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La semaine vue par Gilbert Ahnee

24 février 2016, 12:02

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 15 février

Krishna Luchoomun, créateur :  seulement faire chanter et danser mais aussi faire réfléchir et comprendre le monde. mission pour nos élus…

Réinventer l’espace

Crazy ? Imaginez un constructeur automobile qui, lorsqu’il vous vend une voiture, vous fournit aussi un coupon qui vous permet de faire le plein gratuitement tant que la voiture est en état de circuler. À partir de l’achat de ce véhicule, plus jamais vous ne payerez l’essence qu’il consommera. Eoula, aret revé kamarad ! Ce n’est pas un rêve. C’est exactement ce que fait l’industriel américain Elon Musk. Son dense réseau de Superchargers en Amérique du Nord, en Europe et, dans une moindre mesure, en Asie de l’Est permet de recharger rapidement – et gratuitement, on l’a dit – les voitures électriques de la marque Tesla. Une véritable innovation et fort susceptible de générer aussi un écosystème radicalement nouveau.

Plutôt que de la voir comme un élément déstabilisant notre zone de confort, sommes-nous capables, culturellement, à l’île Maurice, d’envisager l’innovation comme un gamechanger à rechercher et à accueillir ? Au moment où des figures connues du monde des affaires expriment leurs réserves au sujet du déplacement des activités administratives de Port-Louis, le ministère de la Fonction publique, lui, revient avec le projet de Flexitime. Cela était pertinent il y a 20 ans. Cela le serait-il vraiment aujourd’hui ? Ne serait-on pas mieux avisé de basculer vers le numérique ? Quitte à disposer, dans chaque Citizens’ AdviceBureau, d’un guichet de service pour ceux ne disposant pas d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone.

Il ne suffit pas de raccourcir les temps de déplacement. Il faut aussi réduire l’empreinte écologique de nos actes administratifs.



Mardi 16 février 

Si le CCID ne connaît pas la loi, les procédures, comment peut-il conclure qu’on y a contrevenu ? Le HRDC rembourserait-il les formations ?

Quelle technologie ?

Riding the wave. Le Central Electricity Board est à nouveau dans l’actualité, pour son projet – pas encore mis en oeuvre – d’accroître la disponibilité de bande passante à travers l’île. Cela, parce que les pylônes à haute tension comportent aussi des conduits en fibre optique. Destinées à la télésurveillance et, dans certains cas, au relevé à distance de la consommation, ces capacités de transmission de données sont largement sous-utilisées. D’où l’intérêt pour le CEB de les commercialiser. Mais ce n’est sans doute pas cela le plus stimulant.

Le plus stimulant, au point de rencontre des transmissions de données numériques et d’énergie électrique, ce n’est pas l’existence – somme toute accessoire – d’un câblage parallèle en fibre optique. Le plus challenging intellectuellement, le plus économique aussi, notamment chez l’abonné, ce sont les courants porteurs en ligne (CPL)/Power LineCommunication. De quoi s’agit-il ? C’est assez complexe maiscela peut aussi être simplifié. Le courant électrique qui nous provient, disons, d’une batterie, se propage dans une seule direction. On parle alors de courant direct. Celui auquel nous avons accès dans nos maisons, nos bureaux, du réseau du CEB, change de direction entre 50 et 60 fois par seconde. Le courant est alors alternatif, sa fréquence entre 50 et 60 Hz. Pour les CPL, on superpose au courant alternatif à basse fréquence un signal à haute fréquence mais de faible énergie. Et c’est ce signal qui porte et module les données numériques. We’re extensivelywired ! Sans vraiment le savoir. Smart grid ?



Mercredi 17 février

C’est Dev V. qui le dit : DNR est «le leader incontournable du PTr». Qui compilera un recueil des multiples avis ex cathedra de Monsieur V. ?

Les voix tracées

Plateau de lexpress.mu. Faut l’admettre, il passe bien. Être de quelque part, d’un pays, d’un quartier, c’est être capable de supporter la vulgarité propre à ce lieu. Se reconnaît-on MMM lorsqu’on n’est plus choqué à chaque fois que Bérenger place son signature word ? Doit-on le rappeler ? Cela provient du mot de Cambronne. À force de l’entendre dans la bouche de cet homme, on finit par s’y faire mais évitons les interprétations abusives. Toutefois, que la diffusion soit hertzienne ou online, face à une caméra, l’homme démontre une aisance et un savoir faire assez exceptionnels.

Dans sa posture d’opposant, reprenant largement les préoccupations et les réserves de la société civile, Bérenger est assez convaincant. Il n’est pas nécessaire, en effet, d’être grand stratège pour savoir qu’on obtiendra de l’audience en dénonçant les retraits de trois figures de proue du MSM de la Bramer Bank, les «divagations» de Vishnu Lutchmeenaraidoo ou «so Anil Gayan ek so RaviRutnah». En revanche, pour ce qui est de l’avenir, pour ce qui relève plus des statistiques électorales que d’un moralisme autogratifiant, Bérenger writes off Ramgoolam mais pas le Labour. Tout en déclarant que son parti ira seul. Laissant au comité central le soin d’annoncer l’identité de l’homme fort du futur quinquennat.

Ah l’avenir ! Rien que parce qu’il est le seul député à se mettre à son clavier pour proposer une tribune à ses compatriotes, saluons le jeune élu mauve Adil Ameer Meea. Un futur leader ? L’intelligence collective le dira.



Jeudi 18 février

Madam Speaker nous le dit haut et fort : elle est, elle, une personne droite, qui n’aime pas les dettes. Pa roder bout, roder write off…

De quel héritage ?

Where’s the charter ? Diplômé de l’université de Chicago, enseignant à Stanford et, depuis quelques années, à la New York University, l’économiste américain Paul Romer a développé un modèle théorique de la croissance – dite endogène, intégrant la recherche, la connaissance et l’innovation. Il a aussi conceptualisé la stratégie des CharterCities, soit de villes nouvelles, bénéficiant des investissements et du savoir-faire de pays plus avancés, destinées à constituer des poches d’excellence et de rule of law dans des pays dont ce n’est pas la norme. «ACharter City is a city-scale reform zone wherea startup city could emerge», déclarait Romer à une publication économique de Hongkong, voici un an. Réserves permises, dont celles provenant du sentiment d’être au-devant d’un projet néocolonial. Mais une affirmation de l’économiste, lors de sa visite chez nous en 2008, doit être prise à la lettre : Maurice ne connaîtra pas de saut qualitatif sans une vraie expérience urbaine. Incontestable !

Rassurons M. Bhadain : l’idée de créer une ville – ou plutôt d’en favoriser l’émergence – là où la géographie le suggère et l’espace le permet, cette idée est excellente. Mais, aujourd’hui, une ville se construit autour d’un projet de convivialité, de divers pôles – culture & loisirs, sports, consommation, rituels, apprentissages – favorisant la socialisation. La configuration de l’espace urbain, la mobilité étant, elles, tributaires des technologies, dont celles du spatial.

On ne peut pas faire une ville en trois ans. Trop grand projet pour être réduit aux urgences d’un quinquennat.



Vendredi 19 février

Beeharry et Neerbun. Moralement vainqueurs dès le début, les deux désormais soustraits à l’arbitraire. À l’avenir, aura-t-on des normes ?

A governance mall ?

Erreurs à ne pas répéter.En 1996, à l’innovant Caudan Waterfront créé par Project and Development (PAD) Ltd, bras entrepreneurial de la MCB, legouvernement choisit d’opposerson espace, de marquer, lui aussi, son terrain. A travers la State Property Development Co Ltd, l’Etat créa son Port-Louis Waterfront – vous savez, de l’autre côté, là où vous oubliez d’aller. La partie que Naila Hanoomanjee tente aujourd’hui de faire revivre, victime ces dernières années d’une lente agonie. Imaginez ce qu’aurait pu être notre rade historique entièrement ceinturée par un vivant espace commercial et convivial. Si nous étions capables de faire ensemble plutôt que de montre banla…

En voyant où on veut situer notre Capitole et son cortège de tours administratives, on se surprend à souhaiter que ce ne soit pas encore de la délimitation symbolique de territoire. Où l’Etat opposerait sa grandeur de jure à celle defacto du projet d’aménagement de territoire, dans cette même région, d’ENL Properties. Avec le risque qu’on reproduise, dans 20 ans, la comparaison déjà effectuée au Caudan. Entre un pôle effectif d’activité économique et un mouroir à capitaux.

Nous invitant à «être très inventif sur l’organisation de l’espace», ledirecteur de l’Ecole nationalesupérieure d’architecture (Ensa)de Nantes fait valoir, dans uneinterview cette semaine à l’express, que Maurice «est une seule métropole moyenne», ce qui devrait nouspermettre de «créer un espace magnifique». Combien d’emplois portlouisiens pourraient êtredé localisés à domicile, convertis au télétravail ? Première question…



Samedi 20 février 

Dans l’équation «Smart», l’université est un asset. Dans notre comptabilité du sous-développement, cela serait-il une liability ? Triste !

La guerre du baril

Alignement. Saudi News Agency, reprise par CNN,annonce que Maurice seraitl’un des quelque 20 participantsaux manoeuvres militaires –War Games – accueillies parl’Arabie saoudite. Vu nos accords stratégiques et de défense avec l’Inde, il nous faudrait gérer, au niveau diplomatique, notre participation à une affirmation impériale, aux côtés du Pakistan, du plus gros exportateur de pétrole au monde. Mais s’il n’y avait que cela…

… Il y a aussi que l’Arabie saoudite, selon un rapport de 2014 du Institute of StrategicStudies, a un budget militaire de 80 milliards de dollars, 10 % de son PIB, le troisième poste de défense au monde. Le pays dispose de 440 000 soldats, d’une marine de guerre de 30 000 hommes et d’une aviation de même taille, comptant des chasseurs américains et européens et des hélicoptères de combat. Cela suffirait amplement si Riyad pensait qu’une solution militaire peut venir à bout de Daech et du terrorisme, raison officielle avancée pour justifier cette convocation de petits camarades pour jouer à la guéguerre…

Plus grave : qui, au sein de notre gouvernement fera comprendre à Showkutally Soodhun a) que les sanctions économiques contre l’Iran ont été levées; b) que le dégel des réserves à l’étranger de Téhéran lui vaut quelque 150 milliards de dollars; c) que Maurice a intérêt à diversifier ses sources d’approvisionnement pétrolier; d) que notre secteur financier pourrait avoir une offre intéressante pour ce pays longtemps coupé des circuits de l’argent ? Évitons de lui déclarer guerre froide.