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Habitants des NHDC: ces «mal-aimés»
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Habitants des NHDC: ces «mal-aimés»
La National Housing Development Company (NHDC) s’apprête à construire des résidences un peu partout à travers l’île. Mais des habitants des quartiers choisis pour accueillir ces appartements s’élèvent contre ce projet, estimant que cela va engendrer un problème d’insécurité et de délinquance, entre autres. Qu’en est-il au juste?
Une visite sur les lieux s’impose. Nous décidons d’opter pour une virée by night à Camp-Levieux. Les blocs d’appartements, reliés par des passages sombres, font penser aux longs-métrages se déroulant dans les «ghettos». Mais au lieu de trouver des hommes armés dans les rues, nous trouvons des jeunes qui «kas poz» car «péna rol».
Avant de nous décider à aborder des résidants regroupés en petites bandes çà et là dans les ruelles, nous faisons le tour du «quartier» pour finalement arriver à faire un brin de causette avec trois femmes en pleine conversation. Si elles sont d’abord surprises par notre démarche, elles finissent rapidement par se confier.
«La pollution sonore est un problème ici. Matin, midi et soir, certains nous cassent les oreilles avec leur musique», raconte Geneviève*. Et d’ajouter que des petits groupes de jeunes sous traitement de méthadone font parfois beaucoup de bruit avec «leur langage très fleuri». «Mais ils ne sont pas bien méchants.»
Y a-t-il des délinquants qui rôdent ? Non, nous dit-elle. «Sinon, je ne serais pas dehors à cette heure de la soirée avec ma fille. Je me serais enfermée chez moi», lâche Geneviève.
«AUCUN LOISIR»
Un peu plus loin, nous rencontrons quatre personnes qui, tranquillement assises sous un arbre, nous invitent à les rejoindre pour discuter des «difficultés du quartier». Harry* estime qu’il faudrait bien plus de patrouilles policières dans les environs pour assurer la sécurité des habitants, en particulier la nuit. Car même si la délinquance a diminué au fil du temps, elle n’a pas pour autant disparu. «Mais la police ne s’intéresse pas à nous, nous sommes comme des personnes rejetées et elle ne se préoccupe même pas de ce qui se passe ici.»
Charles* indique, pour sa part, qu’il a déjà fait une déposition à la police pour rapporter le vol de la batterie de sa voiture. «Les jeunes ne travaillent pas et traînent dans les rues. Parfois les receveurs d’autobus se font voler et j’ai déjà vu des gens se battre devant le poste de police. Ils n’ont pas peur», déplore-t-il.
Qu’est-ce qui explique cela ? Les jeunes de ce quartier ne sont pas suffisamment encadrés, répond Charles. «Ils sont livrés à eux-mêmes et n’ont rien d’autre à faire que de traîner les rues. Il n’y a aucun loisir pour les jeunes ici», fait-il remarquer. Pendant notre conversation, deux jeunes, visiblement sous l’influence de l’alcool, passent par là et nous récitent tout l’abécédaire des insultes mauriciennes…
Sur cette note, nous mettons le cap sur les résidences de la NHDC à La-Tour-Koenig. Nous nous arrêtons à la hauteur d’un petit groupe de jeunes. «Oui, c’est vrai, il y a des vols, de la délinquance. Mais nous ne comptons pas sur la police. S’il y a un souci, on se débrouille nous-mêmes», lance Benoît*. Le jeune homme en a visiblement gros sur le cœur: «Vous savez pourquoi vous nous trouvez dans la rue à cette heure? Il n’y a rien d’autre à faire ici, tout est en mauvais état. Il n’y a pas un terrain de foot approprié, un centre de jeunesse ou un petit terrain de pétanque. Il n’y a absolument rien ici!»
En même temps, un jeune homme qui, à première vue, ne semble pas respirer la forme, s’approche avec des billets de banque en main. Sous nos regards curieux, un autre jeune du groupe l’emmène un peu plus loin avant de s’en aller. Benoît rompt le silence: «Les jeunes ne sont pas dans le droit chemin car il n’y a rien ici. Nous sommes abandonnés et nous sommes tous pareils mais certains ont plus de problèmes que d’autres. Regardez autour de vous, ce jardin d’enfants est délabré depuis des années. Les enfants peuvent se blesser en allant y jouer…»
Point positif ? «Il y a des travaux de rénovation en cours et c’est tant mieux.» N’empêche que, soupire Benoît, «si nous allons demander un petit travail, ils refusent…»
CERTAINS NHDC «FONCTIONNENT»
Aux Casernes centrales, une source explique que des appartements de la NHDC n’ont aucun problème de voisinage. «Certains fonctionnent très bien, comme à Vallée-des-Prêtres et à Beau-Bassin.» Toutefois, concède-t-elle, il est vrai qu’un lieu abritant un nombre important de jeunes sans emploi peut devenir source de problème. Des groupes, dit-elle, ont tendance à se former et à tremper dans des activités illégales. «Les parents et les familles doivent assumer leurs responsabilités. Si chaque parent guide son enfant, il n’y aura pas de problème.»
LES CHANGEMENTS APPORTÉS AUX APPARTEMENTS DEPUIS JANVIER 2015
Depuis le début de l’année dernière, plusieurs changements ont été apportés au design des résidences de la NHDC.
1. La grandeur des maisons est passée de 39 mètres carrés à 50-55 mètres carrés.
2. La maison est constituée de deux chambres à coucher, contrairement à une seule auparavant, d’un salon, d’une cuisine et d’une salle de bains et des toilettes.
3. La construction en hauteur, c’est-à-dire comme des blocs d’appartements, n’est plus privilégiée. Chaque maison dispose d’une cour individuelle afin de respecter la vie privée de chaque famille.
4. Le bénéficiaire peut agrandir la maison selon les plans proposés par la NHDC, soit à l’étage soit horizontalement.
5. Provision est faite pour que chaque quartier résidentiel de la NHDC soit doté d’un jardin d’enfants, d’espaces verts, d’un boulodrome et d’une salle polyvalente.
6. Partenariat avec des organisations non gouvernementales et le secteur privé pour un encadrement du quartier résidentiel, que ce soit en termes d’activités sociales ou divers programmes de formation qui puissent contribuer à l’épanouissement des bénéficiaires.
* Prénoms modifiés
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