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Budget 2016-17: 12 pistes pour réduire la dette publique
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Budget 2016-17: 12 pistes pour réduire la dette publique
Quelles mesures prendre pour réduire la dette publique, qui s’élève actuellement à plus de 60 % du produit intérieur brut (PIB), lors du prochain exercice budgétaire ? Question à laquelle «l’express» a tenté de répondre, notamment en identifiant 12 pistes que le gouvernement pourrait explorer.
Supprimer le poste de vice-président
Le salaire du vice-président de la République a été revu à la hausse, à la suite du dernier rapport du Pay Research Bureau (PRB). N’empêche que ce poste laisse bon nombre de Mauriciens perplexes. L’État a-t-il réellement besoin d’un vice-président ? Pour des observateurs, ce poste est surtout honorifique mais ne rapporte pas grand-chose, voire rien, à l’État. D’ailleurs, lors d’un point de presse en décembre dernier, le député du PTr, Shakeel Mohamed, a qualifié cette fonction de «superflue».
Ne pas augmenter le salaire des ministres (sauf en cas de productivité)
Après le dernier rapport du PRB, le salaire des ministres a été revu à la hausse, passant à Rs 192 millions, Rs 288 000 pour la présidente de la République et Rs 282 000 pour le Premier ministre. Nous sommes d’avis que le salaire des ministres ne devrait pas être augmenté, sauf en cas d’une meilleure productivité.
Changer les modèles de voiture des ministres
Ils utilisent tous de grosses cylindrées de plus de 2 000 CC d’une prestigieuse marque de voiture allemande, dont les prix tournent autour des Rs 2 millions. Bien que ces véhicules soit achetés en duty free, il n’en demeure pas moins que leur entretien coûte cher. Sans compter les frais de carburant, qui s’élèvent à plusieurs millions de roupies. Une des solutions qui pourrait être envisagée serait de se tourner vers des véhicules moins gourmands en carburant, telles les voitures hybrides.
Réduire le nombre de ministères, de corps parapublics et de postes superflus
Plusieurs organismes parapublics sont créés, semble-t-il, pour asseoir un nouveau conseil d’administration, un nouveau Chief Executive Officer, de nouvelles voitures, quelques emplois, de nouvelles possibilités de voyages et des per diem… Mais force est de constater que les résultats sont faibles, voire inexistants. Et que ces organismes seraient plus performants s’ils étaient privatisés, totalement ou en partie. Par exemple, le Tobacco Board ou encore les centres de fitness.
Autres idées : réduire le nombre de ministères, de parlementaires, d’ambassadeurs, de Parliamentary Private Secretaries et de voyages. Faut-il un ministère des Coopératives et des entreprises qui coûte Rs 280 millions par an ? Reforme-t-on la fonction publique pour Rs 672 millions par an (1 008 employés y sont engagés) ? En avons-nous pour notre argent en dépensant plus d’un milliard de roupies par an aux Affaires étrangères (344 employés, dont 71 en poste à l’étranger – avec 23 ambassadeurs) ? Le ministère de l’Agro-industrie est-il efficace ? (2 583 employés y travaillent, plus de1 265 autres employés dans six corps parapublics tombent sous la responsabilité de ce ministère. À titre de comparaison, le secteur sucrier emploie 13 200 salariés.)
Favoriser le ciblage au lieu des rentes et subventions «universelles»
Pension de vieillesse, subventions sur le riz, la farine, l’écolage, la santé gratuite... Il s’agit là d’octroyer des subventions à ceux qui en ont vraiment besoin, au lieu d’appliquer la même politique à tous. Si ceux qui peuvent payer le font, l’État aurait alors plus d’argent pour s’occuper de ceux qui en ont vraiment besoin. Rappelons que le ciblage était un des projets de Pravind Jugnauth lorsqu’il était ministre des Finances en 2004, sous le gouvernement MMM-MSM. Projet qui a fini par être mis au frigo pour des raisons politiques. Pravind Jugnauth compte-t-il le réanimer lors du prochain Budget ?
Meilleure gestion des médicaments
Le rapport de l’Audit est catégorique : la gestion des médicaments est un véritable problème pour le ministère de la Santé. En novembre dernier, l’express faisait état de Rs 105 millions de médicaments périmés. La principale raison : une méthode de gestion des stocks archaïque, celle-ci n’étant toujours pas informatisée. À quand donc une «smartisation» de notre système de santé ?
Arrêter le projet de tablettes gratuites dans les écoles
C’est l’un des plus gros fiascos, voire le plus gros flop, des projets éducatifs mis en place depuis ces dernières années. Et pour cause, ce sont plusieurs millions de roupies des fonds publics qui ont été perdues dans ce projet. Quelque 21 600 tablettes avaient été distribuées, pour un montant total de Rs 140 millions, en mai 2014.
Judiciaire : recouvrement des arriérés
Avec des arriérés de Rs 59,8 millions pour l’année financière se terminant au 31 décembre 2014, selon le dernier rapport de l’Audit rendu public l’année dernière, le judiciaire aurait tout à gagner s’il parvenait à récupérer les arriérés sur ses revenus. Il s’agit aussi de mieux gérer les projets de rénovations et de constructions afin de rester dans les délais et ne pas augmenter les coûts.
Policiers suspendus : meilleure gestion des cas
Rs 211 millions. C’est le montant total des salaires payés à des policiers suspendus de 2010 à 2014. De plus, les procédures pour le traitement de ces dossiers prennent des mois, voire des années, et ce malgré la mise sur pied d’un Fast-Track Committee. L’État aurait tout à gagner en traitant ces cas dans les plus brefs délais, au lieu de payer des policiers suspendus qui ne rapportent, au final, rien.
Rénover le système de distribution d’eau dans le pays
C’est un problème qui a été à maintes reprises évoqué. Entre tuyaux percés, mauvaise gestion des ressources et compteurs défectueux, ce sont plusieurs millions de roupies qui partent… à l’eau. Un tuyau pour le gouvernement : fermer le robinet des dépenses en eau afin de garder les finances à flot.
Éliminer ou simplifier les lois et pratiques inutiles
Maurice recèle plusieurs pratiques et cadre légaux qui coûtent non seulement du temps, mais aussi, et surtout, de l’argent qui aurait pu être utilisé à meilleur escient. À titre d’exemple : la charge provisoire. Si l’on parvenait à réduire son utilisation, voire l’éliminer, cela permettrait de faire des économies de temps, de personnel et donc d’argent. Autre exemple : pour obtenir une licence pour vendre de la bière, il faut obtenir l’aval de la Tourism Authority, des services de la police et des Fire Services, ainsi que du conseil de district et de la Mauritius Revenue Authority. Est-ce bien nécessaire ?
Éliminer la bureaucratie et rendre les fonctionnaires «accountable»
Autre piste : remplacer la bureaucratie qui est dépendante des lois trop détaillées, et qui font que les fonctionnaires ne sont que rarement «accountable», comme sous la Public Officers’ Act, par des systèmes qui rendent les employés d’État plus directement responsables et guidés par des objectifs et principes généraux au lieu de «guidelines» trop rigides. Un exemple : l’Australie a remplacé il y a quelques années des milliers de règlements pour les maisons de retraite par 25 principes de base, dont ceux d’établir un «homelike setting» ou encore d’assurer «privacy and dignity». Les «experts» s’en sont moqués ! Or, un an après les maisons de retraite étaient jugées matériellement meilleures.
AZAD JEETUN, ECONOMISTE: «FAVORISER LE RETOUR SUR INVESTISSEMENT»
<p>Pour l’économiste Azad Jeetun, ce n’est pas forcément un problème que la dette publique d’un pays soit élevée, tant que l’investissement public contribue à une activité économique plus accrue. Et qui aurait un impact positif sur le pays. «Il faut qu’il y ait un retour sur investissement, qui va aider à accroître le revenu et aider à repayer la dette», souligne-t-il. De plus, éliminer quelques postes ne rapportera pas beaucoup à l’État, selon lui. «Il faut analyser le problème dans sa globalité et prendre des mesures à cet effet. Comme se focaliser sur la productivité, avoir une meilleure gestion des ressources, définir des priorités claires et savoir oû injecter l’argent public, entre autres», explique Azad Jeetun. L’économiste fait aussi ressortir que l’investissement privé est en baisse et, qu’a contrario, l’investissement public est en hausse. Dans ce cas de figure, précise-t-il, l’investissement public devient complémentaire. «Le gouvernement devrait aussi revoir ses priorités. Est-ce que, par exemple, c’est son rôle d’investir dans la MauBank, qui est, au final, une entité à visée commerciale ? Si elle ne concernait que les PME, là on comprendrait que l’objectif est social. Mais tel n’est pas le cas de cette banque dont les activités dépassent ce cadre.»</p>
POURQUOI FAUT-IL RÉDUIRE LA DETTE PUBLIQUE ?
<p>Essentiellement, c’est afin de pouvoir dégager des ressources financières pour des projets nécessaires, comme les infrastructures (routes, ponts, drains, eaux usées, etc.), une connexion Internet plus performante (est-ce normal que ce soit le travail de Mauritius Telecom ?), des écoles plus performantes, une santé publique plus à la page des dernières technologies, de meilleurs salaires pour des techniciens clés, etc. Et non PAS pour des projets de prestige comme des palais présidentiels ou Heritage City.</p>
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