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Brenda Thanacoody-Soborun: «Insuffler les bonnes pratiques du privé dans le parapublic»

19 mars 2016, 13:49

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Brenda Thanacoody-Soborun: «Insuffler les bonnes pratiques du privé dans le parapublic»

Elle a mis un an pour accepter de se prêter au jeu du portrait. «Je voulais d’abord observer pour mieux connaître les rouages de l’organisme, mieux les appréhender et commencer à mettre en place certaines choses avant d’en parler publiquement», explique Brenda Thanacoody-Soborun, directrice du Mauritius Examinations Syndicate (MES). Autre fait marquant chez cette femme de 36 ans: avec elle, il n’y a pas de faux-fuyant.

Oui, elle est pro-Mouvement socialiste militant (MSM) car elle a «grandi en voyant sir Anerood Jugnauth sortir le pays du gouffre de la pauvreté et le faire prospérer». De plus, elle a de l’admiration pour le leader du MSM parce que «Pravind Jugnauth est respectueux envers tout le monde, en particulier envers les femmes», chose qu’elle n’a pas notée chez les travaillistes.

En effet, aux dernières élections, bien qu’enceinte de sept mois, elle a fait campagne pour le MSM dans la circonscription de Souillac-Rivière-des-Anguilles. Région que Brenda Thanacoody-Soborun connaît bien car son père y demeure. Ce dernier a d’ailleurs été le cofondateur, recteur et manager du collège Thanacoody. Sur le moment, elle a certes été déçue de n’avoir eu de ticket mais «jamais le leader ne le (lui) avait promis». Mais, elle ne désespère pas: elle souhaite toujours faire de la politique active et être candidate aux prochaines élections. «Je veux travailler pour le pays mais ce sera la prérogative du leader, s’il veut que je sois sur le terrain ou pas, et je respecterai sa décision.»

Le poste à la tête du MES lui a certainement été offert par rapport à son engagement sur le terrain durant la dernière campagne électorale. Mais elle estime qu’il lui correspond bien car elle s’est spécialisée en gestion: elle détient une maîtrise en administration des affaires et a une certaine expérience dans l’éducation car pendant plus de trois ans, elle a géré le collège de son père.

Alors que ce dernier est originaire de Souillac et sa mère de Port-Louis, c’est à Curepipe que Brenda Thanacoody-Soborun s’est installée avec les siens. Après une scolarité primaire au Lorette de Curepipe, elle intègre le Queen Elizabeth College et opte pour les matières scientifiques car elle se voit bien enfiler la blouse de médecin. Mais la bourse d’études canadienne, qu’elle obtient avec son résultat final, ne lui permet pas de se lancer dans cette filière. Elle choisit donc les mathématiques et suit des cours à l’université York à Toronto, où elle obtient sa licence en sciences. «À ce moment-là, j’étais intéressée par le secteur de l’assurance ou bancaire.» Elle trouve un emploi en tant qu’assistante technique au sein d’une compagnie d’assurance canadienne.

Au bout d’un an, à son retour dans l’île, elle réalise que l’université de Birmingham offre des cours en vue d’obtenir un MBA. Brenda Thanacoody-Soborun saute sur l’occasion, tout en travaillant à La Prudence. Elle réussit l’examen final même si c’est son premier contact avec l’économie et la comptabilité. Après un bref passage à Accenture, elle accepte une offre d’Ernst & Young pour être consultante et auditeur. En parallèle, elle étudie la comptabilité au niveau de l’Association of Chartered Certified Accountants.

«Je ne suis pas là pour accuser Pierre, Paul, Jacques mais pour changer les choses. Je suis davantage une femme d’action qui va valoriser et exploiter les qualités des gens et trouver des solutions.»

En 2007, son père a de sérieux ennuis de santé et l’appelle à la rescousse au collège Thanacoody. Si au départ, elle enseigne un peu de mathématiques et s’occupe de la gestion, l’administration du collège finit par prendre tout son temps. Elle réussit à y relever le niveau et introduit aussi de nouvelles matières au programme d’études.

Après la vente du collège, Brenda Thanacoody-Soborun est recrutée par PricewaterhouseCoopers à la fin de 2013, par l’université Middlesex. Arrivent 2014 et les élections générales. Motivée par l’envie d’aider les gens, la population et le pays, elle veut faire de la politique active et demande à rencontrer Pravind Jugnauth. C’est un ami commun qui lui fait l’introduction. La suite, on la connaît.

Si son package salarial au MES est inférieur à celui qu’elle gagnait dans le privé, il y a plusieurs autres avantages. «En étant à ce poste, je me fais connaître du grand public. Et puis, il y a des privilèges associés à la fonction, comme être invitée à assister à des fonctions d’État, des choses qui ne seraient jamais arrivées si j’étais restée dans le privé.»

Ce qu’elle souhaite, c’est apporter un nouveau souffle au MES. «Je ne vais pas changer la façon de travailler mais, ici dans le public, on pense que lorsqu’on parle fort ou que l’on tape sur la table, les choses marcheront. Or, dans le privé, ce n’est pas comme ça. C’est le respect de l’autre qui fait marcher les choses. Il faut changer la façon de communiquer, les interpersonal and intrapersonal skills. J’ai commencé à faire des formations à ce sujet. Je ne suis pas là pour accuser Pierre, Paul, Jacques mais pour changer les choses. Je suis davantage une femme d’action qui va valoriser et exploiter les qualités des gens et trouver des solutions. Je veux arriver à rendre les équipes plus productives sans les fouetter, mais en les écoutant, en les valorisant et en les autonomisant.»

Le Nine-Year Schooling, que Brenda Thanacoody-Soborun qualifie de «bon début», représente un grand défi pour le MES. «La structure de certains départements devra grandir et le school-based assessment, qui se faisait en Form V et VI, doit être mis en place pour la cinquième, sixième et la Form III.» Elle revoit aussi l’infrastructure interne «où il y a beaucoup de manquements, surtout par rapport à la sécurité. Dans le privé, ce genre de structure est considéré comme basique. Ici, cela leur apparaît nouveau». Elle entend aussi faire de sorte à ce que le MES se conforme aux normes de qualité comme l’ISO 9001 et renforcer les liens entre ce corps parapublic et d’autres boards of examinations internationaux.

Elle n’a aucune intention de sevrer les liens avec Cambridge avec qui le MES entretient des relations depuis plus d’un siècle et dont la réputation de qualité n’est plus à faire. «Cambridge est reconnu à l’échelle mondiale. Nos jeunes sont appelés à travailler à l’étranger et le sceau de Cambridge est un gage de qualité. Au Canada, par exemple, on peut entrer à l’université avec un School Certificate. On a besoin d’une distinction reconnue à la fin d’un cycle.»

En quatre ans, pourra-t-elle accomplir tout cela ? «Quand je partirai, même si après quatre ans je n’ai pu changer les gens, j’espère pouvoir au moins les inspirer pour atteindre un de ces buts.»