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La semaine vue par Gilbert Ahnee
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La semaine vue par Gilbert Ahnee
Lundi 18 avril 2016
Mé vouzot oh, akot nou Bhai Showkut ? Retraite de silence, lui aussi ? Pas retraité tout court, quand même ! Revenez, vous nous manquez…
Seen to be done…
Perception. Rappelons la formule complète de Lord Heart : “Not only justice must be done but manifestly and undoubtedly seen to be done.” Au plus profond, est-ce bien ce que nous avons ressenti, ce lundi, en voyant s’actionner, comme les pièces d’une mécanique parfaitement huilée, les étapes successives de l’audience Gooljaury ?
Eoula, ki ou apé rod dir ? Narnié Misyé, narnié… nou koné, nous savons que nos tribunaux sont indépendants. Nous savons qu’il est tout aussi odieux d’imaginer que de suggérer que des magistrats pourraient se prêter à une coupable mise en scène. À plus forte raison à la mise en oeuvre d’une mystification transformant un ancien obligé de Ramgoolam en honorable repenti ayant payé sa dette envers la société. Presque un témoin de la poursuite idéal.
De toute évidence, quiconque connaît la culture de notre judiciaire, l’indépendance de notre parquet et de notre magistrature assise, refusera de croire qu’ils aient pu se prêter à ce qui ressemblerait à une machination. Tout au moins à une instrumentalisation coupable d’institutions dont le caractère imprévisible est une autre illustration de leur autonomie de décision et de leur indépendance.
Les gens qui savent, savent eux que notre justice n’agit pas aux ordres de M. Jangi, ni même d’un curieux DPP qui aurait décidé d’avoir, coûte que coûte, le scalp de Ramgoolam. Mais il y a aussi ceux qui ne savent pas, ceux qui sont aisément convaincus du pire, du plus médiocre, du plus méprisable. Il faudra que l’image dépoussiérée les rassure. Manifestly and undoubtedly.
Mardi 19
Désargentés, nul ne sait. Démonétisés, à coup sûr. Décrédibilisés aussi, minables députés d’opposition hurlant avec les marchands ambulants…
Leaders de l’opposition
Mao contre Liu Shaoqi. Au gouvernement, ce n’est point un secret, deux hommes ne cachent plus que leur opposition est une lutte à mort. L’un adopte le ton mielleux des télévangélistes de comédie pour nous sortir l’une ou l’autre niaiserie sur l’amour. L’autre, semblant plus sournois, la joue par défaut. C’est surtout ce qu’il ne dit jamais – mais ne cesse de suggérer – qu’il faut entendre. Sa page Facebook est devenue le babillard des émois que lui vaut ce qu’il voit faire mais que lui, grands dieux, jamais ne ferait. Oui, ça fait désordre, au point que bon nombre de compatriotes commencent à s’interroger quant à ce qui retient le Premier ministre, se demandant pourquoi il n’agit pas.
Ce pays attend des investissements étrangers pour soutenir sa croissance et créer des emplois attractifs et de qualité. A-t-on vraiment envie de placer ses capitaux dans une juridiction où les ministres des Affaires étrangères et de la Bonne gouvernance sont à couteaux tirés, l’un semblant vague et flou, si ce n’est délirant, à l’occasion de plus d’une de ses récentes déclarations. Si les prospects étrangers sont susceptibles de s’inquiéter, alors même qu’on leur a vendu la destination comme un havre de stabilité politique, les Mauriciens aussi voient les choses avec de plus en plus de suspicion.
Alors que la formule «quel que soit son niveau hiérarchique» de Lutchmeenaraidoo semble être un revers mettant en garde SAJ, on s’étonne de l’inaction de ce dernier. Est-il victime d’un chantage, d’une menace ?
Mercredi 20
En 24 heures, un ministre jusque-là fort discret est devenu l’espoir de tous. Et simplement parce que le Dr Husnoo a fait respecter la loi…
Smart sites…
Tohu-bohu général. Il y a un terme qu’il faudrait bannir de notre vocabulaire : Smart Cities. Il y a, en revanche, une aspiration que nous devrions tous porter : Smart Mauritius. Le terme à bannir est arrivé à dire tout et n’importe quoi, soit rien de très engageant, servant plus à la dérision et à l’invective politique qu’à une véritable mobilisation des idées susceptibles d’améliorer le vivre-ensemble. Quelques observations simples devraient nous permettre d’échapper au flou et au délirant.
1) Sauf s’il devenait impossible de lever des capitaux, personne ne pourra empêcher Omnicane, Médine, Trimetys ou encore ENL Property d’appeler Smart City telle facilité de networking en zone aéroportuaire, tel Knowledge Campus intégré, telle plateforme multiservices et multiloisirs adossée à un village balnéaire, telle montée en gamme de l’habitat au centre de l’île. Aucune de ces initiatives ne nous offrira la vraie ville à laquelle un pays moderne doit aspirer.
2) Seul Port-Louis peut pourvoir la charge d’histoire, la patine des pierres et des boiseries, la grâce des quartiers, une plateforme portuaire dynamisante, l’énergie d’habitants réels, etc. La régénération de Port- Louis, quoi qu’elle puisse coûter à terme, est un investissement qui paraît essentiel. Et on fera tout pour que la mobilité, la gestion des temps de déplacement, l’accès aux parkings, etc., soit le plus intelligent du monde. Really Smart.
3) On peut se passer de Heritage City. Évaluons plutôt le nombre d’employés, du public comme du privé, qui peut pratiquer le télétravail. Pensons l’espace, réinventons-le. Convivial et économe. Smart.
Jeudi 21
Il dit, menaçant, d’un critique de son bord : «li pa koné ki mwa». Après 35 ans de vie publique, quel talent, quel art de la dissimulation…
Benchmarking
Mise à niveau. Il peut être très éclairant de s’arrêter un moment aux régulateurs audiovisuels de pays connus. Et surtout aux personnalités choisies pour les animer.
Aux Etats-Unis, la diffusion audiovisuelle est régulée par la Federal Communications Commission. Dans la tradition américaine, c’est la Chairperson qui oriente vraiment l’action de l’institution. Depuis 2013, le poste est occupé par Tom Wheeler. Auteur de deux ouvrages, de nombreux articles de presse et blogueur, ce septuagénaire a travaillé et entrepris dans le secteur du câble et de la téléphonie.
En Grande-Bretagne, le régulateur est l’Office of Communications – Ofcom – qui est présidé par une ancienne productrice au service Open University à la BBC, également principale de Newnham College à Cambridge, Patricia Hodgson. Au quotidien, l’organisme est dirigé par une des stars montantes de l’administration britannique, Sharon White. Produit de Cambridge, économiste, cette ancienne diplomate de 49 ans a aussi été Perm Sec au Trésor, seulement la deuxième femme à ce poste.
La Telecom Regulatory Authority of India est, quant à elle, dirigée par Ram Sewak Sharma, détenteur d’une maîtrise de mathématiques du Indian Institute of Technology de Kanpur et d’une maîtrise en informatique de l’université de Californie. Ancien IT Secretary, son expérience du secteur est reconnue.
En France, après de fortes personnalités de la télévision telles que Michèle Cotta et Hervé Bourges, la présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel, l’instance régulatrice, est aujourd’hui confiée à un très haut fonctionnaire, Olivier Schramek, ancien secrétaire du Conseil constitutionnel.
Belles rencontres en perspective, Mlle Choomka.
Vendredi 22
Un National Wage Consultative Council Bill bientôt. Revenu minimal, salaire compensatoire. Gare aux E&O. Privé et public unis pour brûler…
Mahé de L. II
Si vif. Mais qui est le bachibouzouk, mille millions de mille sabords, qui vous incite à faire de notre Bhai Showkut votre tête de turc ? Qui vous fait croire, tonnerre de Brest, de St-Malo, de Port-Louis, que l’homme est gros feuille, épais, lent au déclic ? Alors que 48 heures lui ont suffi pour comprendre que son collègue Husnoo surfait trop triomphalement sur la vague d’enthousiasme provoqué par l’ordre rétabli dans la capitale. Du coup, notre Soodhun se ramène et nous annonce qu’il a pris «la responsabilité de revoir Port-Louis entièrement». Grand Manitou, Wakan Tanka et Grand Sashem, ayez pitié de nous, protégez notre bel héritage, soustrayez-le des griffes de ce bruiteur brouillon.
Il faut le dire et le répéter : le projetde revitalisation de Port-Louis doitêtre mené de manière exhaustive. Les pouvoirs publics doivent savoir y impliquer les divers regroupements de riverains qui animent encore certains quartiers portlouisiens. Si on travaille simultanément sur l’école, la connaissance, le patrimoine, le sport, les loisirs, la durabilité, si les arts et la culture sont placés au coeur de notre projet de convivialité, on a quelques meilleures chances de libérer l’énergie populaire requise pour redynamiser cet espace urbain. Faut-il d’un ministère de la Régénération urbaine ? Éventuellement, si on avait la garantie de pouvoir y placer Nando Bodha. Faute de le pouvoir, une direction technique – pas confiée à Mlle Choomka – suffirait. Mais vite. Histoire de renvoyer sans tarder Soodhun, cyclone ambulant, à ses chères études.
Samedi 23
À qui passe-t-il le témoin ? Risque-til le hors-jeu ? Gare à la double-faute ! Aura-t-il un podium, a-t-il touché l’or ? Notre YS du no 8…
Maintenant que fait-on ?
How de we handle it ? Quand un patient est atteint d’un cancer, on n’attend pas de s’être assuré de sa prise en charge postopératoire pour agir. à Port-Louis, le diagnostic était posé depuis des années déjà et on n’avait que trop tardé. Ceci étant, ces concitoyens, ces humains privés de leur revenu ne sont pas des cellules cancéreuses, ils ne sont pas condamnés à menacer d’autres secteurs d’activités de métastases mortelles. Moyennant qu’on envisage une stratégie d’intégration socio-économique, voire culturelle.
Pas de démagogie. Reste qu’il est troublant de comparer, d’un côté, les sommes engagées pour éviter un krach post-BAI et, de l’autre, l’absence d’engagement face à la crise sociale qu’annonce la mise au chômage – même partiel – de nos entrepreneurs des rues.
En échange du coût de leur régularisation, offrons aux colporteurs un engagement, une amnistie et un moratoire : trois ans au terme desquels ils s’engageraient à payer tous les impôts applicables à leur activité et à leur revenu. Ce commerce informel faisait aussi l’affaire de Mauriciens – à tous les niveaux économiques à dire vrai – trouvant leur compte à peu de frais. Quite à négocier avec le partenariat Manjoo-Daiso, peut-on étendre le réseau et la gamme de produits des 1-Dollar Shops à Maurice, y associant autant que possible d’anciens colporteurs de PL ? On préférerait y trouver une galerie d’art mais, en attendant un emplacement permanent, y a-t-il moyen d’utiliser le grenier comme halle, et halte, aux ambulants ? Plutôt que des désordres de rue.
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