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Ste-Catherine: Ils vivent à 23 dans le village hall

25 mars 2016, 10:42

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Ste-Catherine: Ils vivent à 23 dans le village hall

Nous sommes à l’entrée du village de Ste-Catherine, là où se trouve le centre communautaire. Il est presque onze heures et la cour grouille d’une activité inhabituelle. Des vêtements sont accrochés à une corde à linge. Un peu plus loin, quelques chemises et pantalons sèchent… sur la clôture. Le va-et-vient est incessant. Un homme s’arrête et, poussé par le besoin de se confier, nous invite à faire le tour du propriétaire. Car c’est ici qu’il vit depuis presque cinq mois.

Clifford Noël fait partie des 23 personnes dont les maisons ont été ravagées par un incendie, le 3 novembre dernier. Dès le lendemain, il a pris ses quartiers ici avec sa femme et son enfant.

À l’intérieur, une grande salle, trois tables sur lesquelles sont installés cuisinières et ustensiles. Des piles de vêtements sont entassées dans chaque coin de la pièce. Il y a aussi des matelas, un téléviseur et d’autres effets personnels. Et ils sont combien à occuper cette pièce? «Vingt-trois», lâche Clifford Noël.

«Nou pe priye kan nou pou retourn dan nou lakaz.»

Des pleurs se font entendre dans un coin de la salle. Il s’agit du petit Vince, deux mois et demi, qui est né le 4 janvier. Au moment de l’incendie, sa mère, Natacha, était enceinte. Cette nuit-là, elle a eu très peur pour sa santé et celle de son bébé. «Enn sanse mo zanfan pann gagn narien. Me mo gagn sagrin kan mo panse kuma mo garson inn ne linn vin ress ici dan sa sitiasion la. Nou pe priye kan nou pou retourn dan nou lakaz», lance cette mère qui souffre par-dessus tout du manque d’intimité : «Imazin ou, mo fek gagn baba mo pena enn lasam, nou pe bizin res ansam ek servi enn sel toilet ek sal de bain.»

Assise sur une chaise, Priscilla Maunick, l’air fatigué, ajoute : «Nou pa pe kapav dormi bien ditou. Ou imazin ou 23 dimun pe met matla pe dormi la. Gran dimun ek zenfan tou», dit-elle, avant de revenir à cette nuit fatidique du 3 novembre.

Vers 21 heures, cette nuit-là, Priscilla entend des cris chez sa belle-mère, là où le feu a éclaté. Heureusement pour elle, ses trois enfants passent les vacances chez un proche. «Nou tou ena lakaz tole ek kan difer la inn pran sa inn propaz partou.» Quatre maisonnettes sont ravagées par le feu. «Nou inn zis gagn letan tir bann dimunn dehor samem. Nou pann pran narien», se remémore Georgette Maunick, la belle-mère de Priscilla, qui est âgé de 60 ans. 

Georgette s’est installée dans le village hall avec son époux et ses quatre fils. Elle explique qu’il y a plusieurs années, ces familles avaient reçu leurs maisons du Trust Fund for the Integration of Vulnerable Groups. Aujourd’hui encore, il leur faudra compter sur l’aide du conseil de district et d’entreprises privées pour avoir un toit.

Générosité

C’est du reste ce qui leur permet de garder le sourire, dans de telles circonstances. Les habitants de la région ont aussi fait preuve de générosité. «Missie Sooben (NdlR, le président du conseil de district de Moka) pann kit nou ditou ek linn organiz enn don pou nou ek tou bann dimun inn byen contribyer pou done nou manzer, provision ek linz. Sa fer nou panse ki nou pa tousel», dit Alain Maunick, 58 ans.

Leurs nouveaux logements seront prêts d’ici à la fin du mois de mars. En attentant, les sinistrés essaient de coopérer pour rendre leur quotidien moins sombre.

Les enfants souffrent aussi de cette situation. «Kumadir ki a fer zot pe leve gramatin pe al lekol. Zot pa pe kapav aprann byen. Mem gran dimun pe gagn difikilte pou leve al travay», dit un autre réfugié.


Le conseil de district de Moka prend les devants

Au lendemain de l’incendie, Renganarden Sooben s’est rendu sur place avec une équipe. Se fiant au Local Government Act qui stipule que le conseil peut intervenir en cas de détresse ou d’extrême pauvreté, il débourse Rs 500 000 pour la construction de blocs d’appartements. Dans cette entreprise, le conseil de district a bénéficié de l’aide du National Empowerment Foundation, d’ENL Foundation, Lottotech, HSBC, Société Sawan et fils et World Knits. «Plusieurs personnes ont également fait des dons», note Renganarden Sooben.

C’est la compagnie BCE qui a obtenu le contrat pour la construction de ces logements de 50 m2, avec trois pièces, une petite cuisine, des toilettes et une salle de bains. Des appartements qui enchantent leurs futurs occupants.