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Pluies torrentielles : ces idées reçues qui tombent à l’eau

14 février 2016, 20:30

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Pluies torrentielles : ces idées reçues qui tombent à l’eau

Des radios aux réseaux sociaux, les intempéries ont donné lieu à un déluge de commentaires. Dont quelques approximations et contrevérités. En voici quelques-unes.

1.      Non, il n’y a pas eu de pluviométrie record 

Les plus fortes précipitations ont été enregistrées à Pointe-aux-Canonniers. En moins de trois jours, l’équivalent d’un mois de pluie s’est abattu sur ce village du Nord. C’est beaucoup mais pas rarissime. Mais alors pourquoi ce mot de «record» entendu partout ? «Très probablement, ce n’est pas un record», corrige le directeur adjoint de la station météo de Vacoas, Prem Goolaup. «C’est juste que le pluviomètre de Pointe-aux-Canonniers n’a été installé qu’en 2015.» Quelque 200 millimètres (mm) ont ainsi été relevés en une journée. Dont 89 mm en deux heures. On est loin des records de 2002 (745 mm en une journée) et 2013 (152 mm en 90 minutes).

 

 

2.      Non, une telle catastrophe n’est pas naturelle

Comme souvent en pareil cas, les responsables politiques ont invoqué «les forces de la nature». Ce sont pourtant des facteurs humains qui ont noyé des quartiers, parfois des villages entiers. Cette catastrophe est tout sauf naturelle : pollution des drains, absence de politique de prévention, bétonnage anarchique, imperméabilisation des sols, design routier mal pensé… La liste des incuries s’allonge à chaque épisode orageux particulièrement actif. Rapport après rapport, c’est la même conclusion : la cause des inondations n’est pas à chercher dans l’aggravation des pluies diluviennes mais dans la vulnérabilité grandissante des populations face à ce phénomène.

 

3.      Non, on ne peut pas affirmer que le réchauffement climatique est responsable

Les pluies diluviennes auraient un responsable tout trouvé : le réchauffement climatique. Pour les spécialistes, c’est loin d’être évident. Certes, préviennent-ils, «les événements violents risquent de devenir plus fréquents et plus intenses». Mais aucun expert ne se hasarde à attribuer un événement météorologique ponctuel à la tendance de fond du réchauffement. Pourquoi ? D’une, ni Maurice ni aucun pays ne dispose de statistiques suffisamment robustes pour établir un lien direct. Et de deux, il est impossible d’affirmer que des phénomènes dont la probabilité dans l’avenir est forte sont déjà à l’œuvre aujourd’hui.

 

4.      Non, cet épisode n’a pas suivi une longue période de sécheresse 

Neuf mois sur 12, l’année dernière, ont été plus arrosés que la moyenne climatologique. Cela n’arrive qu’une fois ou deux par décennie. Résultat, la plupart des nappes phréatiques du pays étaient gorgées d’eau avant le déluge de cette semaine. Ceci explique en partie cela.

 

5.      Non, il ne pleut pas plus qu’avant 

Les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Janvier a été particulièrement sec : il est tombé 185 mm de pluie pour une normale de 263 mm. Un tel écart n’est pas légion mais la tendance reste à la baisse. «La pluviométrie a diminué d’environ 5 % en 50 ans», fait remarquer Prem Goolaup. Le graphique confirme : à l’exception de la zone est, les précipitations de ces dernières années sont toutes inférieures à la normale.

 

6.      Oui, il faut s’attendre à d’autres déluges

«De manière générale, pose Prem Goolaup, sous l’effet de la hausse de la température, l’atmosphère aura tendance à retenir davantage de vapeur d’eau, ce qui entraînera plus de précipitations.» Sauf que la situation est plus complexe dans le cas précis de Maurice. «D’un côté, les températures augmentant, le climat devient de plus en plus aride et il pleut moins en moyenne. Mais d’un autre côté, l’océan Indien joue un rôle crucial dans l’apport d’eau de l’atmosphère et constitue un réservoir essentiel dans la formation des précipitations. Avec la chaleur, davantage d’eau s’évapore de l’océan, ce qui conduit à une intensification des précipitations violentes.» En résumé : il ne pleuvra pas forcément plus demain, mais plus fort, plus souvent.

 

7.      Non, le centre n’est pas plus arrosé

Depuis une bonne trentaine d’années, le sud et l’est de l’île reçoivent au moins autant de pluie que la région centrale, pourtant réputée pour être la plus humide. Moins surprenant : l’Ouest est de loin le territoire le plus sec. Il y pleut deux à trois fois moins qu’ailleurs.

Source : Mauritius Meteorological Services