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Réfugiés dans des centres : pas tous des «bater bis»…
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Réfugiés dans des centres : pas tous des «bater bis»…
Le soleil fait le timide en ce jeudi matin. Contrairement à Olivier Legof, 14 ans, fan de foot. Son statut de «réfugié» et les galères n’enlèvent en rien sa bonne humeur. «Lakaz ti pé noyé, nounn bizin sové vinn isi. Mo mama inn al stasion la.»
Tout comme la maman d’Olivier, ceux qui ont trouvé refuge au centre communautaire de Baie-duTombeau depuis mercredi se sont rendus au poste de police pour se faire enregistrer. Histoire de bénéficier de l’allocation de Rs 165 qu’offre le gouvernement.
Pendant ces temps incertains, Pamela Remy, elle, surveille les gamins restés au centre communautaire. Pourquoi n’est-elle pas allée «bat bis» ? «Éoula ! Bann dimounn ki dir nou bat bis la sé bann séki pa koné ki mizer nou pasé !» Si elle s’est rendue sur place, c’est pour soutenir sa fille, qui vit du côté des longères, véritable QG de la misère, à quelques pas de là…
Direction le poste de police, pour aller rencontrer les principaux concernés. Les locaux sont inondés de monde. Nageant à contre-courant, à l’écart de la foule, les sœurs Perrine, Stéphanie et Marie-Noëlla. Que peuvent-elles dire à ceux qui pensent que réfugié rime avec profiteur ? Pour clouer le bec aux sceptiques, elles nous invitent à venir chez elles.
À la rue Diego Garcia, tout part à la dérive. Leur case en tôle, rapiécée et trouée comme une paire de jeans, laisse passer les rayons du soleil et les trombes d’eau. Dans un semblant de chambre, au milieu des parpaings concassés, un bateau, non un lit. Le matelas ressemble davantage à un radeau. Des pales attachées à l’aide de lakord koko font office de ventilateur. L’engin fonctionne.
Dehors, de la boue jusqu’aux genoux. Il faut prendre son courage à deux mains pour entrer de plain-pied dans ce «nid» de misère. Soudain, sorti de nulle part, un petit oiseau égaré. Qui tente de franchir une barrière de fortune, installée pour l’empêcher d’aller patauger dans la gadoue. Steven a deux ans et il lui manque encore pas mal de dents. Il a la couche qui pend, le petit homme affiche un grand sourire innocent. «Li kontan kan éna dimounn», confie sa grandmère, Stéphanie. Elle a toutefois un peu plus de mal à retrouver la joie de vivre. «Tou kout lapli nou gagn problem. Inn fer démars pou gagn lakaz béton mé pankor tann nanyé.»
Deux chambres pour six personnes
Deuxième et dernière «pièce». Sur un autre lit, qui tangue dangereusement lui aussi, un autre enfant, profitant du sommeil du juste. La mère de Steven, Véronica, 17 ans, donne le sein à son bébé. D’autres visages marqués par la vie apparaissent derrière des semblants de rideaux. Au final, ils sont six à vivre dans la bicoque. Les papas des enfants ont pris le large. Celui du petit Steven aussi. Ici, les hommes de la maison, ce sont les femmes.
Les questions qui fâchent fusent. Les réponses donnent à réfléchir. «Ou krwar nou ti pou kontan al démann sarité Rs 165 si nou pa ti bizin ? Nou pa kouma bann gran palto voler, nou pé bizin asté manzé, tou linz inn mouyé. Nou bann imin. Avan dimounn ziz nou ek tret nou dé bater bis, dir zot vinn get nou sitiasion.»
Voyons voir. Entassés dans des sacs, des vêtements, des couvertures, des draps. L’odeur de moisissure qui s’en dégage ne laisse planer aucun doute sur le fait qu’ils ont pris l’eau. Sur le sol, des T-shirts se sont transformés en serpillières. Des brocs ont été utilisés pour évacuer l’eau, qui n’a pas épargné les parois en taule.
L’atmosphère est lourde, la chaleur étouffante, la détresse accablante. Mais l’espoir n’a pas coulé à pic pour autant. Stéphanie et MarieNoëlla ne sont pas de celles qui baissent les bras, soulignent-elles, en levant les mains au ciel. Pour subvenir aux besoins de leurs enfants et de leurs petits-enfants, elles tracent, matin, midi, soir et entre. «Nou travay dan lakour, nétway lakaz. Mé sa ti kasla pa asé pou viv dé no zour. Travay fix pa fasil pou gagné.»
Assise dans un coin, Véronica est perdue dans ses pensées. «Mo pé swiv kour MEF, mo anvi aprann enn métié pou sorti dan lamizer, pou kapav okip mo baba.» Dans les yeux de cette femme-enfant, de la détermination, une volonté farouche.
Seront-elles suffisantes pour sortir la tête de l’eau ? Après la pluie, le beau temps sera-t-il au rendez-vous ? «Oui», conclut l’adolescente.
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