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Gandia: «Tous des hypocrites!»
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Gandia: «Tous des hypocrites!»
TNS Analysis a réalisé ce sondage à la demande de PILS. Dévoilé il y a quelques semaines, le rapport est passé inaperçu jusqu’à ce que le Premier ministre affiche sa fermeté contre toute forme d’assouplissement de la loi sur la consommation de cannabis. Ce sondage a été commenté, plébiscité et contesté dans un débat animé tenu le vendredi 13 mai à La Sentinelle entre médecins et avocats pro et anti dépénalisation.
À la question «Avez-vous au moins une fois fumé du gandia ?», 1 sondé sur 4 répond par l’affirmative. 15 % précisent ensuite avoir fumé au cours des quatre dernières semaines et se disent des fumeurs «réguliers». 37 % de ceux qui ont avoué avoir fumé au cours du mois précisent ensuite fumer une ou deux fois par semaine. L’étude classifie ensuite les consommateurs de gandia selon leur ethnie.
«L’alcool plus dangereux»
Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la population générale qui est le plus gros consommateur de gandia. Selon le sondage, 46 % de ceux qui avouent être des fumeurs réguliers sont des hindous, 35 % de la population générale, 15 % de musulmans, et 4 % de Sino-Mauriciens.
Les sondés ont ensuite été invités à classifier l’alcool, la cigarette et le cannabis selon leur perception de dangerosité. C’est l’alcool qui arrive en tête de liste avec 69 %, le gandia est deuxième avec 63% contre 61% pour la cigarette. Les usagers de ces trois produits ont tous avoué avoir augmenté leur consommation au cours de ces trois dernières années, celle du gandia a augmenté de 61 %, la cigarette de 57 %, et l’alcool 30 %.
36 % des 600 sondés pensent que le gandia n’est pas dangereux s’il est consommé en petite quantité, contre 33% qui pensent qu’il l’est. En ce qu’il s’agit de la loi, 70 % des sondés estiment que celle qui régit la consommation est «correcte» actuellement et qu’il ne faut pas la changer. Mais la particularité de ce sondage, c’est qu’il a testé la réaction des sondés face aux pratiques du Colorado, du Portugal, des Pays-Bas, de l’Uruguay (où le cannabis est soit légalisé ou décriminalisé, ou dépénalisé), et du Sud-Est asiatique (où la possession peut conduire à la peine de mort). Mis devant ces faits, 40 % de ceux qui estiment que les lois sur la consommation de gandia sont correctes, ont changé d’avis pour pencher en faveur d’un assouplissement.
L’échantillonnage de TNS Analysis
Lors du débat du vendredi 13 mai à La Sentinelle, Ravi Rutnah, avocat et membre de la majorité gouvernementale, a contesté la précision et la véracité de cette étude. Voici donc la méthodologie appliquée :
L’étude quantitative
• 600 entretiens face à face, en utilisant la technique «Assistance d’interview par ordinateur personnel» (CAPI), menés du 24 juin au 8 août 2015. La marge d’erreur selon TNS est de 4 %.
• La méthodologie «Population échantillonnage proportionnel (PPS)» a été utilisée pour constituer l'échantillon, sur la base de différentes zones, selon la classification du bureau central des statistiques.
• L'échantillon a ensuite été amendé pour être représentatif au niveau national en termes de sexe, groupe ethnique, groupe d'âge, groupe socio-économique.
L’étude qualitative:
Trois groupes de discussions ont été menés avec (i) les mères, (ii) les jeunes adultes âgés entre 18 et 35 ans et (iii) les adultes âgés entre 36 et 65 ans au cours de la période du 2 au 8 juin 2015. La composition des groupes a été mélangée en termes de sexe, groupe ethnique et profil socio-économique.
Autre étude : la répression coûte cher
En parallèle au sondage de TNS Analysis, PILS a aussi approché Straconsult pour une autre étude : le rapport coût-efficacité des lois actuelles sur la consommation. Il est basé sur les chiffres publiés par les autorités et «disponibles» en 2014.
L’étude révèle que les arrestations liées à la drogue ont baissé de 23,5 % entre 2008 et 2013. Par contre, les condamnations liées au gandia ont augmenté de 78 % entre 2011 et 2014.
Straconsult est catégorique : les consommateurs sont victimes de répression. Il arrive à ce constat en découvrant que 77 % des condamnations liées au gandia entre 2011 et 2014 sont pour possession et consommation contre 8 % seulement pour trafic, culture, ou importation. Parallèlement, les condamnations liées à l’héroïne ont baissé de 12,7 %.
Straconsult révèle ensuite que les lois actuelles ne sont pas efficaces d’un point de vue économique. En évitant les procès et les séjours en prison pour les délits liés au cannabis, l’État aurait sauvé 30 % de son Budget alloué au judiciaire, et 30 % de celui des prisons.
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