Publicité
Coupures d’électricité dans diverses régions: qui dit vrai?
Par
Partager cet article
Coupures d’électricité dans diverses régions: qui dit vrai?
Que s’est-il réellement passé mardi soir ? Une partie du pays, allant du Sud, en passant par l’Ouest, le Centre et Port-Louis jusqu’au Nord, a été plongée dans le noir pendant au moins une demi-heure. Privant quelque 30 000 foyers (NdlR : sur 435 000 abonnés) de courant. Délestage ? Le directeur général du Central Electricity Board (CEB), a, mercredi, attribué cette défaillance technique à des chauves-souris.
L’explication technique : c’est la ligne Henrietta–Case-Noyale–Combo, une des lignes de transmission les plus importantes du réseau du CEB, qui alimente le Sud, le Sud-Ouest, l’Ouest jusqu’à Port-Louis, qui est directement en cause. Mardi soir, cette ligne de 66 kilovolts (kv) est tombée en panne.
Résultat : la ligne n’a pu transmettre l’électricité produite par la Compagnie thermique du Sud (St-Aubin) et la Compagnie thermique de Savannah (La Baraque) – CTDS. Celle-ci est le plus gros producteur d’énergie indépendant avec une capacité totale de production de 74 mégawatts.
Automatiquement, trois gros moteurs de ces deux centrales sont sortis du réseau. D’où l’interruption de la fourniture électrique dans plusieurs régions. À commencer par celles alimentées par la ligne Henrietta–Case- Noyale–Combo. Par conséquent, d’autres régions ont été touchées par un délestage. Ce afin de pouvoir équilibrer la fourniture électrique.
En revanche, les raisons derrière cette panne divergent. «Cette ligne traverse des endroits boisés. Lorsqu’il y a des chauves-souris, elle devient plus fragile que les autres lignes. Cela n’a rien à voir avec la demande puisque celle-ci était plus faible ce soir-là que d’habitude», a déclaré le directeur général du CEB interrogé par l’express hier.
Ligne obsolète
Ce que réfute un ex-haut cadre du CEB : «Si des chauves-souris peuvent faire des dégâts pareils, l’on doit s’attendre à tout et à n’importe quoi. L’explication est que cette ligne obsolète, qui a causé pas mal de problèmes au CEB dans le passé, n’a pu tenir le fardeau de la production des deux centrales du Sud.»
Ainsi, avec la panne momentanée de mardi, le CEB a dû avoir recours au délestage. «La pratique, quand il y a un manque dans l’approvisionnement de courant, veut que le CEB coupe certains réseaux pour rétablir la balance. C’est ce qui est arrivé mardi soir jusqu’à la réparation de la ligne Henrietta–Combo», concède ici Gérard Hébrard.
Le CEB a également dû activer les turbines à gaz de secours de Nicolay. Comme elles rentrent sur le réseau plus rapidement que les centrales à huile lourde ou les centrales à charbon, elles ont pallié le manque de puissance. Jusqu’à ce que la ligne soit réparée dans la soirée de mercredi.
Une chose est certaine. Cette interruption vient remettre en question la qualité des lignes de transmission du CEB. Sont-elles entretenues et remises à niveau comme il se doit? À cela, Gérard Hébrard répond que le CEB est en voie de faire des travaux de renforcement du réseau.
Par ailleurs, depuis l’an 2000, le CEB a fait de lourds investissements dans un réseau plus performant de 132 kv pouvant alléger les autres lignes de 66 kv. Sauf qu’à ce jour, il n’est pas optimisé à 100 %. Quinze ans après, «le temps n’est pas arrivé pour passer à 132 kv. Nous ne sommes pas encore à ce niveau de tension», fait valoir le directeur général du CEB.
Ce qui amène l’ancien haut cadre à se demander : «Pourquoi donc avoir investi tant d’argent 15 ans de cela pour installer cette ligne de 132 kv ?» Le fait, poursuit notre interlocuteur, demeure qu’une des lignes de transmission du CEB n’a pu évacuer, mardi, l’électricité produite par ces deux centrales dans le Sud qui, elles, n’ont eu d’autre choix que d’avoir recours au tripping, c’est-à-dire, sortir du réseau. «Ce qui est très sérieux», dit-il.
Publicité
Les plus récents