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Brinda Hurnauth-Ramnarain, enseignante d’anglais au Mahatma Gandhi Institute : Redynamiser l’enseignement avec peu de moyens
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Brinda Hurnauth-Ramnarain, enseignante d’anglais au Mahatma Gandhi Institute : Redynamiser l’enseignement avec peu de moyens
Faire en sorte que chaque enseignant s’approprie une salle de classe et en fasse son univers afin que les élèves s’imprègnent de cette ambiance… C’est l’une des petites actions que cette jeune femme conçoit lorsqu’elle parle de redynamiser l’enseignement.
Il est possible de redynamiser l’enseignement avec peu de moyens. C’est la conviction de Brinda Hurnauth- Ramnarain, enseignante d’anglais au Mahatma Gandhi Institute (MGI) et bénéficiaire du Hubert H. Humphrey Fellowship Program. La compilation de poèmes qu’elle a récemment réalisée devrait être suivie par d’autres visant à aider les enseignants dans leur approche et leur faire promouvoir des aptitudes du 21e siècle.
Réduire le nombre d’élèves à une vingtaine par salle de classe pour permettre à l’enseignant d’offrir un cours plus structuré et personnalisé, faire en sorte que chaque enseignant s’approprie une salle et en fasse son univers afin que les élèves s’imprègnent de cette ambiance…
Ce sont autant de petites actions que cette jeune femme conçoit lorsqu’elle parle de redynamiser l’enseignement.
Il faut dire que cette Beau-Bassinoise est la benjamine d’un enseignant d’anglais aujourd’hui à la retraite mais qui continue à donner des cours particuliers. Ce qui pourrait expliquer que, dès son plus jeune âge, sa langue de prédilection ait été l’anglais. Mais elle dit n’avoir jamais subi de pressions pour privilégier une filière au détriment d’une autre.
C’est au Lorette de Rose-Hill que Brinda Hurnauth-Ramnarain fait ses études secondaires jusqu’en FormV, ses 12 unités lui ouvrant les portes de la Form VI au collège Maurice Curé. Elle décide en fin d’études qu’elle veut transmettre l’amour de l’anglais au plus grand nombre. La meilleure façon de le faire est de devenir enseignante.
Après un stage de quelques mois comme Junior Copywriter à l’agence Circus, elle se fait admettre à l’université de Maurice où elle décroche son Bachelor of Arts en anglais. Dès qu’elle termine, elle est recrutée comme enseignante au MGI. Là, elle s’évertue à faire en sorte que ses élèves utilisent sa classe comme plate-forme de réflexion et de développement personnel. Une approche qui n’est pas la norme. «J’aime innover. L’éducation n’est pas stagnante. Je ne suis pas là que pour enseigner à partir d’un manuel mais aussi pour (…) rendre l’apprentissage intéressant et amusant.»
Elle entame son cours de Post Graduate Certificate in Education auprès du Mauritius Institute of Education mais le stoppe en cours de route car la Mauritius Broadcasting Corporation fait appel à elle comme présentatrice à mi-temps des bulletins d’informations en anglais. Un travail très prenant qui lui pompe 30 heures par semaine. Pour ne pas stagner, Brinda Hurnauth-Ramnarain prend un cours de E-Teaching auprès de l’université d’Oregon, aux États-Unis.
L’enseignement à l’américaine
Membre de l’English Speaking Union, elle entend parler du Humphrey Fellowship Program destiné aux professionnels dans les pays en développement. Intéressée, elle fait une demande et obtient une bourse. C’est ainsi que cette jeune femme s’envole pour la Pennsylvanie en août 2014. Basée à la Pennsylvania State University, elle se retrouve avec neuf autres boursiers dans la catégorie éducation. Elle découvre l’enseignement à l’américaine qui repose entre autres sur l’accès à Internet, sur l’interactivité et l’incitation à participer à des activités inspirées des cours.
«Cette année aux États-Unis m’a élargi les horizons. J’ai non seulement suivi des cours mais j’ai aussi visité plusieurs écoles, assisté à des classes, échangé avec des enseignants et des élèves. L’Amérique m’a boostée encore plus.» En sus de recevoir un certificat signé de la main du président Barack Obama, elle a obtenu une attestation pour le travail social effectué.
À son retour à Maurice, elle déborde d’idées pour son environnement professionnel. Un dynamisme qui se heurte à une réalité autre… «C’est frustrant car si l’on veut donner une éducation efficace, on doit utiliser tous les médiums. J’ai appris des techniques (…) mais c’est impossible à mettre en place en raison de l’absence de connexion Internet dans les écoles.»
Brinda Hurnauth-Ramnarain essaie tant bien que mal d’influencer les autres enseignants pour qu’ils ne se contentent pas d’enseigner la leçon du jour. Elle comprend toutefois leurs contraintes, soit un programme d’études à boucler dans les délais impartis et la préparation aux examens.
La librairie Le Printemps a pris contact avec elle pour qu’elle réalise une compilation de poèmes pour les élèves des Form I à III. Elle ne s’est pas fait prier. Cela a donné AWalk Down Poetry Lane, qui comprend des poèmes d’auteurs classiques comme William Blake, William Shakespeare et d’autres auteurs littéraires plus contemporains comme John Ronald Reuel Tolkien ou encore le rappeur assassiné Tupac Shakur qui était poète à ses heures.
«J’ai voulu amener les jeunes à découvrir les poèmes classiques et contemporains. Cette sélection de 35 poèmes est le reflet de mes recherches et de mes préférences. J’ai choisi des poèmes véhiculant des messages», dit-elle en précisant par exemple que le poème The rose that grew from concrete de Tupac Shakur parle de faire face à l’adversité, d’en tirer les leçons et de grandir, tout en étant différent des autres. «Ces poèmes parlent d’amitié, d’amour mais aussi de valeurs comme le courage, l’intégrité.»
Elle ne s’est pas contentée du texte et de questions mais y a aussi inclus des activités à faire par les élèves. «Par exemple, un poème d’Isaac Watts s’appelle Kind Deeds. L’activité incite les élèves à accomplir une bonne oeuvre pendant une semaine et de raconter ensuite en classe ce que cela leur a fait d’aider bénévolement des gens. Ou encore mener des activités qui intéresseraient l’apprenant du 21e siècle comme les graffitis littéraires ou le slam.» Cette compilation de poèmes est déjà utilisée dans les cinq écoles du MGI et devrait logiquement faire son entrée dans le programme d’études du secondaire l’an prochain.
Cette jeune femme a énormément de projets en tête. Notamment organiser à intervalles réguliers des ateliers de travail qui permettraient aux enseignants de réactualiser leurs connaissances, dans un cadre décontracté sans pression d’examens, ou encore créer un site Web à leur intention où ils peuvent échanger. «Il y a des tas de choses que l’on peut faire pour les motiver à faire encore mieux leur travail d’enseignants, pour les faire se dépasser. Ces petites choses peuvent contribuer à faire changer la culture dans les écoles.»
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