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Surinam: Ameegah, la fille courage

19 mai 2016, 10:54

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Surinam: Ameegah, la fille courage

 

«Je veux pouvoir aller à l’école sans souffrir autant !» Tel est le cri de cœur d’Ameegah Paul. Cette jeune fille de 17 ans souffre d’un handicap. Elle se dit pénalisée par l’absence d’infrastructures telles des lampadaires, un passage pour piétons et des arrêts d’autobus dans le lotissement qu’elle habite. Ce qui l’a poussée à prendre les devants pour nous parler. Convaincue que raconter son calvaire à la presse est le dernier recours.

«Je souffre trop. Je suis la seule à vouloir faire ces démarches pour que les infrastructures de base arrivent à ce morcellement. Mon père est aveugle, moi handicapée. C’est ma mère seule qui s’occupe de nous deux», continue Ameegah Paul. En Form V au collège Keats, à Chemin-Grenier, elle fait de son mieux pour que son handicap physique ne l’empêche pas d’étudier normalement. Le visage sérieux et le regard au loin, elle réfléchit avant de se lancer. Même si elle a quelque mal à articuler, c’est avec patience et détermination qu’elle parle de son cas.

Sa vie a basculé depuis qu’elle est venue vivre au morcellement VRS, à Surinam, un an plus tôt. Se rendre au collège est littéralement devenu un parcours du combattant. À ce lotissement, il n’y a pas d’arrêts d’autobus. «Il n’y en a aucun dans les deux sens, on est loin de tout arrêt de bus, explique la jeune fille. Contrairement aux autres qui vivent ici, ma famille n’a pas de voiture. Je dois prendre le bus pour aller au collège. C’est très difficile pour moi.»

Elle se bat au quotidien pour y aller et réussir ses études, comme tout jeune de son âge. Son rêve est de compléter le cycle secondaire et d’étudier la comptabilité.

DÉMARCHES NOMBREUSES

Son père Silvio ajoute qu’il y a bien des aires de stationnement et que les arrêts d’autobus auraient dû avoir été aménagés depuis la création du morcellement. En sus, il n’y a pas de passage pour piétons sur le tronçon de route, ce qui s’avère dangereux.

«Si je demande au chauffeur ou au receveur de me déposer plus près du morcellement, ils me maltraitent et ils arrêtent l’autobus à l’arrêt normal», déplore Ameegah, qui essaie de cacher sa tristesse et son incompréhension face à de telles réactions.

L’absence de lampadaires est aussi déplorée. «Il arrive que je prenne des leçons particulières jusqu’à 18 heures. Avec l’arrivée de l’hiver, il fait sombre plus tôt et je dois marcher dans l’obscurité dans le morcellement, qui est bordé de terrains en friche», ajoute-t-elle.

Les nombreuses démarches entreprises auprès des instances ont fait chou blanc jusqu’ici. «Cet appel que je fais pour apporter ces infrastructures n’est pas pour mon seul bénéfice. C’est aussi pour tous ceux qui viendront y vivre car on n’est qu’un petit nombre à y habiter actuellement», dit-elle. Ce que confirme un simple coup d’œil aux alentours : plusieurs lots du morcellement sont effectivement à l’état d’abandon.