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Sachin Jootun: «Nous allons investir dans des équipements à hauteur de Rs 20 à Rs 25 millions»

2 mars 2016, 14:51

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Sachin Jootun: «Nous allons investir dans des équipements à hauteur de Rs 20 à Rs 25 millions»

D’ici un mois et demi, la Mauritius Film Development Corporation (MFDC) disposera d’équipements pour les tournages, selon Sachin Jootun, le directeur. Des professionnels viendront pour la formation des techniciens locaux.

 

Malaisie, Chine, Inde, Berlin, France, etc. Les voyages s’accumulent à la MFDC…

 

Le but de ces voyages est multiple. Il s’agit, dans un premier temps, de voir comment ces pays travaillent et quel est leur budget. C’est à partir de ces données que nous pouvons améliorer la situation à la MFDC. D’autre part, quand nous voyageons, nous promouvons le tourisme en vendant Maurice comme une destination de tournage. Nous sommes également à la recherche de coproductions avec les pays étrangers. Le but est qu’en venant chez nous, les producteurs se servent de 50% de leur logistique et 50% de la nôtre.

 

Et si les compétences nécessaires sont inexistantes à Maurice? D’ailleurs plusieurs réalisateurs se plaignent de ce manque.

 

Dans ce cas, nous demandons aux cinéastes étrangers de donner la chance aux Mauriciens de participer aux tournages afin qu’ils puissent avoir une certaine expérience et de former les autres par la suite. Avec le concours 7 Day Challenge et celui récemment lancé au niveau intercollèges, nous avons une banque de données de talents dans laquelle nous pouvons puiser pour les coproductions avec les pays étrangers.

À ce jour, quelles sont les retombées concrètes de vos voyages ?

 

L’année dernière, nous avons accueilli 84 tournages. Cette année, rien qu’en deux mois, nous en sommes déjà à 20 tournages. Les cinéastes sont venus de différents pays, dont le Japon et l’Australie. Il s’agit aussi bien de films que de documentaires. Et en avril, nous accueillerons des tournages indiens. J’ai accompli en six mois (soit depuis qu’il est à la tête de la MFDC, NdlR) ce que d’autres n’ont pu accomplir en neuf ans…

 

Mais encore…

 

Notre visite en Malaisie a fait que nous avons déjà accueilli le tournage d’un film malaisien. Un deuxième, réalisé par le fils du Premier ministre malaisien, est en voie d’être finalisé. Dans le cadre de coproductions avec les cinéastes chinois, le film Love in Port-Louis sera bientôt tourné.

 

Notre visite à Bombay, en Inde, l’année dernière, avec notre Premier ministre, a fait que nous avons pu rencontrer bon nombre de producteurs. Il y a dix ans, nous avions deux tournages de films indiens par mois. Mais d’un coup, cela s’est arrêté. Nous sommes allés en Inde pour savoir quel était le problème. Cette rencontre en face-à-face était essentielle. Nous avons compris que beaucoup de cinéastes se sont fait escroquer par des agents. Cela a projeté une image négative de notre île à laquelle il nous faut remédier.

 

D’autre part, nous ne disposons pas d’équipements adéquats. Ce qui fait que lors des tournages, ils sont obligés de venir avec leurs équipements et payer un fret de Rs 500 000. C’est décourageant. Comme nous visons des coproductions, nous nous sommes aussi rendus au Film Festival de Goa. Concernant les coproductions avec Maurice, les cinéastes internationaux ne pensent pas à nous. Ils visent plus haut, c’est-à-dire Bollywood et Hollywood. Nous aussi nous devons viser haut.

 

Nous avons parlé avec le Film commissionner de l’Inde et nous viendrons bientôt avec des projets de coproductions entre Maurice et l’Inde. Le 9 février, en compagnie du ministre des Arts et de la culture, Dan Baboo, nous nous sommes rendus à Berlin. Nous y avons rencontré des producteurs et réalisateurs du monde entier.

 

Nous avons compris qu’il y a des pays qui proposent 35%, voire 40% de Rebate Scheme alors que nous en proposons 30%. Un comité va se pencher sur cette situation et revoir le Rebate Scheme. À Berlin, nous avons rencontré Ulf Israel, le producteur du film Danish Girl. Nous lui avons proposé de venir tourner à Maurice. Il travaille actuellement sur un script. Il sera l’invité d’honneur de l’Award Night du concours 7 Day Challenge, le 25 mars. Lors de notre visite en France, nous avons entamé des pourparlers avec le Centre national de cinématographie.

 

Nous sommes en manque d’équipements et nous n’avons pas de formations adéquates. Quelles sont les solutions que vous préconisez?

 

Nous sommes en train d’acheter tous les équipements dont nous avons besoin pour les tournages. Nous ne visons pas seulement le tournage de films étrangers mais nous voulons également soutenir les producteurs locaux. Nous avons l’intention de commencer à tourner des séries locales. Nous sommes déterminés et nous avons beaucoup de talents.

 

Quel sera l’investissement accordé aux équipements ?

 

L’investissement sera conséquent, soit de Rs 20 à Rs 25 millions. Mais nous aurons tout ce qu’il nous faut… Même des caméras qui nous permettront de faire des prises aquatiques. Nous allons agrandir la MFDC avec des Editing Suites. Les réalisateurs locaux pourront aussi bénéficier de ces équipements. Si tous ces artistes, qui ont du talent, sont encouragés, ils pourront produire. D’ailleurs, nous avons déjà eu plusieurs requêtes. Je pense avoir plus de cinq scripts en attente. Je leur ai demandé d’attendre l’arrivée des équipements.

 

Vous avez déjà fait l’acquisition de ces équipements ?

 

Nous n’avons pas encore acheté les équipements mais je pense que ce sera fait d’ici un mois et demi. La demande a été faite au ministre des Finances.

 

Investir dans les équipements est bien, mais ne pensez-vous pas que la formation soit aussi nécessaire?

 

Mais il faut avoir les équipements pour pouvoir enseigner. Une fois que les équipements seront là, nous aurons une équipe de professionnels qui viendront pour assurer la formation des techniciens locaux. Ce sera l’accord que nous passerons pour l’achat des équipements.

 

La formation n’est donc pas une priorité pour vous ?

 

(Légèrement agité)La formation est importante. Mais pour moi, «si enn fizi na péna bal, kifer mo pou servi li». Mais quand nous avons les équipements, les projets et les plateformes, la formation viendra. Si j’offre des formations, ce sera parce qu’il y a une suite après, des plateformes où ils pourront s’exprimer.

 

Pourquoi donner des formations si on n’a pas de plateforme ? Nous sommes en train de créer la plateforme. Aujourd’hui, nous avons des sponsors et les films produits sont diffusés sur la Mauritius Broadcasting Corporation. Les gens qui viendront suivre la formation sauront qu’ils ont une plateforme et qu’ils auront du travail après.

 

Dans le passé, combien de formations la MFDC a-t-elle donné ? Mais what’s the result? Je ne peux pas me concentrer uniquement sur la formation. Il faut savoir où se situe le problème pour pouvoir trouver des solutions.

 

Mais là, ce sera la formation sur le tas ? Une formation professionnelle n’est-elle pas nécessaire?

 

Nous nous sommes tournés vers la South African School of Motion Picture Medium and Live Performance. Cette école est en attente de développements à venir.

 

Ne pensez-vous pas que la cinématographie, tout comme les divers médiums artistiques, aurait dû déjà être enseignée à l’école?

 

Je pense que oui. Parce qu’aujourd’hui, toute chose passe par la vidéo. Au lieu de faire un long discours où personne ne vous écoutera, vous faites une présentation vidéo de cinq minutes et le message est passé. La vidéo est un outil efficace. Le Nine-Year Schooling comprendra également le cinéma, qui ne deviendra peut-être pas un sujet principal mais optionnel. Mais ça, c’est au niveau du ministère que cela se passe.

 

Nous avons parlé d’équipements, de formations… Mais qu’en est-il des studios?

 

Nous avons une demande de l’Inde et une autre de Fox. Les procédures sont en cours et je pense que cela va aboutir très vite. De l’Inde, nous avons l’investisseur Rahul Kapoor qui pense à la construction d’une Film City où il y aura tout… Un hôtel, un faux hôpital, une fausse cour, de fausses routes et une fausse gare ferroviaire…

 

À ce moment-là, nous n’aurons pas besoin d’autorisation pour effectuer des tournages. Il y a des lieux tels les hôpitaux où c’est difficile d’avoir des autorisations de tournage. Avec cette Film City, tout cela sera simplifié. Demain, les réalisateurs pourront venir avec leur script uniquement et repartir avec leur film déjà prêt.

 

Où en sont ces projets ?

 

L’investisseur indien a déjà fait sa demande auprès du Board of Investment (BOI). Nous attendons la suite des procédures. Il était une semaine à Maurice. Il a vu deux emplacements, soit à Belle-Mare et à Palmar. Ce sont ces deux endroits qui ont la superficie nécessaire pour accueillir cette Film City, qui couvrira plus de 100 arpents. Il cherche également à construire un studio dans l’océan. Nous voulons une Film City au niveau international et donner toutes les facilités aux producteurs étrangers qui désirent tourner chez nous.

 

La demande de Fox est également à la BOI et son projet est en étude. Un représentant de la Fox est également venu à Maurice pour la construction d’un studio. «Nou pé al vit, mem tré vit.» Il ne faut pas oublier qu’une Film City est aussi une attraction et un pourvoyeur d’emplois.

 

Il a aussi été question d’un «Regional Hub». Qu’en est-il exactement ?

 

Toutes les îles de la région, c’est-à-dire les Comores, les Seychelles, Madagascar, la Réunion et Maurice, vont se réunir. J’ai déjà rencontré le ministre des Affaires étrangères Étienne Sinatambou. Je lui ai parlé du projet et tout est entre ses mains.

 

En mai, nous inviterons les Film commissioners de chaque pays pour une table ronde. Notre but est que chacune des îles puisse acheter les films produits dans la région. C’est encore une fois dans l’initiative de voir plus grand et avoir d’autres plateformes.

 

Nous avons de grands rêves. Mais pour l’instant, il semble que nous n’ayons que cela…

 

Il faut attendre les équipements…

 

Mais dites-nous, n’est-ce pas un peu se fier à l’œuf encore dans le ventre de la poule?

 

Nous avons envoyé un document détaillé au ministère des Finances et nous lui avons expliqué les retombées. Nous n’avons pas de doute que notre demande sera prise en considération. Vous savez quand nous avons eu le plus de tournage de films à Maurice? C’est quand la MFDC avait ses propres équipements. Nous avions tout mais ils ont tous été vendus. D’autres ont pourri dans la cour. Mais c’est bien aussi que nous devons tout racheter parce que la technologie a évolué et qu’il faut tout revoir. Il nous faut rester «up-to-date».

 

Cette industrie nous fera aller loin mais il nous faudra dépenser pour rehausser notre niveau. Car, pour l’instant, nous n’avons rien. Et puis, moi, je fais tout ce que je dis. J’ai un soutien avec mon équipe et le ministère. Nous avons une vision. «La mo pé bat so mo pé alé mem la.» Dans un an, nous devrons faire notre entrée sur le marché international. En octobre, pour le 30e anniversaire de la MFDC, je lancerai un long-métrage mauricien.