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Safire Nou Laferm: cultiver l’espérance

11 février 2016, 08:21

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Safire Nou Laferm: cultiver l’espérance

 

Le projet inauguré en octobre 2014 à Verdun a pour objectif la réhabilitation des enfants en situation de rue et leur réinsertion dans la société à travers un programme éducatif s’articulant autour de l’agriculture. Eclairage.

À notre arrivée à Safire Nou Laferm, ferme pédagogique développée sur 1.6 arpent à Verdun, l’atmosphère est à la fête : Sheoram Gangah, alias Ton Jay, le jardinier, vient de déterrer un  plant de manioc de fort belle taille et nous en montre fièrement, sourire aux lèvres, les multiples racines. Nous apprenons d’Edley Maurer, manager de Safire (Service d’accompagnement, de formation, d’insertion et de réhabilitation de l’enfant) que la vingtaine de jeunes bénéficiaires de l’association, âgés de huit à seize ans qui fréquentent quotidiennement la ferme pourront goûter aux savoureuses racines au petit déjeuner le  lendemain.

Le déjeuner et le petit déjeuner, préparés sur place avec le soutien d’un des nombreux sponsors de l’association, sont en effet offerts aux enfants et leur assurent une alimentation saine, à base de produits bio cultivés à la ferme : aubergines, «lalos», maïs, calebasses, courgettes, brèdes ‘Tom Pouce’, brèdes de Chine, laitue, qu’agrémentent les arômes des herbes aromatiques : thym, sauge, romarin, basilic, laurier et coriandre, entre autres. Safire a fait le choix de l’agriculture biologique, respectueuse de l’environnement car il importe, poursuit Edley Maurer, d’enseigner aux enfants à «plante san anpwazon lestoma dimounn». L’association est aidée dans sa démarche par le Food and Agricultural Research and Extension Institute (Farei) et la Fondation Ressources et Nature (Forena). Cette dernière, en collaboration avec l’organisme de certification français Ecocert, a mené un audit des pratiques agricoles à la ferme de Verdun en novembre 2015, nous informe pour sa part Amanda Van Schellebeck, Monitoring and Evaluation Officer à Safire. Un exercice qui devrait permettre aux produits de l’organisation non gouvernementale (ONG) d’obtenir la certification bio «cette année», ajoute-t-elle.

Cadre accueillant

Amanda Van Schellebeck nous explique qu’à Safire Nou Laferm, les classes d’agriculture font partie intégrante d’un programme pédagogique qui se pose comme une «alternative à l’école» car les enfants en situation de rue auprès desquels chemine l’ONG sont souvent déscolarisés et exposés, de ce fait, à des fléaux sociaux tels que la drogue ou différentes formes de violence. Au centre de Verdun, les enfants bénéficient, dans un cadre accueillant, de l’accompagnement d’une équipe d’éducateurs dédiée et participent en groupes de cinq à huit à des classes d’alphabétisation, d’artisanat et d’agriculture.

Au cours de notre visite, nous assistons à l’une des classes de Ludovic Baya, Farm Coordinator à Safire. Le jeune homme, titulaire d’un degree en agriculture de l’Université de Maurice, a rassemblé autour de lui, dans un champ de courgettes, une petite équipe composée d’une fille et de quatre garçons. Âgés de 10 à 13 ans, ils ont chaussé leurs bottes et sont attentifs au sujet du jour : l’application d’un pesticide bio. Le formateur les invite tout d’abord à utiliser leurs sens – ici, la vue et le toucher – afin de détecter sur une plante les signes d’une attaque parasitaire. Ensuite, l’étiquette du pesticide bio est passée au crible et Ludovic Baya met l’accent sur le fait que c’est un produit concentré, qu’il faut dissoudre dans l’eau. Une fois le produit dilué, les enfants, munis soit d’un pulvérisateur soit d’un arrosoir, traitent les plants de courgettes.

Ludovic Baya fait ressortir que l’interaction avec la nature, lors de ces classes en plein air,est bénéfique aux agriculteurs en herbe : elle leur permet de «s’épanouir, de s’exprimer et d’avoir des responsabilités». Amanda Van Schellebeck abonde dans le même sens, ajoutant que le travail de la terre apporte des changements positifs dans le comportement des enfants. Ils «s’investissent en ayant leur propre plate-bande», dit-elle et «ramènent même le projet chez eux» en demandant des graines pour créer leur coin potager à la maison. Enfin, soutient notre interlocutrice, grâce à l’acquisition de compétences, à Safire Nou Laferm, les bénéficiaires «arrivent à anticiper le futur».

En images

 

Ludovic Baya et Ton Jay, le jardinier, tout fiers des «lalos» bio de la ferme.

 

L’un des agriculteurs en herbe pulvérisant un pesticide bio.

 

Un plant d’aubergines.

 

Le maïs a déjà fait l’objet de plusieurs récoltes.

 

Le romarin affiche la grande forme !