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Dentifrice : qu’est-ce qui atterrit dans notre bouche ?
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Dentifrice : qu’est-ce qui atterrit dans notre bouche ?
La nouvelle est toute fraîche. Blendax «s’arrache» d’ici. La marque incontournable du paysage local a cédé la place à Dentamax, dentifrice Made in Mauritius, qui compte bien prendre racine. Une question, dès lors : que contient la pâte ? Les composantes inciteront-ils à rire jaune ? Réponses. (sources : pentibio.com, www.culture-generale.fr)
Direction la maison-mère de la Mauritius Cosmetics Limited (MCL), à Bonne-Terre. À l’accueil, sans fard ni artifice, le Chief Marketing Officer de Deramann Group, une des filiales de la MCL. À 23 ans, Aymeric Dookun a sûrement encore quelques dents de lait, mais aussi des dents de sagesse. À ses côtés, Dan Dhawotal, chimiste aux dents jaunies par le tabac et Daryl Dabeesing, Assistant Marketing Manager, sourire d’enfer. L’heure est à la visite guidée.
L’on démarre, toutes dents dehors, par l’entrepôt, où les matières premières, comme le silica (voir plus loin) sont mises en quarantaine. Les fournisseurs sont principalement étrangers. Des échantillons seront expédiés au laboratoire, où ils seront analysés, histoire de voir si les normes de qualité sont respectées. De ce côté-là, les critiques n’auront pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Une fois le feu vert du labo obtenu, les matières premières sont expédiées au release goods area, pour le pesage, notamment. Intervient ensuite le mécanisme du Batch Production Record (BPR). Pas la peine de grincer des dents, il s’agit, en gros, d’appliquer la formule, de la préparation des machines et d’entamer le procédé de fabrication.
Hors d’haleine, l’on arrive ensuite dans la salle contenant les cuves. On ne nous demande pas de nous déchausser mais d’enfiler un bonnet-de-douche-de-sécurité. C’est dans des bouilloires taille XXL que se fait le savant mélange. Pour ce qui est du dosage, motus et bouche cousue. «C’est notre formule secrète», souligne Dan, en arborant un sourire en coin.
Une fois prêt, le dentifrice part ensuite dans des tubes, faits de deux couches de plastique à l’extérieur et d’aluminium à l’intérieur, pour éviter toute altération chimique, notamment, et pour protéger de la chaleur. Ils prennent dès lors le chemin des cartons et, par la suite, de la distribution.
Minute, évitons la rage de dents. Que contient, concrètement, notre pâte dentifrice dans ce cas précis ? Les noms barbares et les détails ci-dessous :
- Aqua : ben, de l’eau.
- Sorbitol : agent humectant, plastifiant, sert à entretenir la peau.
- Hydrated silica : acide silicique (agent abrasif facilitant le brossage, absorbant, opacifiant, contrôle la viscosité).
- Sodium Lauryl Sulphate : Laurylsulfate de sodium (dénaturant, agent émulsifiant, tensioactif, pour faire de la mousse. Il est responsable de notre altération du goût après le brossage).
- L’arôme : vous ne pensiez tout de même pas qu’il s’agissait de vraies feuilles de menthe ?
- Xanthan gum : gomme de xanthane (épaississant, pour conserver l’élasticité et éviter la sédimentation du dentifrice, stabilisateur d’émulsion, contrôle aussi la viscosité).
- Sodium fluoride : fluorure de sodium (hygiène buccale, agent anti-plaque).
- Sodium saccharin : sodium saccharin (pour l’hygiène buccale, agent masquant).
- Sodium phosphate : phosphate de sodium (ralentit la minéralisation de la plaque dentaire, permet éviter la formation de tartre).
- PEG-6 : Polyethylene Glycol (structurant).
- Trisodium Phosphate : stabilisateur de pH (d’où l’utilité de se laver les dents pendant l’attaque acide).
- CI 77891 : Dioxyde de Titane (E171 – blanc) colorant cosmétique.
ON A GOÛTÉ POUR VOUS
Vendredi matin au réveil. L’haleine de dragon est au rendez-vous. Un bâillement de hyène plus tard, direction la salle de bains, pour tester le dentifrice offert par l’équipe d’Aymeric Dookun.
Côté emballage, le tube fait un carton, les couleurs vives attirent l’oeil mal réveillé. Plutôt bonne pâte. Le bouchon se dévisse facilement, heureusement. Il cède la place à un opercule. L’enlever n’est pas chose facile, point de languette pour faciliter la tâche, point d’excroissance au niveau du bouchon qui permette de le percer. Dentamax minus one point.
Ne reste plus qu’à y creuser un trou d’un coup de ciseaux. La brosse est prête. Ses poils s’apprêtent à recevoir le dentifrice. Étalons la pâte. Blancheur immaculée, texture épaisse et consistante, légèrement râpeuse, parsemée de granules bleu-vert. Ça mousse. Ça mousse un max. Dentamax plus one point.
Le goût ? Fruité, mentholé, forcément, agréable en bouche. Le «strong mint» fait son petit effet… La sensation de fraîcheur y est. Tant mieux pour l’haleine de chacal. Et les dents, plutôt contentes.
Les origines
Si l’on en croit des manuscrits anciens, l’on retrouve des traces du dentifrice (mélange de sel, de poivre, de feuilles de menthe et de fleurs d’iris) aux alentours du IVe siècle avant J.C. Ainsi, les Égyptiens, puis les Romains, se frottaient les dents à l’aide d’une poudre pour purifier leur haleine. C’est d’ailleurs aux Romains que l’on doit le terme dentifrice (dentifrictium), de dens, la dent, et fricare, frotter.
Au fil du temps et dépendant des régions, l’homme a utilisé des mélanges de plantes (menthe), d’alun, de cendre, d’argile, de bâtonnets de cannelle ou encore des racines pour améliorer son hygiène bucco-dentaire.
Au début du XIXe siècle, la brosse à dents était utilisée avec de l’eau uniquement, mais peu à peu les poudres ont gagné du terrain, la plupart étant fabriquées à la maison. Les ingrédients les plus courants ? La craie, la brique pulvérisée et le sel. Dès 1900, l’on passa à une mixture contenant principalement du bicarbonate de soude, transformé en pâte en y ajoutant une solution de peroxyde d’hydrogène.
Des pâtes dentifrices préemballées ont été commercialisées pour la première fois au XIXe siècle, mais n’ont réussi à surpasser la popularité de la poudre dentifrice fabriquée à la maison qu’avant la période de la Première Guerre mondiale.
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