sucre mauricien à l’approche de la réforme 2017 et de la fin des quotas en Europe.
Comment réagissent vos clients par rapport au sucre mauricien ?
C’est la question centrale et déterminante pour le futur. L’essence même du contrat qu’on a signé il y a un an, c’était de garantir au Syndicat et aux producteurs mauriciens un portefeuille de clients élargi en Europe de manière à pouvoir livrer tout client possible comme si le sucre mauricien était produit en Europe.
Il y a eu toute une phase de référencement du sucre chez les plus gros clients industriels européens. Pendant cette première année, on a réussi à référencer le sucre mauricien, par exemple, chez Danone, Unilever, Pepsi, Coca-Cola. Une fois qu’on est référencé sur ces comptes avec des niveaux d’exigence de qualité, toutes les portes deviennent ouvertes pour livrer n’importe quel client en Europe.
Pourquoi une telle garantie au Syndicat des sucres et aux producteurs mauriciens ?
On a fait ça car à l’approche de 2017, si jamais on n’est pas organisé à livrer tous les clients comme ça, on sera en position de faiblesse parce qu’il y aura du sucre en Europe produit par des Européens comme le fait notre groupe en quantité suffisante. Ils n’auront pas besoin d’avoir d’autres sucres, sauf à l’acheter à beaucoup moins cher. C’est pour cela qu’il faut profiter de cette période d’avant-quota pour préparer l’après-quota.
À quoi Maurice doit-il s’attendre avec l’après-quota ?
L’après-quota fait couler beaucoup d’encre en Europe. Les producteurs européens les plus efficients vont sans doute augmenter encore leur production et les moins efficients dans les pays du sud de l’Europe et parfois du grand Nord et de l’Est vont devoir arrêter. Globalement, on anticipe une hausse de l’offre sur le marché. Un deuxième élément fondamental est que les producteurs européens auront la possibilité de livrer sur des pays tiers sans limite.
C’est à l’intérieur de cet équilibre entre le marché européen et le marché des pays tiers que chacun devra se déterminer. On peut donc s’attendre à un impact du cours mondial plus important sur le prix européen que ce qu’il ne l’est aujourd’hui. C’est un élément clé car ça fait cinq ans que le bilan mondial est excédentaire en sucre et c’est ce qui a pesé énormément sur le prix. Le 26 août dernier, le prix a atteint le point le plus bas depuis 11 ans à environ 10 cents. Depuis, le marché a repris 50 % de sa valeur et se situe entre 14 et 15 cents la livre sur le marché de New York.
Quelle est donc votre analyse ?
Le bilan sucrier mondial redevient déficitaire pour cette campagne 2015-2016 et nous pensons fortement qu’il le sera aussi en 2016-2017et sans doute en 2017-2018. Ce qui influence le plus les prix, ce sont les prix. Quand le prix est très bas, les planteurs de canne et de betterave dans le monde entier ont moins tendance à investir alors que la consommation mondiale continue à progresser.
Dans notre analyse, le prix devrait se redresser. En 2017, si le prix mondial est redressé, les producteurs européens iront aussi vendre sur le marché mondial. Le sucre de Maurice a toujours et aura toujours sa place en Europe, notamment dans des pays déficitaires là où la logistique est lointaine des zones excédentaires et où les producteurs les plus efficients produisent.
Des estimations de ce redressement de prix ?
Les parités monétaires impactent aussi beaucoup les choses. Vous avez vu la dépréciation du réal brésilien par rapport au dollar, la roupie est aussi influencée par ces jeux de monnaie, l’euro flirte la parité avec le dollar. Les autres facteurs décrits positifs. À titre personnel, je sens plus de 15 cents. Dans les années qui viennent, je souhaiterais un cours roux mondial à plus de 20 cents.
Pour ce qui est du prix sur le marché européen, nous voyons une hausse des prix substantielle pour la campagne 2016-2017. Une embellie sur les prix en Europe se profile en 2016-2017. À partir de 2017, bien malin qui saura dire quel sera le cours mondial et le niveau de prix en Europe. Je ne suis pas pessimiste.
Des possibilités que vous augmentez votre commande ?
On aimerait bien. Il faut que les producteurs mauriciens suivent et que le climat soit propice pour avoir de bonnes récoltes. Il y a des opportunités de marché. Le sucre mauricien est d’une qualité exceptionnelle au meilleur niveau européen. Il faut maintenant absolument que les référencements se réalisent bien totalement ; un axe de développement pour les producteurs mauriciens, le Syndicat, c’est de démontrer l’aspect durable de la culture de la canne et de la production de sucre à Maurice.
D’énormes travaux ont déjà été entrepris. Il suffit maintenant de les montrer à la fois sur le plan agricole, industriel et social. L’aspect fair trade en est un exemple. Nous avons passé le message hier (NdlR : jeudi) au comité exécutif du Syndicat et aux deux raffineurs de sucre mauricien qu’il faut démontrer aux plus gros clients mondiaux la durabilité de cette activité. Nous l’avons aussi exprimé au ministre de l’Agro-industrie.
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