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Yousouf Ismael, directeur de la CWA : «Nous voulons concurrencer l’eau embouteillée»
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Yousouf Ismael, directeur de la CWA : «Nous voulons concurrencer l’eau embouteillée»
Vous êtes économiste de formation. Que pouvez-vous nous dire sur les comptes de la CWA ?
Cela fait trois années que je suis membre du board de la CWA. Je suis économiste, mais j’ai également de l’expérience dans la gestion d’entreprise. Un de mes principaux objectifs est de redresser la situation financière de la CWA.
Nos revenus avoisinent les Rs 1,8 milliard par année. Uniquement pour l’eau, nous percevons Rs 1,3 milliard. Quelque part, nous sommes prisonniers du tarif de l’eau.
Comme tout économiste, je voudrais redresser la situation financière car jusqu’à présent, we just managed to stay afloat. Cependant la situation s’est bien améliorée, en comparaison à avant. Mais on peut toujours mieux faire.
Comment redresser la situation ?
D’abord en réorganisant la CWA en termes de ressources humaines. Il faut que l’on soit plus efficace. Et puis, il faut réduire nos pertes.
Actuellement, nous avons énormément de plaintes de clients. Mes priorités sont claires : moderniser les infrastructures de la CWA, responsabiliser les gens qui doivent pouvoir répondre de leurs actes et la proximité avec la clientèle. Nous sommes quand même une entreprise de distribution, il faudrait réduire le nombre de plaintes, être à l’écoute des clients. La satisfaction de la clientèle est la chose la plus importante.
Il faudra aussi réduire le water loss. Vous savez, les gens aiment acheter l’eau embouteillée. La qualité de l’eau à Maurice est excellente, nous faisons 1 500 tests par an. Le chiffre d’affaires des compagnies d’eau embouteillée tourne autour de Rs 3 milliards – Rs 4 milliards par année. Une bouteille d’un litre coûte à peu près Rs 24 alors qu’un mètre cube d’eau de la CWA coûte Rs 6,50. Nous offrons donc l’équivalent de 1 000 bouteilles d’un litre à Rs 6,50.
Nous voulons récupérer cette clientèle qui choisit d’acheter de l’eau embouteillée et que cet argent revienne à la CWA.
Récemment, l’on a évoqué l’«overstaffing» de certains corps parapublics dans la presse. Est-ce le cas à la CWA ?
Par rapport à la restructuration de la CWA, nous sommes en train d’évaluer les ressources humaines. Je crois fermement que le service clientèle est important ; avec une main-d’œuvre dédiée et qui travaille bien, les résultats devraient être visibles surtout dans le domaine du service clientèle.
Bien sûr, si on fait la comparaison avec des compagnies étrangères semblables à la CWA, elles ont moins d’employés qu’ici. Mais, ayant passé trois ans et demi sur le board de la CWA, je crois en les employés, je crois qu’il est possible, avec un encadrement approprié, de faire un excellent travail.
Venons-en au partenariat stratégique dont parle le ministre de l’Énergie et des services publics Ivan Collendavelloo. Quel est votre avis ?
Avant de parler du partenariat stratégique, il faut redresser la situation interne. En ce moment, il sera difficile d’attirer un partenaire stratégique. Nous serons dans une position de faiblesse.
Pourquoi ?
Il faudrait que la CWA soit bien gérée et soit performante. Et là, s’il y a besoin, nous aurons recours à un partenariat stratégique. Il faudrait, par exemple, moderniser la CWA en termes d’infrastructures, de personnel, de culture... Si jamais on parle de privatisation, les compagnies feront un exercice de due diligence… Il va falloir qu’on valorise la CWA. Il faudrait que la CWA devienne une institution moderne dans le développement économique du pays.
L’eau, c’est la base même. On peut parler des smart cities et autres développements à venir mais avant tout, il faut consolider les éléments fondamentaux, tels que l’eau, la nourriture et l’énergie. Même si nous assurons une fourniture d’eau à 99 % des abonnés, nous sommes toujours loin derrière nos objectifs car dans notre charte, nous sommes censés fournir l’eau 24/7.
Donc ce n’est pas sûr qu’il y ait un partenariat stratégique ?
Le partenariat stratégique est une décision du gouvernement, le ministre a signé un accord avec la Banque mondiale (BM) pour un rapport sur le secteur de l’eau à Maurice. Le partenariat stratégique serait un moyen de valoriser ce secteur dans le contexte du développement économique de Maurice. Le rapport de la BM devra faire des recommandations. On l’attend avant de décider de la marche à suivre, si nous opterons ou pas pour un partenariat.
Vous avez mentionné plus haut l’eau 24/7. C’était une des promesses de l’alliance Lepep. Est-ce vraiment réalisable ?
Notre vision, c’est la fourniture d’eau 24/7. Il y a déjà énormément de régions qui bénéficient de ce service. Nous avons augmenté les heures de distribution dans plusieurs régions. Nous sommes en train de remplacer les tuyaux défectueux, une partie des travaux a été effectuée par les Singapouriens et la CWA a appris d’eux. Le reste des travaux de remplacement sera effectué par la CWA.
Avec la station de traitement de Pailles, l’eau boueuse après les grosses pluies n’affecte plus la distribution. Le problème de Port-Louis est derrière nous maintenant
Toutefois, dans certaines régions, dépendant de la topographie et le manque de pression, l’eau n’arrive pas jusqu’aux robinets. L’achèvement des travaux de construction du Bagatelle Dam devrait également améliorer la situation dans des régions telles que les basses Plaines-Wilhems. Sans compter le projet d’agrandir la capacité de traitement de La Nicolière ou encore de Mont-Blanc.
Parlez-nous du Bagatelle Dam. Bien que les travaux doivent s’achever en décembre de cette année, la construction de la station de traitement n’a pas encore démarré étant donné une affaire en cour…
Oui effectivement. L’affaire est en cour, c’est hors de notre contrôle. Nous espérons que ce sera résolu et que la station de traitement pourra être construite dans les temps. Cependant, nous avons un plan B : la déviation de l’eau vers la station de traitement de Pailles. Les tuyaux ont déjà été installés.
Un message aux clients de la CWA ?
Maurice est l’un des pays au monde qui consomment le plus d’eau. Nous avons un secteur touristique qui en consomme énormément également. L’eau est précieuse et est une ressource limitée. Il faut une prise de conscience des Mauriciens, ce n’est pas correct de critiquer la CWA for petty issues.
Nous travaillons dur, déjà dans plusieurs régions du pays où la fourniture d’eau a connu de grandes améliorations. Il y a d’autres facteurs qui expliquent pourquoi certains foyers ne reçoivent pas d’eau ; cela dépend de la topographie, du manque de pression. Mais de notre côté, nous avons ouvert les vannes. Nous avons l’intention de lancer une campagne de sensibilisation, en montrant notamment aux Mauriciens comment mieux utiliser et préserver l’eau.
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