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Le cancer, ce grand méconnu

5 février 2016, 15:08

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Le cancer, ce grand méconnu

«Nous continuons tous à apprendre sur le cancer. C’est un sujet inépuisable». C’est en ces termes que le Dr Abbasakoor a commencé sa conférence publique tenue jeudi dernier au Cyber Tower 1 à Ébène. Cette conférence présentée par la Cancer Association Mauritius (CANMA), en collaboration avec la clinique Fortis Darné en marge de la Journée mondiale contre le cancer, avait pour but de sensibiliser le public contre ce mal.

Le cancer tue plus de 8,2 millions de personnes annuellement à travers le monde. À Maurice, la situation est aussi grave: 1 500 nouveaux cas de cancer sont enregistrés chaque année. Malheureusement, les mythes relatifs à cette maladie, ont la peau dure. «Souvent, par ignorance ou par peur, les gens recherchent l’aide médicale quand le mal est arrivé à un stade trop avancé, quand la médecine est impuissante. Cela donne alors une mauvaise perception à l’effet que le cancer est une maladie dont on ne guérit pas et qui fait énormément souffrir jusqu’à la mort.»

Les mauvaises perceptions vont encore plus loin. «Des fois, nous avons affaire à un cancer facilement guérissable mais quand nous proposons la chirurgie au patient, celui-ci refuse en raison de la croyance que si on opère un cancer, celui-ci va se propager.»

Toutefois, l’augmentation de la prévalence du cancer est vraie. Selon des études mondiales, le taux de personnes malades du cancer était de 25 % en 1980 et est passé à 33 % en l’an 2000. Il atteindrait les 50 % en 2020. «Selon ces chiffres, une personne sur deux souffrirait du cancer. C’est certes effrayant, mais cela ne veut pas dire que si l’on souffre du cancer, on en mourra forcément», souligne le Dr Abbasakoor.

Qu’est-ce qui cause le cancer ? Voilà une question à laquelle chacun tente de répondre. Si les facteurs de risques tels que la cigarette qui contribuerait à 30 % aux risques ou encore les hormones qui seraient en cause à 25 %, sont pointés du doigt, le Dr Abbasakoor pense que la prévalence n’est pas aléatoire.

Il met l’accent sur notre train de vie. Et les statistiques indiquent que la prévalence du cancer du sein est plus élevée chez les femmes vivant en milieu urbain. Une situation qui serait directement liée à la qualité de vie, selon le Dr Abbasakoor.

PRÉVALENCE ET TRAIN DE VIE

 

«Des études ont démontré que le pourcentage et les types de cancer sont différents dans les pays riches et les pays pauvres». Les cancers de l’estomac et du foie sont plus élevés dans les pays pauvres tandis que les cancers du sein ou encore du colon ou de la prostate sont plus élevés dans les pays riches. La tendance à Maurice se situerait à mi-chemin entre les pays riches et les pays pauvres. «Il est aussi intéressant de noter qu’il ne suffit que d’une génération pour qu’un immigrant sortant d’un pays pauvre ne développe la même prévalence de risque de cancer qu’un habitant du pays hôte» souligne le chirurgien.

Pour ce dernier, il est clair que le train de vie et l’environnement jouent un rôle prépondérant dans la prévalence du cancer. Le premier élément à être mis au banc des accusés : les pesticides. «Je ne dis pas qu’il ne faut pas utiliser les pesticides. Ce sont les mauvaises utilisations de pesticides tels que des cocktails ou encore le surdosage qui constituent un danger», fait ressortir le Dr Abbasakoor. Outre le cancer, l’utilisation excessive de pesticides serait la cause d’autres maladies telles que celle de l’Alzheimer, l’asthme et même le diabète.

Les autres éléments qui, selon le Dr Abbasakoor, occasionneraient le cancer, on retrouve l’obésité qui serait mise en cause dans les cancers du sein, du colon et de la vésicule biliaire entre autres, la consommation excessive de «processed meat» telle que la charcuterie, occasionnerait le cancer colorectal. La consommation excessive d’alcool, soit plus de trois verres par jour, augmenterait de plus de 50 % le risque de cancer du sein et bien sûr, la cigarette et le stress, facteur psychologique, qui ne serait pas à négliger.

Pour le Dr Abbasakoor, la solution au cancer est d’en faire l’affaire de tous. Il faudrait changer les conceptions des gens, davantage de recherches sur le sujet, de même que l’éducation de tous les professionnels de santé. Il semblerait que le chemin soit encore long mais pas impossible si tout le monde s’y met.