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Port-Louis: ces colporteurs devenus… ambulants pour de vrai
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Port-Louis: ces colporteurs devenus… ambulants pour de vrai
Depuis que la décision de délocaliser les marchands ambulants est en vigueur, les rues de la capitale se sont vidées… ou presque. En effet, si la plupart des marchands se sont installés à la place Decaen et la place de l’Immigration, certains défient toujours les autorités. Lors d’une balade dans les rues de Port-Louis, nous sommes tombés nez à nez avec quelques-uns qui tentent par tous les moyens d’écouler leurs produits.
Près du théâtre de Port-Louis, accoudé aux barrières en métal, un sac rouge volumineux à ses côtés, un marchand interpelle discrètement les passants. Rs 10 ou Rs 25 le sachet de pistaches. «Je suis ici ou de l’autre côté de la rue, il faut faire attention à cause des policiers», indique-t-il. Ses clients habituels le reconnaissent et s’arrêtent en le voyant, même ceux à moto.
«Nous ne sommes pas toujours là, mais prenez mon numéro. Si vous en avez besoin, vous pouvez nous appeler pour vérifier où nous sommes.»
La balade se poursuit. Direction la librairie Bonanza. Nous voyons deux femmes vendant des fruits confits sur un parking. «Nous ne sommes pas toujours là, mais prenez mon numéro. Si vous en avez besoin, vous pouvez nous appeler pour vérifier où nous sommes», nous disent-elles en nous tendant une carte de visite avec les informations écrites à la main.
Un peu plus loin, à côté d’un bâtiment visiblement abandonné, un marchand de dholl puri sert, lui, ses clients à l’abri des regards, en particulier du «radar anti marchand» de la police. À hauteur du magasin Li Wan Po, un vieux monsieur est debout, seul. Alors que nous nous approchons de lui, il nous sort le grand jeu: «J’ai des jus de fruits à l’orange et au tamarin. Vous en voulez?» Mais ils sont où les jus, puisqu’il n’a rien sur lui? Piqués par la curiosité, nous lui tendons l’argent. Il s’en va pour revenir, peu après, avec les jus à la main. Il semble que le bonhomme a trouvé une cachette pour que ses produits ne soient pas confisqués.
À la rue Bourbon, nous retrouvons deux autres marchands appuyés contre un mur. Ils guettent les clients potentiels. Et dès qu’ils en voient, ils sortent des vêtements de leur sac et se lancent dans un discours censé convaincre les passants.
À la rue Farquhar, certains sont plus téméraires que d’autres. À l’instar de ce marchand qui, malgré la présence d’un van de la police, essaie d’écouler ses pots de colle et autres babioles. «Rs 10 seulement», nous informe-t-il. Ses articles, il les planque sous sa veste.
C’est le même spectacle qui se joue à la rue John Kennedy, où nous croisons trois jeunes hommes croulant sous le poids des gros sacs posés sur leurs épaules. Vous voulez des légumes, des fruits? Un marchand énumère ce qu’il a en stock aux intéressés. Puis il disparaît quelques secondes, avant de revenir avec les marchandises.
Sollicité pour une réaction concernant les astuces que ces marchands ont trouvées pour poursuivre leurs activités, le lord-maire est resté injoignable. Pour sa part, Hydar Ryman, président de la Street Vendors’ Association, n’a pas fait de commentaire. En revanche, il a déclaré attendre une réponse de la mairie de Port-Louis concernant la proposition d’améliorer les deux sites à la gare du Nord et à la gare Victoria.
Pagaille à la place Decaen
Chaque jour vient avec son lot de problèmes à la place Decaen, à Port-Louis. Les colporteurs se battent pour y avoir une place depuis le début de la semaine dernière. Au total, 936 places étaient disponibles. Boudée il y a quelques semaines par les marchands ambulants, la place Decaen est maintenant entièrement remplie.
Le nombre de personnes qui y sont est supérieur à 1 000. Plusieurs marchands dont le nom ne figure pas sur les listes de la municipalité y ont déposé leurs affaires depuis le début de la semaine dernière. Ils expliquent qu’ils se mettent uniquement sur les espaces vides. «Lorsqu’un marchand ne vient pas, je me mets sur son emplacement. Parfois, nous sommes deux à se le partager», confie l’un d’eux. Le problème, selon les colporteurs officiels, c’est que souvent ces marchands «fraudeurs» empiètent sur le couloir et obligent les clients à faire des détours. Cela crée une véritable pagaille.
Suivant les plaintes reçues, les officiers de la municipalité et de la force policière ont commencé à inspecter les lieux. Une source du ministère des Administrations régionales affirme que ceux qui ne détiennent pas de permis sont sommés de quitter les lieux. Toutefois, ces derniers, estimant qu’ils ne squattent que les espaces libres, reviennent à chaque fois. Ce n’est qu’au début de juin que de nouveaux sites seront prêts.
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